Mensonge du régime, grève des enseignants, crise sécuritaire, dossier des faux blindés, élections législatives…, Tels ont été quelques maux du régime Ibrahim Boubacar Kéita dénoncés, le week-end dernier, au Palais de la Culture Amadou Hampâté Ba par l’imam Mahmoud Dicko. Est-ce pour cela qu’on a voulu interpeller, hier mardi 3 mars, l’ancien président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM)? En tout cas, il fallait essayer pour savoir que c’était impossible, tant les partisans de l’imam ont envahi le Tribunal de la Commune V, ne laissant d’autres choix aux magistrats et gens qui y travaillent que de dissoudre dans la nature !
Qu’a dit de grave l’imam Mahmoud Dicko, lors de son meeting ? Rien de particulier, selon ses partisans, qui trouvent que ce qu’il a dit est vrai et vérifiable au Mali ! Flash-back !
«Chers musulmans, j’ai promis de parler. Alors, je parlerai…», a lancé l’Imam Dicko, d’un ton ferme. Selon lui, le moment est enfin venu que les Maliens brisent la chaîne de la soumission et de la résignation.
«Nous sommes un peuple de la résistance, un peuple debout. Il est grand temps de mettre fin à la tergiversation et au tâtonnement. Il faut nécessairement que le peuple malien prenne son destin en main», a-t-il déclaré sous des ovations de milliers partisans.
Avant de dénoncer les alliances contre-natures du fait de politiciens véreux, préoccupés par leurs intérêts égoïstes. Une situation qui devrait servir de leçon aux Maliens.
Concernant la crise scolaire, Mahmoud Dicko, tout en reconnaissant le bien-fondé de leur revendication, a appelé les enseignants à reprendre le chemin de l’école pour l’intérêt des élèves et du Mali. «Le peuple souverain du Mali se portera garant pour que vous ayez vos droits», a-t-il promis.
Pour faire face à la tension de trésorerie que le gouvernement évoque pour écarter l’application immédiate de l’article 39 du statut du personnel enseignant, l’ancien président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) propose la suppression de certaines Institutions budgétivores qui n’apportent dans l’amélioration de la gouvernance.
Il s’agit, entre autres, du Conseil Économique, Social et Culturel (CESC); du Haut Conseil des Collectivités (HCC); de la Haute Cour de Justice... Leurs budgets doivent être alloués, selon le puissant imam, aux secteurs prioritaires comme la défense, la santé et l’éducation. Mieux, il propose que les budgets de la Présidence de la République et de l’Assemblée Nationale soient réduits de moitié. Il a aussi appelé Iyad Ag Ghaly et Amadoun Kouffa à observer une trêve, afin d’ouvrir les voies des négociations pour mettre un terme aux souffrances des Maliens.
Et l’apothéose a été l’ultimatum qu’il a lancé au régime en place ! Pour lui, tout ce qui arrive au Mali résulte de la mauvaise gouvernance. La corruption est érigée en système de façon à démotiver de nombreux citoyens, y compris des militaires au front. Aussi, a-t-il donné jusqu’au vendredi 6 mars prochain au régime pour un changement de cap dans la gestion des affaires publiques. À défaut, l’Imam Mahmoud Dicko «ne sais pas ce à quoi tout cela aboutira», et il ne se préoccupe pas non plus de son sort !
Des questions se posent: qui avait autorisé la convocation de l’imam Dicko ? Pourquoi voulait-on l’interpeller ? Qu’a-t-il fait ? Pourquoi a-t-on alors annulé la convocation ? Une seule certitude en attendant que l’imam lui-même en donne des explications, le vendredi prochain: le gouvernement a eu peur et a donc reculé !
Par Karamoko SIDIBÉ