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Macron voulait sa tête, il l’a eu !
Publié le jeudi 5 mars 2020  |  Le Canard Déchaîné
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de passation de service au secrétariat général de la présidence.
Bamako, le 11 septembre 2013 au palais de Koulouba. Le nouveau secrétaire général de la présidence, Mr Toumani Djimé Diallo a officiellement pris fonction.
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Pour les autorités maliennes, l’incident diplomatique, suscité par les propos de l’ambassadeur malien en France, est clos. Mais pour les Maliens, partagés entre colère et indignation, le limogeage – sans autre forme de procès – de l’ambassadeur malien en France est un message fort pour tous ceux qui seraient tentés de critiquer la politique française au Mali. Ou, les « débordements » des soldats français sur le sol malien.

Invité à s’exprimer devant la Commission Défense du Senat français, son excellence Toumani Djimé Diallo a eu le malheur de dénoncer les « débordements » de la légion étrangère. Pour lui, ces militaires français « peuvent rendre une image de l’armée loin de celle qu’on connaît, une image qui fait peur ».

Des propos contraires à la position d’IBK

Les propos de l’ambassadeur malien en France jurent avec la position d’IBK pour qui « tous ceux qui, au Mali, appellent au départ des forces étrangères, notamment françaises, sont des ennemis du Mali et les complices des djihadistes ».
Convoqué, jeudi 27 février, au ministère français des Affaires Etrangères, Toumani Djimé Diallo a dû essuyer la colère du Quai d’Orsay.
« On lui a exprimé notre indignation devant ses propos sans fondement et choquants de la part d’un pays allié dans la lutte contre le terrorisme », a-t-on indiqué.
Ce que le Quai d’Orsay appelle « des propos sans fondement » sont, pourtant, connus des noctambules de la capitale malienne.

Le péché mignon de l’ambassadeur malien

Son excellence Toumani Djimé Diallo fait allusion à ces soldats bardés de tatouages, qui écument les bars de Bamako, en galante compagnie. Ou, ces soldats ivres, qui se comportent comme des éléphants dans des magasins de porcelaine. Sous le regard impuissant des Bamakois, obligés de se taire. Par peur d’éventuelles représailles.
Mais pour Toumani Djimé Diallo, connu pour son franc-parler, il est inacceptable de se taire sur ces « débordements » des soldats de la légion étrangère. Sa présence, devant la Commission Défense du Senat, était pour lui une occasion inespérée pour les dénoncer.
Il n’en fallait pas plus pour susciter l’ire de la ministre française des armées. A son tour, Florence Parly a dénoncé des accusations « fausses, inacceptables et indécentes ». Avant d’appeler l’ambassadeur du Mali en France à se mobiliser pour « la mise en œuvre des décisions du sommet de Pau ». La suite, on la connaît.
Jeudi 27 février, au soir, Tiébilé Dramé, ministre des Affaires Etrangères se rend à Paris. Avec, sous le bras, un message d’IBK destiné à son homologue français.
Au sommet de Pau, le président français, Emmanuel Macron, avait promis 400 légionnaires au Mali. Aujourd’hui, ils sont 600, dont ceux du 3e régiment nîmois de la légion étrangère.

Les Maliens entre colère et indignation

Les propos de Toumani Djimé Diallo ont fait, aussi, bondir Jean-Marc Todeschini, sénateur PS de Moselle.
« Ce n’est pas l’image que nous pouvons avoir de la légion étrangère en France. Les légionnaires vivent des conditions difficiles, y compris sur la formation et la discipline. Et je pense que s’il y a des brebis galeuses, il faut bien sûr les dénoncer, mais ne pas stigmatiser la totalité », a-t-il ajouté.
Ce n’est pas la première fois que les Maliens se plaignent de ce que son excellence Toumani Djimé Diallo appelle les « débordements » des forces étrangères stationnées sur leur sol. En 2014, déjà, ils se révoltaient contre les comportements des forces de la Minusma. Pendant que les civils se faisaient massacrer, violer ou racketter par des groupes armés connus, les soldats de la Minusma, eux, se la coulaient douce, – en bonne compagnie – dans les palaces, les piscines et les restaurants chics de Bamako.
C’est sous la pression des populations qu’il a été mis fin à cette pratique. Et que le quartier général de la Minusma puisse quitter le somptueux hôtel de l’Amitié pour la périphérie de l’aéroport international de Bamako-Senou.
Pour nombre de nos concitoyens, c’est pour avoir dénoncé – devant la Commission Défense du Senat où il avait été invité – les « débordements » de la légion étrangère, que Toumani Djimé Diallo a été déclaré persona non grata par les autorités françaises. Qui lui reprochent, ajoutent-ils, sa liberté de ton.
Conséquence : l’ambassadeur du Mali en France est relevé de son poste. Sans autre forme de procès.

La France prend acte

« Nous avons pris note de la décision des autorités maliennes de rappeler l’ambassadeur Toumani Djimé Diallo », déclare la porte-parole du ministère français des Affaires Etrangères.
Pour nombre de Maliens, partagés entre colère et indignation, le limogeage de Toumani Djimé Diallo est un message fort des autorités maliennes : dissuader tous ceux qui seraient tentés de critiquer la politique française au Mali. Ou, les « débordements » de l’armée française sur le sol malien.
Oumar Babi/Canarddechaine.com

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