Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Gouvernance et gestion de la crise malienne : L’Imam Mahmoud Dicko le religieux sur qui le Mali compte depuis 1992 !
Publié le samedi 7 mars 2020  |  Carrefour
L`imam
© Autre presse par DR
L`imam malien Mahmoud Dicko lors du lancement de son mouvement politique la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), le 7 septembre 2019 à Bamako.
Comment


L’Imam Mahmoud Dicko est un homme Célèbre au Mali. Ayant fait des études sur l’islam au Mali, ensuite en Egypte, il est polyglotte, car il parle peul, bambara, sarakolé, sonrhaï, français, anglais etc… C’est un homme de réseau, donc bien informé sur les questions de gouvernance, et de sociétés. Il est un acteur de l’avènement de la démocratie en 1991 bien avant l’entrée du Président IBK dans la politique. A l’époque il était membre de l’Association malienne pour l’unité et la promotion de l’Islam (AMUPI). Depuis l’avènement de la démocratie ses rapports avec les présidents maliens de l’ère démocratique ont connu diverses fortunes.
En effet de 1992 à 2000, il avait de bons rapports avec le Président Alpha, qui ne manquait pas très souvent de leur gratifier avec des billets de dollars américains que le Président Kadhafi offrait à Alpha à chacun de ses voyages sur la Libye. Rappelons que le Président Alpha a fait pendant ses dix ans de règne 57 voyages en Libye soit en moyenne 5,7 par an. Cette amitié s’est étendue à IBK lorsqu’il fût nommé premier Ministre d’Alpha en 1994. A l’époque Alpha croyait aux miracles des versets coraniques. Afin de choisir un troisième premier Ministre au bout de trois ans de pouvoir mouvementé dans le but de stabiliser le pays, Mahmoud Dicko a été choisi par Alpha pour lui conseiller parmi trois noms à savoir Mohamed Lamine Traoré, Ibrahim Boubacar Keïta et Soumeylou Boubèye Maïga. Le choix final est tombé sur le Ministre des affaires étrangères à l’époque qui était IBK.

Depuis les deux hommes sont devenus des confidents, du fait que l’un a été à la base de l’ascension de l’autre. Plusieurs grèves de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) ont été cassées grâce à cette nouvelle amitié et aussi du fait que l’Imam amenait les responsables des grévistes nuitamment chez IBK. Ils s’en sortaient toujours avec les poches pleines de sous.

Avant la fin du mandat, Alpha a commencé à prendre des distances par rapport l’Imam pour deux raisons à savoir que Alpha se persuadait de plus en plus qu’il devenait extrémiste religieux et aussi, qu’il a de bons rapports avec IBK qu’il projetait de limoger bientôt.

En fin de mandat, Alpha Oumar a décidé de mettre en place une association faitière des associations musulmanes pour éviter le désordre au niveau de cette catégorie de la population. Pour ce faire Alpha a tout fait pour éviter que l’Imam Dicko prenne la tête de ladite association. En lieu et place, c’est le vieux Thiam de Lafiabougou qui a été choisi.

Dès lors, les deux hommes n’avaient plus de bon rapports jusqu’au départ d’Alpha de la présidence en 2002. Du coup les liens ont été renforcés avec IBK, candidat en 2002 à la présidence de la République du Mali. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, l’Imam Dicko a mis pieds et mains au Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) afin que IBK soit leur premier choix. Ce qui fut fait. Mais Alpha avait déjà son plan, arrêté depuis 1992.

