Dans le but d’informer et d’engager un dialogue autour des droits des personnes handicapées et leur pleine participation au vote sur la base de l’égalité avec les autres citoyens au Mali, l’ONG ‘’Journalistes pour les Droits Humains’’(JDH) au Mali, a organisé une table ronde le jeudi 20 février 2020 à la Maison de la Presse.
Placée sous le thème : « Vote au Mali : quelles difficultés et solutions pour les personnes handicapées ? », cette table ronde était présidée par Mohamed Aboubacrine Ag Mohamed Aly, Directeur adjoint de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, représentant son ministre, avec à ses côtés, Mme Rokiatou Diakté, représentante de la Fédération Malienne des Associations des Personnes Handicapées et l’Administrateur de la Maison de la Presse, Mahamadou Talata Maïga, en présence des représentants de plusieurs associations de la société civile.
Suite aux dernières échéances électorales qui se sont déroulées au Mali, d’importantes contraintes et difficultés liées au droit de vote ont été relevées et rapportées par des missions d’observations électorales.
Selon la mission d’observation électorale de l’Union Européenne, 37% des Bureaux de Votes n’étaient pas accessibles aux personnes à mobilité réduite. De plus, indique la mission, le droit au secret des électeurs non-voyants n’est pas assuré par un vote assisté.
C’est eu égard de ces résultats, que ‘’Journalistes pour les Droits Humains’’ en collaboration avec plusieurs partenaires a initié cette table ronde pour réunir les acteurs concernés afin de trouver des solutions à ces problème à travers des échanges. Lesquels échanges, estime l’organisation, vont favoriser une meilleure participation des personnes handicapées à la vie politique et publique. Ce qui permettra de contribuer au rehaussement du taux de participation des personnes vivant avec un handicap
Dans son intervention, la représentante de la Fédération Malienne des Associations des Personnes Handicapées, a regretté la non implication des personnes handicapées dans les prises de décision les concernant.
« Le plus souvent on appelle d’autres personnes pour parler en notre nom. Personne ne peut parler au nom des personnes handicapées. Quelque soit ton analyse, ton expertise, ta connaissance du domaine, tu ne le vis pas dans ta chaire. C’est comme une femme qui n’a jamais mis un enfant au monde, elle ne peut pas parler de maternité. Ce sont des choses auxquelles nous sommes confrontées tous les jours » a-t-elle déclaré.
Expliquant les difficultés des personnes handicapées dans leur quotidien surtout leur inaccessibilité des centres de vote lors des échéances électorales, elle soulignera que les besoins varient en fonction du type de handicap de la personne. « On n’a pas les mêmes besoins, l’albinos n’a pas les mêmes besoins qu’une personne qui est dans un fauteuil » a-t-elle précisé.
Ensuite, elle a invité les autorités maliennes à mettre en œuvre des dispositions nécessaires pour que les personnes handicapées puissent avoir l’accès facile aux moyens de déplacement. Pour elle, Il ne s’agit pas seulement de dire aller voter, mais il faudra mettre en place les moyens qui leur permettent de se déplacer. « Les personnes handicapées qui votent sont très inférieures par rapport à celles qui ne votent pas, cela est dû à l’inaccessibilité des bureaux de vote surtout dans l’isoloir » a-t-elle laissé entendre.
Des propositions fortes !
En termes de solutions pour une meilleure participation au vote et à la vie publique des personnes handicapées au Mali, document a été présenté par Dr Ibrahim Sangho, président de l’Observation pour les Elections et la Bonne Gouvernance au Mali-Observatoire, chef de mission du Pool d’Observation Citoyenne du Mali (POCIM).
« Les conditions sont réunies pour faciliter l’accès des personnes vivant avec un handicap aux lieux de vote et leur permettre de voter librement. Les procédures, les équipements et les matériels électoraux doivent être appropriés et accessibles aux personnes vivant avec un handicap. Les services et équipements sociaux de base mis à la disposition du public doivent être adaptés aux besoins des personnes vivant avec un handicap. Les moyens de transport, les quais, les gares, les espaces publics et toutes les infrastructures de transport sont conçus, adaptés et exploités en tenant compte des personnes vivant avec un handicap » a déclaré le chef de mission du POCIM.
Selon Dr Sangho pour une meilleure participation de ces personnes à la vie publique, l’article 5 de la même Loi stipule que les personnes vivant avec un handicap bénéficient d’une protection particulière de l’Etat, des Collectivités territoriales, des familles et des autres personnes morales, publiques et privées.
En plus, il a souligné que l’Etat assure la protection et la sécurité des personnes vivant avec un handicap dans les situations de risques, de conflits, de crises humanitaires et de catastrophes.
De son côté, le Directeur adjoint de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, représentant son ministre, a rappelé que le 7 avril 2008, le Mali a ratifié la Convention Internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées.