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Abdoul Karim Traore dit DIOP : Le lion est mort
Publié le lundi 18 juin 2012   |  Les Echos




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Le Mali vient de perdre un talent fou : poète, écrivain, guitariste, ex-député, médecin du peuple, humaniste, militant, garde-fou, clandestin mais ô combien triomphateur !
Il y a de ces jours, le cœur en compote, nous n’avons envie que de pleurer toutes les larmes de notre corps mais certaines larmes ne tombent jamais et restent suspendues entre les cieux et la terre. La mort de celui qui aura vécu une belle vie ne peut être que célébration et non désolation. Mais bon Dieu, nous avons si mal. Le professeur Abdoul Karim Traoré dit Diop nous a laissés seuls ce vendredi 15 juin 2012.

Le médecin est mort, celui qui a soigné et sauvé la vie de milliers de personnes est mort. Celui qui a pris soin des orphelins et des veuves est mort. Celui-là qui lève des fonds pour construire et équiper des hôpitaux est mort. L’un des pères des centres de santé communautaire (Cscom), du Festival de masques et de marionnettes de Markala, du Salon de l’éducation de Markala est mort. Le président de l’Association pour la démocratie et la justice (ADJ) est mort. Ironie du sort, lui qui guérissait les maladies incurables n’a pu trouver de remède au mal qui le rongeait.

Je suis doublement peiné car le Pr. Diop s’en est allé au moment où le pays est devenu une jungle. Je me rappelle encore notre dernière rencontre ce mercredi 6 juin 2012. Je l’ai vu pensif et surtout blessé par le Mali d’aujourd’hui, une nation malade des dérives et de la haine du Nord au sud. L’épreuve de trop.

Sur ce long chemin de croix qu’est la vie, nous croisons des millions de personnes et très peu façonnent notre existence. Pour beaucoup, il aura été un mentor, un exemple de courage et de bienveillance. Le Mali vient de perdre un talent fou : poète, écrivain, guitariste, ex-député, médecin du peuple, humaniste, militant, garde-fou, clandestin mais ô combien triomphateur ! N’aie crainte tonton, car tu nous a contaminés. Oui, l’activisme généreux est une affection contagieuse. Nous continuerons de lutter, à nous battre pour défendre les valeurs républicaines et humanistes.

Le lion s’en est allé dormir. Ne plus te revoir est un gros calvaire mais point de larmes. Comme le dirait Shakespeare : « Ce qui ne peut être évité, il faut l’embrasser ». Nous tes enfants, tes amis, tes collègues, tes compagnons de lutte, tes étudiants, tes patients, nous t’embrassons très très fort. Ton souvenir, tes rugissements pour la défense du genre humain resteront à jamais gravés dans nos cœurs. Nous remercions le Bon Dieu d’avoir croisé ton chemin. C’est peut-être ça la beauté de la vie.

Un seul regret m’anime, celui de ne pas t’avoir vu partir dans un Mali en paix mais dors en paix mon cher tonton Diop et merci infiniment d’avoir été un bienfaiteur, un baume miraculeux contre les maladies du corps et de l’esprit.

Birama Konaré

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