Durant toute la campagne pour le premier tour de la présidentielle, l’idée la mieux partagée était que si Ibk ne passait pas au premier tour, sans doute il perdrait cette élection. Alors on y est.
Après l’avortement du takokelen, après le lâchage par le Chérif de Nioro, avec un score qui pourrait se réduire lors de la proclamation des résultats définitifs par la Cour Constitutionnelle, avec des musulmans de la tidianiya et du mouvement de jeunesse qui se désolidarisent, sans compter l’opposition de Chérif Ousmane Madani Haïdara à toute incursion de la politique dans les mosquées, Ibk en vérité n’a plus que ses yeux pour pleurer. Le pouvoir si juvénile entre ses mains s’échappe inéluctablement. Qu’est-ce qu’il y a ?
Ce qui se passe, c’est que la vérité est en train de prendre le dessus sur le mensonge. Ceux qui ont soutenu aveuglement Ibk comprennent peu à peu que l’élection présidentielle n’est pas un jeu de hasard. Et le plus désemparé de ses soutiens, c’est malheureusement pour lui le plus puissant, le plus important, car le plus grand mobilisateur, en l’occurrence le Chérif de Nioro.
Et aujourd’hui d’ailleurs, une mouvance islamiste appellera par voie de presse ses adeptes à voter Soumaïla Cissé.
Comme nous l’avions dit, cet homme a juré qu’il s’est séparé de l’alcool. Il ne rate aucune occasion pour utiliser le nom de Dieu (Soub’hana watallah !) à des fins politiques. Mais il n’a posé aucun acte qui le singularise parmi les candidats. Excepté qu’il est le seul à avoir fait tabasser les musulmans par les forces de l’ordre et de sécurité. C’est ce qui fait que la main de Dieu le rattrape aujourd’hui, pour bien le mettre en évidence et lui administrer une défaite historique.
Il sera défait parce qu’il jurepour ensuite parjurer. En fait, l’homme qui est en train de dire » je l’ai dit, je le ferai » et s’autoproclame homme de parole (Kankélétigi) n’a jamais respecté sa parole.
En tout cas, suite au coup d’Etat du 22 mars 2012, après une condamnation de façade et un bref passage au FDR, IBK s’est posé et présenté comme le principal opposant à ATT. Posture qu’il garde encore ! Quel bluff ! En quoi et à quoi » Kanfilatigi » s’est-il opposé ?
Président de l’Assemblée Nationale et membre de la majorité gouvernementale, il feint de s’opposer aux Accords d’Alger et les dénonce urbi orbi, mais quand il a fallu concrétiser cette opposition et franchir le rubicond en quittant l’attelage gouvernemental, il freina des quatre fers et avala son chapeau.
Le scénario identique se produisit lors du vote de la loi instituant le Vérificateur Général, il dit s’être disputé avec sa conscience, mais en fin de compte comme toujours, il ne joignit point l’acte à la parole, et la loi fut votée. Nous pouvons citer à n’en plus finir des cas similaires.
Le 22 mars 2012, il faisait partie de la majorité présidentielle et du gouvernement d’ATT, il fut l’un de ses plus proches collaborateurs de 2002 à 2012, et le jour où il fut décoré de la légion d’honneur française il n’eut de cesse de remercier ATT en se jetant dans ses bras lui disant que grâce à lui tout cela a été possible. Att, lui, s’en souvient.
Incorrigible il a déclaré sur RFI avoir pleuré le jour de la retraite de Tessalit par notre armée. Mais a-t-il exprimé ses sentiments ce jour à ATT? A-t-il fait une déclaration publique sur une radio ou une télé malienne ? Que nenni! Alors, que nous valent aujourd’hui ces larmes à retardement ? Lui seul le sait !
Nous le répétons, à force de postures, de positionnement, de revirements, de reniements, cet homme est devenu insaisissable, incohérent et infréquentable. Il finira cependant un jour par être rattrapé par la réalité, sa réalité, un homme politique ambitieux et velléitaire, opportuniste et banalement ordinaire, un Tartarin de Tarascon ou un Don Quichotte des temps modernes !