«Il est difficile aujourd’hui d’aimer son pays sans être blâmé ou sanctionné par d’autres puissances”
La Fondation Salif Kéïta (Fsk), a organisé, le samedi 18 février dernier, au complexe culturel Moffou, une conférence de presse pour parler de son gala de charité dont les bénéfices serviront à la prise en charge médicale des enfants malades du cœur. L’enfant du Badougou-Djoliba a profité de cette occasion pour revenir sur sa vidéo diffusée sur les réseaux sociaux pour s’exprimer sur la politique française au Mali et son éventuelle candidature aux élections.
Au sujet de la vidéo qu’il a postée sur les réseaux sociaux, la star de la musique malienne affirme qu’il assume ses propos. “Je suis quelqu’un qui aime beaucoup son pays et je ne la ferme pas. Je dis ce que je veux, quand il s’agit de l’intérêt de mon pays. J’ai beaucoup souffert de ça, des représailles, parce qu’il est difficile aujourd’hui d’aimer son pays sans être blâmé ou sanctionné par d’autres puissances”, a-t-il indiqué. Il a également révélé qu’avant de réaliser cette vidéo, sa fondation (Fondation Salif Kéïta) avait signé des conventions avec la Chaine de l’espoir pour l’organisation d’un gala de charité dont les bénéfices seront versés à cette organisation, pour la prise en charge médicale des enfants malades du cœur.
“Je suis allé voir la Chaîne de l’espoir qui est une fondation financée par la France et qui s’occupe de la transplantions des cœurs des enfants. Avant cela, je suis allé voir le directeur de l’hôpital “Le Luxembourg”. J’ai vu les enfants malades de cœur, cela m’a fait mal au cœur. Aujourd’hui, il y a environ 3 000 enfants qui attendent la transplantation de cœur et dont les parents ne peuvent pas supporter les frais. Donc, je me suis dit que je vivrai désormais pour eux. Alors, j’ai décidé d’organiser un gala de charité dont les bénéfices seront partagés entre la Fondation Salif Kéïta (Fsk) et la Chaîne de l’espoir. Nous étions d’accord, nous avons même signé des conventions et au dernier moment, compte tenu de ce que j’ai dit sur les réseaux sociaux concernant la politique française au Mali, l’Elysée a envoyé une lettre à la Chaine de l’espoir en lui demandant de ne plus travailler avec moi et cette action a été soutenue par le pouvoir de Bamako. Malheureusement, nous sommes dans un système, si l’on ne résiste pas, on ne peut pas défendre son pays”, a-t-il laissé entendre, avant d’ajouter qu’il compte sur les Maliens qui aiment leur pays.
“Aujourd’hui, je crois qu’il y a assez de Maliens qui aiment le Mali pour comprendre ce problème et montrer à ces puissances que ce n’est pas eux qui vont faire la dictature ici. Donc, je compte sur les Maliens, sur leur patriotisme pour montrer que nous sommes assez majeurs.
Actuellement, ils sont en train d’annuler mes concerts en France. Cela m’amuse à vrai dire. Moi, je suis habitué à cela. Je ne vais pas entrer dans les détails. Quand on prend une décision, on l’assume et j’assume tout ce que j’ai dit à travers cette vidéo”, dit-il.
Concernant son éventuelle candidature aux élections au Mali, l’enfant de Badougou-Djoliba a avancé qu’il aime bien se présenter, mais qu’il y a un système qui l’en empêche. “Nous sommes dans une mafia ici, je peux dire sincèrement qu’avec ce système le Mali est mal barré. J’aimerais bien être candidat, mais la dernière fois que j’ai voulu être candidat à la présidentielle, j’ai demandé des renseignements. Il se trouve que pour être candidat, il faut être corrompu. Je vais vous dire pourquoi. D’abord on te demande 45 conseillers municipaux et chacun de ces 45 conseillers municipaux va te demander 750 000 Fcfa. Quand tu veux être cautionné par les députés, un député peut te demander 10 millions Fcfa. Quand tu t’installes, tu penses à quoi ? A te faire rembourser. Ce sont les défauts de la Constitution qu’il faut corriger pour que les gens qui ont de l’argent ne soient pas les seuls à se présenter à la magistrature suprême. Sinon, on ne s’en sortira jamais et nous serons toujours commandés par des gens corrompus qui vont se faire de l’argents et qui vont corrompre cette population. Moi, je préfère ne pas être dedans. Il n’y a pas d’argent au monde, de richesse qui peut enlever de la tête de Salif Kéïta l’amour de son pays. Donc, c’est pour vous dire que je ne suis dans ce système et on m’a mis à l’écart”, dit-il.