«Dernière tout grand homme se tient débout une grande dame», a-t-on coutume de dire. Mme Coulibaly Aminata Dembélé fut cette grande dame par son courage et son abnégation. Si on se souvient encore, ce 27 mai 1991, lors d’une violente attaque menée par des groupes armés sur le camp de Tilemsi, faisant 10 morts parmi les 16 gendarmes qui y résidaient à l’époque. Elle fut une femme vertueuse qui, aidait son mari sous le feu nourri, a chargé ses chargeurs en munitions.
Mme Coulibaly Aminata Dembélé est l’épouse du Colonel à la retraite Ségui Coulibaly, ancien commandant du Groupement d’Intervention (GI) de Tilemsi dans les années 1991. La vie d’un militaire étant intimement liée à celle de sa famille en général et celle d’un gendarme est liée à sa femme en particulier et cela, vu la charge d’officier de police judiciaire qui pèse sur lui en tant qu’à la fois militaire et auxiliaire de justice.
C’est pourquoi un soin approprié doit être apporté aux épouses et enfants des gendarmes qui souffrent autant que leurs maris en raison des contraintes du métier. Dans ce numéro, nous avons jugé nécessairement de vous présenter une épouse de gendarme, une dame aux multiples valeurs, fidèle et téméraire.
Dans ce numéro, nous sommes allés à la recherche des histoires qui ont marqué notre vaillante armée de sa création à nos jours. C’est ainsi que nous sommes tombés sur cette histoire attrayante et qui a attiré notre attention et que nous avons voulu partager avec vous. Il s’agit de Madame Coulibaly Aminata Dembélé communément appelée «Amyest» par les intimes. L’épouse du Colonel à la retraite Ségui Coulibaly, ancien commandant du Groupement d’Intervention (GI) de Tilemsi dans les années 1991.
Nous sommes le 27 mai 1991, quand les groupes armés ont violemment attaqué le camp de Tilemsi, faisant 10 morts parmi les 16 gendarmes qui y résidaient dans cette journée fatidique. Selon plusieurs témoins approchés par nos soins, malgré les tirs nourris des groupes armés sur la position de ses maris, Mme Coulibaly a décidé de suivre attentivement le déroulement des combats. Toute suite, ayant remarqué qu’elle pouvait apporter son soutien à son mari dans cette rude épreuve, elle lui rejoignit sur la ligne de front. Surpris de voir sa femme à ses côtés et pis, sous feu tendu, le Colonel Ségui Coulibaly, lieutenant à l’époque des faits, lui demanda, d’après la confidence qu’il nous a faite: «Que fais-tu ici ?». Elle lui répondit en ces termes : «Je viens t’aider à approvisionner tes chargeurs en munitions». Ensuite, répondit lieutenant Coulibaly, à l’époque des faits : «Amy, tu peux ?». Du coup, Mme Coulibaly enchaine : «Oui, je te suivais dans tes actions de chargement».
«Quand on aime son mari, on est prête à mourir à ses côtés», dit-on. C’est ce lien intime qui a poussé Mme Coulibaly à effectuer les opérations de chargement pendant tout le temps qu’a duré les combats sans panique et avec détermination. Faut-il le souligner, quinze jours avant les combats du 27 mai 1991, elle avait échappé à une embuscade tendue à 30 kilomètres de Léré, en compagnie de son mari, quand elle revenait du marché de Léré pour l’achat de ses condiments. Malheureusement, l’un des occupants du véhicule a été mortellement atteint par une balle.
D’épreuve en épreuve avec son mari, explique-t-elle, elle décida de rester auprès de lui. «Je reste et je meurs là ou tombera mon mari», a-t-elle juré. Mme Coulibaly se rappelle de cette journée fatidique comme si ce fut hier. Cette guerrière intrépide est originaire du royaume de Kénédougou de Momo Traoré qui a combattu aux côtés des hommes pour la défense de l’intégrité du royaume. Elle se dite fière d’avoir vécu ces moments difficiles. Pour elle, c’était un devoir patriotique, mais aussi un engagement conjugal. Son seul regret aujourd’hui est de se voir sans assistance, ainsi que ses sœurs qui ont perdu leurs maris au cours de cette attaque barbare.
Agée aujourd’hui de 55 ans, elle évolue dans le domaine de la restauration, à travers son Groupement d’Intérêt Economique (GIE) «Balimaya TON» à Bolibana, une activité qu’elle exerce depuis plus de 30 ans. Madame Coulibaly Aminata Dembélé est la grande sœur de l’artiste-comédien Habib Dembélé dit Guimba national. Vivante aujourd’hui avec ses deux enfants dans un silence de mort sans reconnaissance de l’Etat malgré son âpre épreuve auprès de ses maris (gendarmes) en mission régalienne dans les années 1991.
Ousmane Diakité