Depuis l’incident du mardi dernier, notamment la convocation avortée de l’imam Mahmoud Dicko au Tribunal de Grande Instance de la Commune V du District de Bamako du fait de la pression de ses partisans, nombreux sont nos compatriotes qui restent confus et un peu perdus par des déclarations contradictoires entre le respecté imam et son porte-parole.
En effet, dans le feu de l’action, l’imam Dicko a non seulement fait savoir que ses propos tenus lors du meeting du samedi dernier ont été « mal interprétés », mais aussi qu’il n’est pas du genre à vouloir mettre ce pays à feu et à sang. Il appelait ainsi, tout en précisant qu’il « n’était pas au-dessus de la loi », ses partisans au calme et à se tenir prêts pour la manifestation finalement annulée qui était prévue pour aujourd’hui sur demande du saint chérif de Nioro du Sahel.
Le temps que ces derniers se dispersent, l’appel au peuple « à prendre son destin en main », le vendredi, s’est mué à un ultimatum visant la démission du Président de la République ! Un ultimatum qui tranche mal avec le discours tenu par l’imam quelques heures plutôt, à savoir qu’il « n’est pas du genre à vouloir mettre ce pays à feu et à sang », et invitant tous à « savoir raison garder ».
La marche, comme nous l’avons dit, est certes annulée, mais les choses sont assez claires, voire très claires pour ce qui concerne Mahmoud Dicko et ses partisans : ils en veulent au régime IBK, et ils veulent le départ avant l’heure du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Ils jettent ainsi le masque ! Mais dans leurs discours et démarches, il y a comme un air de vouloir prendre le peuple pour, excusez du terme, « crétin » !
Et cela semble être une habitude bien encrée chez-eux, car à la veille de chaque événement, c’est Issa Kaou Djim qui sort en premier pour baliser le terrain en des tons pas des plus courtois, et qui jurent le plus souvent avec le calme olympien de l’imam Dicko. Et c’est dans ces sorties qu’il y a souvent de dérapages verbaux, des failles et des contradictions qui irritent nombre de nos compatriotes, auprès desquels Mahmoud Dicko jouit portant du respect et de la considération.
Le 10 février 2019, pour un meeting censé être une tribune de prière et de bénédiction pour le Mali, les maliens ont plutôt découvert des gens déchainés, sous le parrainage du Haut Conseil Islamique que dirigeait encore l’imam Dicko, s’en prendre vertement au régime qui y a été du reste sommé de se défaire du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga. Ce qui fut fait face à la pression des leaders religieux qui menaçaient cette fois de s’en prendre au Président de la République lui-même.
Encore que c’était toujours le porte-parole de l’imam Dicko qui se fendait dans des déclarations incendiaires du genre ! « Depuis un moment, l’imam Mahmoud Dicko avait promis de faire appel à tous les Maliens, tout le monde est invité à sortir ce vendredi 5 avril, après la prière, à la place de l’Indépendance. Il s’agit dire les derniers messages au président de la République, il ne s’agit pas cette fois du Premier ministre, mais du président Ibrahim Boubacar Keita… Il ne va pas entendre le message qui lui est adressé, mais il va plutôt le voir… Trop c’est trop. IBK saura que le pays ne lui appartient pas…. »
Ça, c’est le message livré à la veille de la grande mobilisation du 5 avril 2019 sur la Place de l’Indépendance par Issa Kaou Djim. Le même qui, en l’espace de quelques heures, le jour de la convocation avortée de l’imam, transforma la rencontre qui était prévue pour aujourd’hui en une mobilisation visant la démission du Président de la République. D’aucuns racontent d’ailleurs que c’est ce qui aura amené le chérif de Nioro à demander à Mahmoud Dicko de surseoir à la marche. Motif : l’événement a été sorti de son contexte !
Qu’est-ce qui peut donc expliquer ces contradictions entre l’imam Mahmoud Dicko et son porte-parole Issa Kaou Djim ? Ne se concertent-ils pas avant de faire leurs sorties dans les médias ? Le porte-parole se donnerait-il trop de liberté au point de marcher sur la plate-bande de son patron ? En attendant d’y voir clair, le peuple se noie dans les turpitudes de ces deux hommes…
Le chérif de Nioro également, de qui est venue la décision de l’annulation de la mobilisation qui était prévue aujourd’hui, parce que le porte-parole de l’imam Dicko, en accord ou à l’insu de ce dernier, y avait changé l’ordre du jour !