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Fissure dans les renags des enseignants grévistes: Pourquoi Adama Fomba sera lâché
Publié le lundi 24 fevrier 2020  |  la preuve
Marche
© aBamako.com par A S
Marche des enseignants
Bamako, le 6 mars 2019 les enseignants ont marché pour réclamer des primes
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Chez les syndicats d’enseignants signataires du 15 octobre 2016, ce n’est plus la grande entente
autour des mots d’ordre de contestation. En cause, le départ annoncé du Snec, ce regroupement
syndical à grosse potentialité revendicatrice, du bloc des syndicats d’enseignants, engagé dans
une épreuve de force avec le gouvernement sur l’application de l’article 39 de leur statut
particulier. La philosophie du Snec est fondée sur la nécessité de conciliation entre le droit de
grève des enseignants et le devoir d’instruction des enfants. Un choix édicté par le sens profond
de l’éthique dans la revendication syndicale…
Pour beaucoup d’observateurs de l’école, il ne pouvait en être autrement: un mouvement syndical
comme le Snec ne peut pas user son prestige d’antan, en tant que syndicat historique dans la promotion
des droits des enseignants, dans des grèves perlées, répétitives et prolongées, allant jusqu’à
compromettre le droit à l’éducation des enfants, cet autre principe cardinal qui fonde l’essence même de
la fonction enseignante.
En faisant usage de cette philosophie suprême, qui incarne l’essentiel même de la mission éducative de
l’enseignant, le Snec n’a pas hésité à alerter ses désormais ex-alliés de la synergie des enseignants
signataires du 15 octobre 2016 sur son intention de se retirer de la fronde syndicale, caractérisée par
des grèves qui n’en finissent pas de s’éterniser et qui risquent de compromettre dangereusement l’année
scolaire.
C’est le Secrétaire général du Snec qui en a fait l’annonce. C’était dans une lettre d’explication qu’il a
adressée au porte-parole des syndicats d’enseignants, dans laquelle il met en garde contre le caractère
intransigeant de la fronde syndicale contre le droit à l’éducation des enfants.
Au-delà du fait qu’il s’agit d’un coup dur contre la cohésion de ce bloc syndical qui a toujours tiré sa force
de l’unité d’action de ses membres, il est clair que ce retrait du Snec de cette mouvance syndicale est de
nature à fragiliser l’action des grévistes qui sont aujourd’hui contraints et forcés de revoir leur copie.
Certes, les responsables du Snec ont essuyé sur les réseaux sociaux des attaques de toutes sortes,
frôlant souvent la décence morale et intellectuelle, tant les invectives et les insultes gratuites ont pris des
allures abjectes, mais ces derniers, vu le contexte historique et la grandeur de leur corporation
syndicale, n’avaient pas autre choix que de se démarquer de ce qui ressemble à une destruction en
règle de l’école.
Le Snec est un syndicat, appartenant à une grosse coalition mondiale; l’internationaliste de l’éducation,
représentée dans plus de 170 pays avec plus de 300 adhérents, qui ne peut pas se donner le luxe de
saccager son prestige syndical, en se montrant intransigeant face à des revendications syndicales, au
point de compromettre tout l’édifice qu’est l’école.
Après 10 jours de grève suivie de 14 autres jours de grève; le tout couronné par une grève de 20 jours,
on voit plus nettement le caractère sauvage de la grève des enseignants d’enseignants, lesquels ont pris
cette position tranchée après voir refusé littéralement les propositions de la partie gouvernementale qui
n’a pas dut tout fermé la porte des discussions.
Dès lors, il n’est pas soutenable, pour les responsables d’un syndicat historique, comme le Snec, qui
participe à tant d’actions de promotion en faveur de l’épanouissement humain, à travers l’éducation et la
culture, de se radicaliser au point de compromettre l’avenir des enfants par des grèves perlées, dont la
seule finalité, on le voit, est de déstabiliser le système éducatif, pour la pérennité de laquelle les
enseignants, en tant maillon important, ont un grand rôle à jouer.
C’est donc pour ne pas perdre son prestige et son aura internationale que le Snec s’est démarqué de
toute action visant à détruire l’école. Il n’en a pas le droit d’autant qu’il est convaincu que le droit de la
grève est un droit reconnu pour la conquête de la promotion des travailleurs, pour laquelle il a tant
contribué, mais également que le droit à l’éducation est un impératif politique et constitutionnel qui fonde
l’action syndicale.
L’intransigeance syndicale, on le voit, n’est pas de mise. Et cette tendance du tout pour le tout devra se
poursuivre au sein des syndicats d’enseignants, il est certain que le porte-parole de ce mouvement,
Adama Fomba, court le risque de se retrouver tout seul, abandonné par les siens, même les plus
irréductibles. Car, au-delà des invectives et des polémiques sur le comportement des uns et des autres,
l’intransigeante dans l’action syndicale des enseignants est mal perçue, et même très mal perçue au sein

de l’opinion publique qui ne comprend pas toujours cette hostilité syndicale dès lors qu’il s’agit aussi de
préserver le droit de l’enfant, l’avenir de la nation.
Le Snec a donc donné une leçon de responsabilité syndicale et historique à l’ensemble des frondeurs.
Responsabilité qui doit être appréciée comme telle, plutôt que se lancer dans des invectives stériles et
non appropriées, débouchant sur des attaques personnelles. Il n’est pas exclu que d’autres syndicats de
la synergie puissent emboiter le pas à ce syndicat des enseignants qui n’a fait que juste appréciation de
l’action syndicale qui doit, elle, viser à améliorer les conditions de vie des travailleurs, tout en consolidant
les fondements du système éducatif dont la pérennité permet à tous les acteurs de mieux s’épanouir…

Oumar KONATE/La Preuve
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