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Raky Talla au sujet des alliances contre-nature: « Lorsque les partis se donnent la main pour leur propre bien, c’est que l’avis de la population ne les intéresse en rien. »
Publié le jeudi 5 mars 2020  |  Soleil Hebdo
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© aBamako.com par A.S
Ministre du travail de la fonction publique de la reforme de l’état chargé des relations avec les institutions : Mme Diarra Raky Tala
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Prévues pour le 29 mars 2020, les élections législatives s’annoncent avec de nombreuses contradictions démocratiques. Des actes inimaginables se sont produits au vu et au su de tout le monde. La Cour constitutionnelle a publié la liste des candidats qui veulent être députés. Majorité et opposition sur la même liste. Depuis quand cela est permis dans la démocratie ? Mme Diarra Raky Talla, membre de l’UM-RDA, ancienne ministre, s’est exprimée par rapport à ce sujet.
Soleil-Hebdo : Raky Talla est-elle candidate ?

Raky Talla : Je suis membre d’un parti politique dans lequel on n’agit pas seul. C’est tous ensemble qu’on décide si quelqu’un doit se présenter en tant que député. Ainsi, les membres du parti ont voulu que je dépose ma candidature, mais je devais m’ajouter à d’autres personnes sur une liste. Les membres de l’URD et de l’Adema m’ont fait la proposition d’être sur la même liste qu’eux. Selon moi, ce n’est pas une bonne liaison. Nous sommes un pays démocratique et il y a des lois à respecter dans la politique. La majorité et l’opposition ne doivent être en aucun cas sur la même liste. En outre, je ne peux être ministre pendant cinq longues années, faire partie de la majorité depuis 2011 et vouloir être député dans le groupe de l’opposition. Ça ne fait pas partie de mes principes et je ne suis pas d’accord avec cela. C’est pourquoi je me suis mise de côté, et si c’est la seule condition pour être député, je ne serai pas parmi les candidats.
En commune 5, à Kati, à Koulikoro et un peu partout, la majorité et l’opposition sont sur les mêmes listes. Quel est votre avis par rapport à cela ?

Ce n’est pas diplomatique. Dans la démocratie, il y a toujours deux camps : celui de la majorité et de l’opposition. L’opposition n’aurait pas dû accepter une telle action car, ils ont un statut en plus de cinq cent millions par an. Vous luttez ensemble pour avoir le pouvoir, ensuite vous faites alliance avec vos concurrents. Comment est-ce que vous pouvez vous permettre encore de venir devant la population pour parler de transparence ? De tels actes constituent la crise démocratique. Lorsque les partis politiques se donnent la main juste pour leur propre bien, c’est que l’avis de la population ne les intéresse en rien. Nous ne sommes plus en démocratie. Le pays n’avancera pas dans ces genres de situation. Selon moi, soi tu es dans la majorité et tu agis en tant que tel, soit tu es dans l’opposition et tu agis en fonction de cette place. Je demande au responsable de ce pays et à la population de prêter attention quant à la réforme constitutionnelle. La manière dont on lutte contre le nomadisme, la transhumance politique, il faut de même pour assurer la transparence dans nos élections.
L’UM-RDA prend sa part de responsabilité. Il ne s’agit pas pour nous de faire juste la liste et mettre les partis en concurrence, mais plutôt aider les gens qui ont une chance de réussir. Aujourd’hui, nous n’avons que quinze listes, nous leur porteront assistance pour que nos députés soient parmi eux. Nous en sommes sûrs, peu importe les difficultés, au moins cinq d’entre eux seront députés. Nous œuvrons pour cela.
L’insécurité est grandissante dans le pays, est-ce que les élections auront lieu sur l’ensemble du territoire malien ?


Le ministre de l’Administration territoriale s’est exprimé par rapport à cela. Les préfets ou les sous-préfets, s’ils ne sont pas dans leurs lieux de travail, ils sont sûrement dans des localités non loin de leurs services. Nous venons de sortir du DNI, les Maliens ont montré que l’Assemblée doit être renouvelée, il faut de nouveaux députés. Malgré les difficultés, ces élections doivent se faire pour que le pays puisse avancer positivement. C’est possible qu’il y ait des défauts, mais il faut le faire et corriger tous les désagréments. Certains pays comme l’Afghanistan sont dans plus de difficultés que nous, mais ils parviennent à faire les élections. C’est nous qui avons voulu être un pays démocratique pour valoriser nos droits. Les gens doivent toujours respecter la loi.
Tous ces problèmes concernant les élections, c’est uniquement au Mali. Nous avons vu les membres de l’opposition qui ont marché, d’autres enfermés, d’autres tabassés, et dirent que c’est eux qui sont sur la même liste que les membres de la majorité pour choisir les députés pour le bien de la nation, c’est difficile à expliquer. Il y a un manque de confiance qui s’installe dans ce cas. Aux membres de la majorité, nous devons aider le président de la République pour lui faciliter les tâches. Dans cette optique, nous devons choisir des députés qui sauront remplir toutes les conditions pour défendre la population.

C’est pourquoi nous ne devons jamais être sur la même liste que l’opposition. Dans le cas contraire, cela veut dire que nous ne travaillons pas pour la nation, nous ne cherchons pas les intérêts de la population, mais plutôt les nôtres. Les politiciens doivent être honnêtes pour que la population puisse avoir confiance en eux ; la population aussi doit chercher à connaitre celui qui saura satisfaire leur besoin. Il faut s’unir, se donner la main pour que la paix règne dans notre pays. Que la majorité reste dans la majorité et que l’opposition reste dans l’opposition.
Emma Fifamè
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