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Axe Bamako-Paris : Le mauvais procès fait à Toumani Djimé Diallo !
Publié le vendredi 6 mars 2020  |  La lettre du Peuple
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de passation de service au secrétariat général de la présidence.
Bamako, le 11 septembre 2013 au palais de Koulouba. Le nouveau secrétaire général de la présidence, Mr Toumani Djimé Diallo a officiellement pris fonction.
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A cette célèbre phrase du président Charles De Gaules qui dit : « la France n’a ni d’amis ni ennemis, elle n’a que des intérêts à défendre », il faudra aussi ajouter désormais que la France n’aime pas la vérité ! Elle veut que ses anciennes colonies se taisent sur chacune de ses faiblesses. C’est le moins qu’on puisse dire au regard de l’incident diplomatique qui a secoué pendant 48 heures l’axe Bamako-Paris.


En voulant, dans un langage diplomatique irréprochable, attirer l’attention des autorités françaises sur le comportement peu orthodoxe de certains éléments de la légion étrangère dans les rues de Bamako, l’Ambassadeur du Mali en France, Toumani Djimé Diallo s’est attiré la colère de Paris. Si un rappel s’en est suivi, le désormais ex-Ambassadeur du Mali en France doit marcher la tête haute et le cœur libéré d’avoir dit plus haut ce que certains de ses chefs pensent tout bas.
« Qui est la France pour qu’on ne lui dise pas la vérité ? Très respectueux ex-ambassadeur du Mali en France, vous êtes un digne descendant de Soundjata Kéita. Monsieur l’Ambassadeur, soyez fier de vous, votre courage est historique. Excellence Toumani Djimé Diallo, toute l’Afrique consciente vous soutient. Je suis Toumani Djimé Diallo. Je suis Ambassadeur du Mali ». Dans le feu de l’action, l’ex-ambassadeur du Mali en France n’a pas été orphelin. Des messages de soutien et d’encouragement ont fusé de par toute la sous-région en son adresse sur les réseaux sociaux.
Dans son message, un internaute burkinabè va même plus loin en qualifiant la colère de la France de revancharde. « Toumani Djimé Diallo est un prétexte pour la France de se venger du Mali du renvoi du représentant français de la Minusma de Kidal », estime l’internaute. Pour rappel, le représentant français de la force onusienne, Christophe Sivillon, chef du bureau de la Minusma à Kidal qui avait souhaité la bienvenue aux délégations « venues du Mali et de l’étranger » lors du congrès du Mnla, à la fin de novembre, avait suscité la colère de Bamako. Il a été ensuite sommé de quitter le territoire malien dans 24 heures. Alors question : Toumani Djimé Diallo est-il une victime collatérale de cet incident diplomatique que la France n’a pas digéré ? Tout porte à le penser. Et tout montre que la France, à travers le Sénat français, était de mauvaise foi en privilégiant la colère à la raison. Toumani Djimé Diallo a parlé franc pour que la bombe déjà activée (le sentiment anti-français au Mali) soit désamorcée à temps, en regardant droit les membres du Sénat français pour cracher la vérité afin que le tir soit rectifié. Mais, il est resté le grand incompris. « Je vais vous parler franchement. Dans ces forces, il y a les officiers, il y a l’armée normale, mais il y a aussi les éléments de la Légion étrangère, et c’est là le problème. (…) Je vous dis, en vous regardant droit dans les yeux, que par moments, dans les Pigalles de Bamako, vous les y retrouvez tatoués sur tout le corps, en train de rendre une image qui n’est pas celle que nous connaissons de l’Armée française. Ça fait peur, ça intrigue et ça pose des questionnements. Le président Macron avait promis 200 militaires français de plus à Pau. C’est maintenant 600 parmi lesquels on a fait appel au troisième régiment de Nîmois, des Légions étrangères. C’est bien parce que c’est connu qu’ils sont âpres à la bataille et au combat. Mais ce ne sont pas le type de militaires qui, si on ne les encadre pas, donneraient une belle image de l’armée française. Je laisserai le soin à mon collègue du Tchad de dire certaines choses sur ce que la Légion étrangère qui a fait la bataille avec des résultats clairs, de bons résultats, mais parallèlement, il y a des débordements qui, lorsque la population s’en réalise, ça pose problème. Je me dois honnêtement de vous le dire… », avait dit le diplomate. Comme pour rendre service à l’Etat français, en attirant son attention sur ce qu’il ne sait pas forcément.
Pour la petite histoire, le diplomate répondait à une préoccupation soulevée par le Sénat français qui estime l’existence d’un sentiment anti-français au Mali. « Il n’y a pas véritablement un sentiment anti-français au Mali. Il y a eu un moment donné un ressenti au sein de la population contre la présence militaire française. Et pour plusieurs raisons. D’abord avec tant d’hommes, on s’attendait à une lutte plus brillante, avec plus de résultats et moins coûteuse en vies humaines. On se demande pourquoi avec tous ses moyens déployés, comment se fait-il que ça se passe ainsi. Que se passe-t-il », avait expliqué le diplomate, en plus des raisons évoquées plus haut. Où est le péché ? Ne dit-il pas un proverbe bambara que si ton ami ne te dit pas la vérité, il faut payer ton ennemi pour qu’il te la dise ? La France voulait les raisons profondes de la montée fulgurante du « sentiment anti-français » au Mali, et Toumani Djimé Diallo n’a fait que dire ce que ses chefs murmurent entre eux au sommet de l’Etat. Alors question : la France va-t-elle rater l’occasion idéale, maintenant qu’elle a toute la vérité, de rectifier son tir dans ses relations de soutien au Mali contre les forces du mal ? C’est là toute la question !
Moussa Koné
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