Les maliens payent lourdement,tous les jours, les conséquences d’un conflit dont ils ignorent tous les tenants et aboutissants. Avec une armée brave mais mal préparée et décadente, parce que dépourvue de doctrine militaire, l’issue de la guerre pouvait être facilement augurée. L’espoir réside désormais en la présence de toutes ces forces étrangères, aux missions à caractère multidimensionnel. Et la bravoure, dont les FAMAS font preuve à longueur de journée, a suffit à redonner confiance à la population meurtrie.
Mais voilà que l’annonce d’une négociation vient ébranler tous les espoirs de victoire contre le terrorisme. l’État s’apprête-t-il à jetter les gants ? Négocier pour une paix précaire, est-ce désormais la position officielle ? Sait-on jamais ! Il est vrai que lorsqu’il y a des pertes humaines des deux côtés, il n’y a jamais de gagnant. Pourtant ce peuple meurtri ose espérer que les principes de laïcité et d’unicité s’imposent au détriment de toutes autres considérations. Alors posons-nous la question existentielle. Que va t-on négocier avec un adversaire qui n’a que du dédain pour la liberté de penser ?
Si le principe de la négociation est que les deux parties mettent quelque chose sur la table pour la satisfaction mutuelle, le Mali obtiendra quoi? L’issue d’une telle négociation ne peut être qu’un fiasco que cette génération leguera à ses descendants à moins que le gouvernement n’obtienne la redition sans condition de l’autre partie. La laïcité et l’unicité de l’État ne peuvent faire l’objet de transaction. Ces deux principes demeurant l’assise de cet État, les brader pour une paix précaire serait l’œuvre d’un apatride.
Il est donc heureux de savoir que nos autorités se souviennent encore de leur mission et mèneront la négociation dans l’intérêt suprême de la nation. Négocier, ce n’est pas la pire des solutions, pourvu que la négociation soit faite en honorant la mémoire de ceux dont les corps n’ont pas été rendus à leurs familles. Vouloir négocier, c’est sans doute la preuve incontestable de notre incapacité à vaincre. Et négocier, c’est surtout se résoudre à accepter la métastase du terrorisme sur le territoire national. Mais entre deux maux, peut être, devrions-nous choisir le moindre du moment.