Le samedi 29 février 2020, le Secrétaire général du Syndicat National de l’Education et de la Culture (SNEC), Moustapha Guittèye, flanqué de certains membres de son bureau, prenait de court l’opinion nationale et ses camarades du Collectif des syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016, en annonçant la suspension de la participation du SNEC au mouvement de grève de la Synergie syndicale !
Raisons évoquées : « Face à la grave crise que traverse l’école malienne, avec les séries de grèves qui compromettent dangereusement l’avenir de nos enfants, le SNEC malgré son profond attachement à la défense des droits des travailleurs du secteur de l’éducation et de la culture, ne saurait être indifférent au sort des milliers d’élèves maliens, victimes d’une situation dont ils ne sont en rien responsables ».
En conséquence : « Au regard des avancées constatées et compte tenu de la situation sécuritaire du pays, le SNEC demande à toutes ses militantes, à tous ses militants ainsi qu’à tous les enseignants qui partagent sa vision quant à la gestion de la crise que traverse notre système éducatif, de reprendre normalement le travail ce lundi 02 mars 2020 à partir de 07h30 pour ne pas compromettre l’avenir des enfants des pauvres ».
Comme pour se donner bonne conscience, Moustapha Guittèye se livre à un plaidoyer pro-domo en ces termes : « Le SNEC, conscient qu’il est le seul syndicat de l’éducation au Mali affilié à l’International de l’Education (IE) connue pour son combat pour la défense du droit des enfants à l’éducation qui regroupe 167 pays avec 450 organisations syndicales et 30 000 000 d’adhérents, c’est pourquoi, le lundi 17 février 2020, le Bureau Exécutif National SNEC (BEN-SNEC), a tenu une réunion extraordinaire, dont le seul point inscrit à l’ordre du jour était, l’école malienne, quelle proposition de sortie de crise, afin d’analyser la situation de blocage des négociations et proposer un plan de sortie de crise ».
Et d’informer ses militantes et ses militants qu’à l’issu des échanges avec le gouvernement les résultats suivants ont été obtenus : l’alignement de la grille des enseignants sur l’indice plafond 1100 à compter de mars 2020 pour la catégorie A avec deux mois de rappel (Janvier 2020 et février 2020) ; l’alignement de la grille des enseignants sur l’indice plafond 1200 à compter de janvier 2021 pour la catégorie A ; le paiement par tranches des rappels des 12 mois de l’année 2019.
Subversion ?
Le SNEC recommande au gouvernement : la proclamation sans délai des résultats du concours d’entrée dans la fonction publique des collectivités territoriales au compte de l’exercice budgétaire 2019 ; l’application sans délai du procès-verbal de conciliation signé le 18 mai 2019 ; l’augmentation du quota des enseignants des écoles communautaires à intégrer dans la fonction publique des collectivités territoriales par an ; l’accélération de la signature de tous les actes administratifs en instance (avancements et autres) dans les quinze jours qui suivent.
La mayonnaise a-t-elle prise ?
En tout cas, le Gouvernement de la République du Mali, à travers son porte-parole, avait vite fait d’aller en besogne, en se félicitant et en saluant la décision « responsable » et « citoyenne » du Syndicat national de l’Education et de la Culture (SNEC) d’appeler tous ses militants à reprendre les cours dès le lundi 02 mars 2020 dans toutes les écoles et sur toute l’étendue du territoire national. « Le Gouvernement réaffirme son engagement de toujours rechercher et d’œuvrer à l’amélioration générale des conditions de vie et de travail de tous les enseignants du Mali… »
Coup de théâtre…
Le lundi 2 mars, ils étaient très peu, parmi les 25000 adhérents du « seul syndicat de l’éducation au Mali affilié à l’International de l’Education (IE) », à répondre à l’appel de Moustapha Guittèye ! Des sections SNEC de l’intérieur tout comme au niveau du District de Bamako, fusent de partout désapprobations et récriminations… L’homme serait même contesté au sein de son propre bureau !
… Et coups de gueule !
Fusent aussi des rumeurs selon lesquelles Moustapha Guittèye se serait « bien sucré » sur le dos des militantes et militants SNEC ! Pour faire Judas, il aurait reçu, selon ses collègues enseignants qui sont certainement dans le « secret des dieux »… 3 millions de FCFA, un logement social, et la promesse d’être porté à la direction d’un grand établissement public…
Vrai ou faux ? « Le Pays » ne juge pas, mais donne l’occasion à Moustapha Guittèye de démentir !