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Réinsertion: rente viagère pour la CMA
Publié le mardi 25 fevrier 2020  |  Info Matin
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de signature de l`accord de paix par la CMA
La CMA a signé l`accord de paix et réconciliation le 20 Juin 2015 à Bamako
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Entre le porte-drapeau de ceux qui bloquent le Mali et l’emblème de ceux qui affirment vouloir le sauver, le CMA révèle le visage hideux de l’arrivisme et de l’opportunisme le plus abject par une instrumentalisation préoccupations des populations à des fins purement personnelles.

e recours à cet artifice d’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger apparaît de plus en plus inéluctable pour mettre un terme au spectacle peu reluisant que joue la Coordination des mouvements armés (CMA). Les Maliens scrutent avec attention et dépit ce spectacle de la première session ordinaire du Comité Directeur de la CMA, tenue les 13, 14, 15 et 16 février 2020, à Kidal, qui conclut : ‘’le processus de DDR doit s’effectuer concomitamment avec la prise en compte de la question de l’intégration des cadres de la CMA au sein de la fonction publique de l’État et la réinsertion socio-économique des jeunes et des femmes’’.

L’on notera bien le plaidoyer pro domo : l’intégration des cadres de la CMA au sein de la Fonction publique de l’État.

L’on notera également une usurpation de privilèges octroyés aux populations du Nord, en vertu de l’article 6 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger qui stipule : ‘’assurer une meilleure représentation des populations du Nord du Mali dans les institutions et grands services publics, corps et administrations de la République’’.

Il y a une manipulation éhontée de l’Accord dont aucune des dispositions ne fait mention de l’intégration des CADRES de la CMA dans la Fonction publique de l’État.

Il y a manipulation, parce qu’aucune disposition de l’Accord pour la paix et la réconciliation ne stipule une concomitance de l’intégration des CADRES de la CMA et le processus de DDR.

Il y a manipulation même sur l’objet, parce que l’intégration concerne les anciens combattants, soit au sein des Forces de défense et de sécurité, soit dans la vie civile, appelée réinsertion. Dans les l’un comme dans l’autre cas, les CADRES de la CMA ne sont pas pris en compte.

En fait, il y a une exploitation tendancieuse de l’article 20 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger qui stipule : ‘’l’intégration et le DDR se déroulent au fur et à mesure du cantonnement des combattants pour, soit l’intégration au sein des corps constitués de l’État y compris au sein des forces armées et de sécurité, soit la réinsertion dans la vie civile. Le DDR concernera les ex-combattants cantonnés qui n’auront pas bénéficié de l’intégration’’.

La similitude entre ce qu’a retenu le Comité directeur de la CMA et la première phrase de l’article 6 de l’Accord est si vraie qu’elle pourrait abuser de n’importe quel esprit non averti. Le subterfuge consiste à créer une concordance entre ‘’processus de DDR’’, ‘’la concomitance’’ (dans les conclusions de la session) et ‘’l’intégration et le DDR’’, au fur et à mesure’’.

Mais en voyageant dans les subtilités de l’article, il ressort qu’autant l’intégration que le DDR concernent les ‘’combattants’’ et les ‘’ex-combattants’’. Donc, en aucune manière les CADRES de la CMA ne peuvent être concernés par l’intégration (dans la Fonction publique de l’État) parce qu’ils ne logent dans aucune des deux catégories de combattants pré-cités.

Par contre, par le truchement d’une discrimination positive l’Accord permet d’‘’assurer une meilleure représentation des populations du Nord du Mali dans les institutions et grands services publics, corps et administrations de la République’’. Les CADRES de la CMA sont-ils représentatifs des populations du Nord ? Que nenni. Alors, qu’est-ce qui explique ce regain d’intérêt pour les postes dans la Fonction publique de l’État ? En réalité, point de séquence impromptue ; la CMA, depuis les pourparlers inter malien d’Alger, garde le cap, mais aussi le tempo. Le plan avait été tiré. Les revendications de développement de la région de Kidal, les nombreux morts, dont le sang, madéfi n’est qu’escabelle. La finalité n’était que de tirer la part léonine des dividendes de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Les jérémiades, les plaintes et complaintes, ne sont, dès lors, qu’à analyser sous le prisme d’un opportunisme immonde. L’extrapolation d’une disposition de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, par la CMA, jette une lumière crue sur son trait singulier de rentier, provoquant une forte envie de dégurgiter. C’est blasant.

PAR BERTIN DAKOUO
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