Le coup d’Etat du 22 mars continue de passer au révélateur des hommes politiques qui, jusqu’à cette date, pouvaient être taxés de tout sauf faillite de leur attachement indéfectible à la démocratie et à l’Etat de droit. Hélas !
Tel Machiavel qui cherchait à donner à la République de Florence la force politique qui lui manquait à une période où elle dominait le monde des arts et de l’économie, Modibo Sangaré, président de l’Union nationale pour la République (UNPR), Housseyni Amion Guindo, président de la Convergence pour le développement au Mali (Codem), Mohamed Tabouré, fondateur du journal « Sanfi« , les professeurs Rokia Sanogo et Dialla Konaté… cherchaient à donner au Mali une dictature digne de ce nom au moment où la démocratie doit rester la règle pour tout Malien qui se réclame de l’Etat de droit.
Il a fallu le 22 mars 2012 pour découvrir en ces hommes et femmes politiques la propension à rejeter les valeurs démocratiques conquises de haute lutte par le peuple.
Après avoir secoué le régime défunt par les innombrables marches qu’il organisait chaque vendredi, la nouvelle trouvaille de Modibo Sangaré, président de l’UNPR, ne fut autre que la proclamation d’une République islamique du Mali. Avec l’arrivée d’Ançar Eddine dans le Nord du Mali, Modibo est-il enfin satisfait ? Mystère !
Toujours est-il que celui qui s’est autoproclamé défenseur des faits et causes des musulmans, les vrais adeptes du prophète Muhammad (PSL) se sont démarqués de lui, notamment lors de la marche non autorisée qu’il avait organisée pour protester contre le projet de loi sur l’abolition de la peine de mort.
Combattant infatigable à travers son journal, Mohamed Tabouré sera de tous les combats démocratiques. Cet homme au tempérament sanguin n’a épargné aucun régime. Fervent défenseur du capitaine Amadou Haya Sanogo, Mohamed Tabouré ira jusqu’à dire que « Dioncounda Traoré ne fait que récolter ce qu’il a semé en étant complice de l’indignation et de l’humiliation du peuple malien par la Cédéao« .
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Or, pour tout démocrate qu’il est, il aurait dû savoir que Dioncounda Traoré est allé partout où il a été, avant sa tentative d’assassinat, en tant que président légal du Mali. Tabouré n’ignore point qu’au regard de la Constitution malienne, la présidence de la République est assurée par le président de l’Assemblée nationale en cas d’empêchement définitif du président de la République.
Les fauteurs de troubles et responsables de l’agression du président de la République à travers les déclarations incendiaires, voyaient midi devant leur porte avec l’avènement du CNRDRE en se « battant comme un beau diable« , selon l’expression de Mamadou Kaloga, ex-chroniqueur sportif à l’ORTM, pour la tenue d’une convention nationale « souveraine« non pas pour donner le pouvoir au peuple, mais à une personne, en créant les conditions sinon les germes d’une possible dictature. Une convention, dont l’organisation débridée allait prédire l’attaque du président Dioncounda dans son palais.
Propulsé par le Rassemblement pour le Mali (RPM) sur l’arène politique, Housseyni Amion Guindo, depuis sa défection de ce parti, ne cesse d’émerger au sein de la classe politique malienne. Celui qui a été élu député sous les couleurs du Tisserand, aujourd’hui président de Convention pour le développement du Mali (Codem) et candidat des Partis unis pour la République (Pur) à la présidentielle avortée du 29 avril dernier nourrissait bien des ambitions, on ne sait lesquelles depuis l’ère d’ATT avec la fameuse question sur le prolongement du mandat du général déchu.
Guindo avait jugé opportun qu’ATT prolonge son mandat au-delà de 2012 « afin de rendre le fichier électoral controversé plus fiable« .
Pis, son parti, la Codem, se battait pour obtenir cette prolongation de mandat jusqu’en 2014. Cette position avait surpris plus d’un. Housseyni Amion Guindo avait fini par renter dans les rangs après que la pression de la rue et des partis politiques eurent raison d’ATT à organiser des élections qui ne seront pas tenues à la fin de son mandat.
Quant aux professeurs Rokia Sanogo et Dialla Konaté, on peut noter que leurs parcours respectifs suffisent à démontrer leur instabilité et leur versatilité à tout propos.
Denis Koné