Le président de la commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a pointé du doigt jeudi les "différences" entre Africains et Européens sur les questions de justice internationale ou de droits des homosexuels, lors d'un sommet destiné à renforcer les liens entre les deux continents.
"Certainement, nous avons nos différences: la justice criminelle internationale, l'orientation et l'identité sexuelle, la peine de mort, la centralité de l'Union africaine dans certaines crises, etc...", a déclaré M. Faki lors d'une conférence de presse marquant l'ouverture à Addis Abeba d'un sommet UA/UE.
Qualifiant ces différences de "normales", il a estimé qu'Africains et Européens devaient les reconnaître et les accepter pour les surmonter.
Le sommet de jeudi marque la deuxième visite de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au quartier général de l'UA à Addis Abeba, depuis sa prise de fonction le 1er décembre.
Une semaine après avoir commencé à occuper son poste, elle avait choisi la capitale éthiopienne pour son premier déplacement hors de l'UE, afin de lancer un "fort message politique" sur la force du partenariat entre l'Europe et l'Afrique.
Mme von der Leyen travaille actuellement à l'élaboration d'une nouvelle "stratégie africaine" pour l'UE, qui devrait être dévoilée en mars.
Lors de son discours d'ouverture, elle a affirmé que les deux continents étaient des "partenaires naturels", et a mis l'accent sur les secteurs de coopération potentiels pour eux comme le commerce et la lutte contre le réchauffement climatique.
Puis lors de la conférence de presse, elle a estimé que les deux blocs devraient être en mesure de travailler ensemble malgré les divergences mises en exergue par M. Faki.
"C'est l'essence même d'un bon partenariat et d'une bonne amitié", a-t-elle déclaré."Vous bâtissez sur des fondations solides avec des projets sur lesquels vous pouvez travailler, et vous êtes capables de dire très clairement quelles sont vos différences".
"Nous essayons de convaincre, mais nous reconnaissons qu'il y a des positions différentes", a-t-elle ajouté."Nous ne devons pas nous attendre à ce que l'Union africaine s'adapte à l'Union européenne."
La majorité des pays africains disposent de législations interdisant ou réprimant l'homosexualité, parfois punie de la peine de mort.
Et plusieurs pays africains ont résisté aux efforts de la Cour pénale internationale (CPI) pour juger des dirigeants du continent, le Burundi devenant même en 2017 le premier pays au monde à s'en retirer.
L'UE cherchera à utiliser le sommet de jeudi pour promouvoir le commerce et la coopération économique, afin de répondre "au flot d'investissements chinois sur le continent", a estimé Mikaela Gavas, experte auprès du Center for Global Development (CGD).
Mais la question des droits de l'homme reste un sujet potentiel de confrontation, a-t-elle mis en garde."Les pays africains ne voudront pas qu'on leur donne des leçons sur la gouvernance et les droits de l'homme."