Mieux vaut tard que jamais, dit-on ! Pour appuyer les actions de l’Etat dans le combat contre le trafic illicite des stupéfiants et les réseaux mafieux, des professionnels des médias se sont regroupés pour porter sur les fonts baptismaux le Réseau des journalistes d’investigations pour la lutte contre la drogue et le crime organisé, dénommé Rjicd.
S’engageant à ne pas empiéter de façon intempestive sur le travail des structures spécialisées dans cette lutte, le Réseau a officiellement lancé ses activités le samedi 22 février 2020, au gouvernorat du district de Bamako.
Placée sous le thème : « Tramadol et Chicha », la cérémonie a été présidée par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Général de division Salif Traoré. Il avait à ses côtés le maire de la Commune IV, Adama Bérété, le président du Rjicd, Amadou Bamba Niang. Le Rjicd est la résultante d’une série d’activités de formation initiée par l’OCS à l’intention des journalistes qui se sont déjà familiarisés avec les concepts de drogue et de crime organisé et dont la finalité est de capitaliser leur savoir-faire. Il s’agit surtout de créer un véritable cadre de collaboration avec les structures de l’Etat spécialisées dans la lutte contre ces phénomènes.
D’emblée, seul officier d’état civil de la capitale à prendre des mesures interdisant la vente et la consommation de la chicha et produits assimilés dans sa collectivité, le maire de la commune IV a saisi l’occasion pour souligner que la lutte contre la drogue et le crime organisé doit être le combat de tout citoyen malien. Car, selon lui, il y va de l’intérêt national et au-delà. En guise d’argument, Adama Bérété a soutenu que l’effet de la drogue pousse les jeunes à la commission de beaucoup de crimes et d’actes terroristes. A cet effet, il a lancé un appel pressant aux autres communes du District et environnants à emprunter le chemin pris par le conseil municipal de la commune IV pour sauver la jeunesse.
Dans son discours, le président du Rjicd a d’abord reconnu l’ampleur du défi à relever pour le réseau. Amadou Bamba Niang n’a pas manqué de souligner que la lutte contre la drogue et le crime organisé sont deux préoccupations nationales, voire internationales pour mériter l’attention particulière de la part des Etats. Il a soutenu que les acteurs du trafic illicite de stupéfiants et du crime organisé s’organisent de plus en plus en réseaux mafieux en utilisant des stratagèmes ingénieux pour minimiser les risques d’être démasqués. Face à cette menace, il a préconisé une riposte de taille qui passe par la conjugaison des efforts de toutes les forces impliquées dans la lutte pour les anéantir. Pour ce faire, le président du Rjicd a lancé : « Les journalistes que nous sommes nous engageons à jouer notre partition pleine et entière, en toute liberté, dans le respect de l’éthique et de la déontologie imposées par la fonction de journaliste ». De son côté, le ministre Salif Traoré a précisé que le terrorisme doit constituer une priorité de premier ordre pour les plus hautes autorités. Car, selon lui, les terroristes sont des criminels organisés. Soutenant un lien évident entre les terroristes et les stupéfiants, il a signalé : « Les terroristes sont des drogués ». C’est pourquoi, le ministre de la Sécurité et la Protection civile a salué la mise en place du Rjicd, qu’il a qualifié de « réseau important ». S’adressant aux membres du réseau, le Général Traoré a laissé entendre : « En menant à bien votre travail, vous allez contribuer à démanteler les réseaux criminels et à démasquer les terroristes ». Pour ce faire, il a rassuré le président Niang de la disponibilité entière de son département pour atteindre les objectifs du Rjicd. Le ministre Traoré a ensuite affirmé que son département est conscient de l’utilisation malsaine des mass médias pour les réseaux criminels, soit pour endoctriner les populations, ou parfois faire l’apologie du crime. Des remises de distinctions honorifiques aux services de l’Etat pour leur combat contre les deux phénomènes ont mis fin à cette cérémonie de lancement des activités du Rjicd.
Jean Goïta