Le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé, a lancé les travaux de préparation du budget d’Etat 2020 au cours d’une conférence organisée hier à l’hôtel Laïco Amitié.
Cette conférence de lancement du démarrage des activités d’élaboration du budget 2020 intervient dans un contexte macroéconomique quelque peu favorable, a relevé le ministre Cissé. Sur le plan national, il a indiqué que le taux de croissance a été de 4,7 % en 2018, contre 1,7 % de taux d’inflation. Au niveau des dépenses, le déficit budgétaire est ressorti à 4,8 % contre une prévision de 3,3 % du PIB.
En 2019, l’amélioration de l’exécution budgétaire devrait se traduire par un double objectif d’intensification de la mobilisation des ressources intérieures et de maîtrise des dépenses.
En 2020, les perspectives macroéconomiques du Mali incitent à la mise en œuvre d’une politique budgétaire prudente, consécutive à un léger repli du taux de croissance réel estimé à 4,9 %, contre 5,0 % en 2019. Quant à l’inflation, elle resterait inchangée par rapport à 2019, soit 2,1 %.
Au niveau de la zone UEMOA, l’inflation est restée inférieure au critère de convergence de 3%. Les perspectives en 2020 restent favorables avec une croissance estimée à 6,8 %, à condition d’œuvrer pour l’amélioration du climat des affaires, la promotion de l’investissement privé et l’amélioration de la gouvernance.
Pour le directeur général du budget, Sidiki Traoré, il s’agissait de donner les grandes orientations du budget 2019, de faire l’état de mise en œuvre du processus budgétaire de 2018 et de débattre des perspectives pour 2020, notamment la préparation du budget 2020. Pour ce faire, des experts nationaux et internationaux dont les conseils avisés aideront à l’amélioration du processus, ont exposé quatre thèmes, notamment «la participation des Collectivités territoriales dans la préparation et l’exécution du budget-programme» : mode de gestion budgétaire axé sur les résultats et la performance dans lequel notre pays a basculé depuis le 1er janvier 2018.
Selon le ministre de l’Economie et des Finances, la participation des collectivités au processus budgétaire est importante pour l’atteinte de résultats des programmes. «Actuellement, elles sont informées des subventions qu’elles reçoivent et elles exécutent les dépenses sans se rendre compte qu’un résultat est poursuivi dans le cadre d’un programme», a justifié le patron de l’hôtel des Finances, tout en invitant les participants à examiner les meilleures approches pour assurer une participation des collectivités à la préparation du budget, mais aussi pour la bonne exécution du budget en vue d’obtenir des résultats efficaces et efficients pour les programmes.
Abondant dans le même sens, le directeur des finances et du matériel du ministère de l’Education nationale a rappelé que plus de la moitié du budget du secteur de l’Education est exécutée au niveau décentralisé, soit 62,77% (120 milliards FCFA), contre 19,22% au niveau central (55 milliards FCFA) et plus de 18% au niveau déconcentré (environ 51 milliards Fcfa). Le problème, selon Mohomodou Taifour, est l’absence des collectivités au début du processus d’élaboration du budget. Conséquence : des déficits sont signalés dès le début de l’année. «Si elles s’y impliquent, elles peuvent traduire les programmes en expression de besoins réels qui seront remontés au moment de l’arbitrage budgétaire», a fait savoir le financier. La solution pourrait, de l’avis du directeur général des collectivités territoriales, passer par la mise en place de mécanismes d’évaluation incitative.
Pour Abdramane Cissé, le Mali compte 11 régions, 820 Communes, 52 cercles qui sont tous des niveaux de conception, de préparation et d’exécution de la dépense publique. L’Etat, à travers l’ANICT, partage plus de 20 milliards Fcfa entre les collectivités territoriales. Aussi, les contrats-plans aident les collectivités territoriales à faire face à des projets structurants portés par l’Etat, selon le technicien. Au regard de ce poids économique, il importe, selon lui, de mettre en place un mécanisme privilégiant la performance et les résultats. Au départ, on peut donner à chaque collectivité une somme quelconque au prorata de l’avancée de ses contrats-plans, de la qualité des investissements réalisés, a proposé Abdramane Cissé afin d’encourager, selon lui, leur implication et la bonne gestion des ressources.
Intervenant au nom des partenaires techniques et financiers du secteur de l’économie, l’ambassadeur de l’Allemagne au Mali, Dietrich Becker, s’est dit ravi de constater que le thème sur la participation des collectivités territoriales a été pris en compte. C’est la condition pour que la réforme de la décentralisation soit un succès. Le diplomate allemand a réaffirmé ensuite la disponibilité et l’accompagnement des PTF au gouvernement dans ses efforts de développement.
Il a estimé que les collectivités doivent disposer de fonds nécessaires pour pouvoir faire face aux compétences qui leurs sont dévolues.
Des experts présents ont plaidé pour le renforcement des mécanismes de contrôle, notamment de contrôle externe, par exemple, le Vérificateur général et la section des comptes de la Cour suprême. Ils ont aussi demandé de mettre un accent particulier sur le contrôle citoyen par les organisations de la société civile.
D’autres panels ont aussi été animés sur l’évaluation des politiques publiques, la gestion des risques budgétaires dans le contexte de la budgétisation en mode programme et l’amélioration de la qualité des documents budgétaires.