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Mopti/Abandon des check-points : Boubou Cissé lance un ultimatum, les «donsos» posent des conditions
Publié le mercredi 26 fevrier 2020  |  Le Tjikan
Cérémonie
© aBamako.com par AS
Cérémonie d`ouverture de la Journée Minière et Pétrolière du Mali
Le Premier Ministre Dr Boubou Cissé a présidé le 12 Novembre 2019, la Cérémonie d`ouverture de la Journée Minière et Pétrolière du Mali.
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Le Premier ministre Dr. Boubou Cissé a effectué une série de visites et d’échanges directs avec les communautés et les autorités de la région de Mopti, ce weekend, après de récentes attaques. Durant sa tournée, le chef du gouvernement a annoncé des mesures fortes, dont le redéploiement de l’armée et la fermeture des postes de contrôle du groupe Dan Na Ambassagou, mouvement d’autodéfense qui a été officiellement dissout par son prédécesseur à la tête de la primature. Selon les informations recueillies par nos sources sur place, de son retour a Ogossagou attaqué au lendemain du départ des FAMa, le Premier ministre, après avoir constaté des barrages sur le tronçon, aurait ordonné la suppression de ces check-points tenus par les Donso. Et arrivée à Fiko, le PM aurait instruit à la hiérarchie militaire de cette localité qu’il ne faudrait plus voir ces check-points. Il leur aurait donné cinq (5) jours pour la suppression de ces postes de contrôle.

Dans un communiqué publié le dimanche 23 février, le chef d’Etat-major général du mouvement Dan Na Ambassagou, Yacouba Toloba, a affirmé que c’est avec beaucoup d’amertume qu’il a appris l’intention du Premier minister, Dr Boubou Cissé, de vouloir supprimer les check-points tenus par les éléments du mouvement d’autodéfense Dan Na Ambassagou, lesquels postes sont installés sur RN16, communément appelée route du poisson. Elle relie Sevaré, Bandiagara, Bankass et Koro à la frontière avec le Burkina Faso. Il a fait savoir que le retrait de ses éléments est conditionné au remplacement de ceux-ci par les forces armées maliennes. « Nous prenons acte de la décision du Premier ministre et la seule condition qui nous fera quitter ces lieux serait la présence des FAMa», peut-on lire dans le communiqué.



Cet avis est partagé par plusieurs observateurs dont certains sur place. Certains estiment que cette mesure va certainement contribuer à grossir les rangs de l’État islamique qui écume déjà le centre du pays. Car les hommes de ce mouvement d’autodéfense jouent un rôle déterminant dans la sécurisation des personnes et de leurs biens, même s’ils reconnaissent l’existence des éléments incontrôlés de certaines milices. D’autres pensent que ces postes ont été créés pour pouvoir permettre aux populations de survivre, car l’État a failli à ses missions, et les populations de ces zones étaient laissées à leur sort.

En effet, l’objectif de cette visite de Dr. Boubou Cissé, 7ème du genre, est de s’imprégner de visu des réalités du terrain et tenter de donner les réponses immédiates aux difficultés des populations de cette localité.

Partout où le Premier ministre s’est rendu, les populations lui ont exprimé leurs priorités et leurs attentes qui portent sur le rétablissement de la sécurité, l’amélioration de leurs conditions de vie, l’accès permanent à l’eau potable, aux centres de santé. Dr Boubou Cissé a réitéré l’engagement du gouvernement à tout mettre en œuvre pour garantir la sécurité des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire. Dans cet engagement pris concernant spécifiquement la région de Mopti, il y a un plan de redéploiement qui est déjà en cours et des instructions fermes ont été données à la hiérarchie militaire à ce sujet. D’où certainement la fermeture de tous les checks-points tenus par les milices d’autodéfense.



Abdoulaye Niangaly, journaliste de son état, à la suite des discussions avec les responsables locaux et les populations, estime que le gouvernement n’a rien compris du problème du centre. À ses dires, l’armée malienne est aujourd’hui prise dans un véritable bourbier. Elle fait face aux groupes armés djihadistes, aux aux bandits armés, c’est-à-dire les voleurs de bétails, les milices peuls laissées sans commandement, et les mercenaires venus d’autres pays pour porter mains fortes à leurs clients de la Katiba d’Amadou Kouffa et associés.

«Il est utopique de croire que l’armée malienne puisse supporter une charge supplémentaire de désarmer des milices. Elle qui peine à assurer la sécurité et l’intégrité des Maliens. A quoi bon de promettre de coudre un pantalon à un elephant, alors qu’on n’a même pas l’étoffe ? De l’huile sur le feu », a-t-il laissé entendre.

Cependant, pour le groupe d’autodéfense, le gouvernement ignore le quotidien du pays dogon. D’après Toloba, dans la seule semaine du lundi 17 au dimanche 23 février 2020, plus de 14 villages ont été attaqués et incendiés, avec morts d’hommes. Parmi ces villages, il a cité Senguemana, Ogotanga, Simeni, Tengne, Guemeto Terely, Timissa, Bamba, Menthy, Dialaye, Sondongara, Donkono, Bankouman, Nema, Tanessogou. Selon lui, ces postes ne sont pas installés pour le simple plaisir de vouloir les installer. Mais plutôt dans le but et le seul but de sécuriser les villages, afin de permettre aux populations de circuler librement. À l’en croire, avant leur installation, des terroristes arrêtaient des véhicules et procédaient à des exécutions sommaires. D’après lui, l’installation de ces postes a permis de repousser plusieurs attaques terroristes.



Dialogue avec les chefs djihadistes : est-ce la solution pour la paix ?

En entendant le déploiement effectif des forces armées dans cette localité et le processus de dialogue avec les djihadistes, les ravages continuent, l’armée et les populations subissent.

En tout cas, dialoguer avec les djihadistes semble être la seule alternative pour la stabilité du Mali. Selon bon nombre de Maliens, il faut un succès militaire avant d’ouvrir les négociations.
Sur le plateau du débat de dimanche sur Africable télévision, certains confrères se sont montrés favorables à l’initiative. Mais ils ont demandé plus d’actions en faveur des populations martyrisées.
Me Cheick Oumar Konaré, voit plutôt le problème sous un autre angle, celui de la nécessite de redéployer l’armée pour le bon déroulement des législatives dans ces zones. Sur le type d’Islam que veulent les terroristes, l’avocat ne voit aucun problème d’appliquer la charia. Il dira que les terroristes et les groupes séparatistes qui sont à Kidal sont les mêmes.



Pour lui, la laïcité proclamée par notre constitution peut être adapté, de telle sorte que la charia puisse être appliquée dans certaines localités. «Contrairement à ce que vous croyez, l’armée n’a pas les moyens de vaincre les terroristes», a-t-il martelé.

Et de poursuivre: «Je rejette la laïcité telle qu’elle a été conçue en Occident et mentionnée dans nos textes légaux constitutionnels. Pour moi, on ne devrait pas parler de laïcité dans un pays à 90% musulmans. Si les djihadistes veulent l’Islam mais pourquoi ne pas appliquer l’Islam? Pourquoi faut-il rejeter l’Islam et simplement rester coller à un principe importé d’Occident?».

Déjà, une équipe du Haut représentant du président de la République dans la crise du centre, conduite par l’ancien Premier ministre Diango Cissoko, sillonne le centre. Espérons que ce dialogue puisse aboutir à ce que la majorité du peuple souhaite pour ce pays. Contrairement à l’Accord pour la paix qui est tant décrié et qui peine à être effectif dans sa mise en œuvre.

Moussa Sékou Diaby / Le Tjikan
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