En effet, pendant la transition le président du Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP)a fait un deal avec le candidat de l’ADEMA en lui donnant 600 millions F CFA comme fonds de campagne contre son retour au pouvoir après les deux mandats de l’ADEMA à la présidence de la République du Mali. C’est la raison pour laquelle, IBK n’a pas reçu l’appui d’Alpha en 2002 au contraire Alpha l’a combattu. Mais il est bon de signaler qu’à travers Feu le général Sory Ibrahima Syllah, Alpha avait informé IBK de ce deal et qu’il tenait à respecter cet engagement. Aussi, Alpha a mis en garde IBK, qu’il l’arrêtera si jamais il allait à l’encontre de cet accord entendu entre l’ADEMA, Alpha et ATT. Malgré les protestations d’IBK, ATT est venu au pouvoir alors que tout le monde savait que c’est IBK qui avait eu la majorité de 52,02% dès le premier tour de l’élection. Pour éliminer IBK. Alpha a semble-t-il mis le colonel Soumaïla Cissé en mission qui consistait à faire perdre les procès-verbaux du vote dans les communes I, II et III, soit 500 000 voix de perdues pour IBK. A la lecture du résultat provisoire des élections, le Ministre Ousmane Sy de l’administration bégayait et trébuchait sur les chiffres. Dès lors les militants RPM ont tout compris.

A partir de ce soutien, nous comprenons, la tension qui a existé entre ATT et Mahmoud Dicko. Aussi Alpha avant de partir de Koulouba a averti ATT de ne pas laisser Mahmoud Dicko accéder à la présidence du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM).

Heureusement pour Mahmoud Dicko, il y a eu des visiteurs nocturnes chez ATT pour plaider la cause de l’Imam Dicko. Parmi ces démarcheurs nocturnes il y avait Amadaou Syllalh, l’un des Vice-Présidents de l’Assemblée Nationale Feu Modi Syllah Président de l’AMUPI. Ils ont rassuré ATT comme quoi, il n’y aura aucun débordement dans ses activités et qu’ils seront là pour l’encadrer. Croyant en ces paroles, ATT lui a laissé prendre la tête de l’association faitière des musulmans du Mali.

Le premier désaccord entre Dicko et ATT viendra du vote de la loi relative au code des personnes de la famille voté en août 2009 par l’Assemblée Nationale du Mali. Cette loi a été jugée incongrue par rapport à notre pratique de la religion musulmane. Pour riposter contre ladite loi, l’Imam à la tête du Haut Conseil Islamique du Mali a lancé un appel à la population à venir au stade du 26 mars protester et mettre le régime en demeure contre la promulgation de ladite loi. Par la suite, le gouvernement, a dû reculer en allant à une seconde lecture de la loi, avant sa promulgation.

Après cette victoire, l’Imam Dicko n’a pas manqué une seule occasion lors de la présentation des vœux de nouvel an à Koulouba pour fustiger la gestion gouvernementale qui exclut la plus large franche de la population que sont les musulmans.

Pour rappel l’Imam Dicko est le dernier dirigeant à se faire appeler par ATT à travers feu le Général Kafougouna Koné assiégé par la junte militaire le 22 mars 2012, pour lui venir en aide, tout en faisant raisonner les mutins.

Après la chute d’ATT, l’Imam est le premier dirigeant auquel les militaires ont rendu visite afin de lui expliquer les contours de la nouvelle situation. Notons que les musulmans en tant que première force à soutenir IBK en 2013, n’ont pas eu satisfaction dans l’application au mémorandum qu’il a eu à signer avec les religieux du Mali, excepté le fait qu’une quarantaine de véhicules 4×4 a été distribuée aux familles maraboutiques du pays ainsi que l’envoi au pèlerinage de plus de 2000 religieux au compte de l’Etat. Avec toutes les largesses d’IBK en sa faveur l’Imam aurait pu se tenir droit dans sa botte, si c’est son seul intérêt qui était en jeu. Mais non, c’est un pays en crise dont a hérité IBK. L’Imam a voulu l’aider pour sortir le Mali de cette crise multidimensionnelle. Mais, les magouilles, les promesses non tenues de la part du régime,la corruption et détournements dans l’affaire des avions en épave et des faux blindés payés sur les ressources des populations, sans aucune conséquence pour les fauteurs ont fini de lasser l’Imam Dicko.

La situation est devenue en terme de gestion du pays catastrophique. Seul l’intérêt de ‘’ma famille d’abord’’ était prioritaire, surtout aussi l’affaire de la disparition du jeune journaliste Birama Touré, et la soumission totale d’IBK à la France dans la gestion de la crise malienne en ont été de quelques choses dans la déception de l’Imam et des maliens.

Notons que IBK et Soumeylou Boubèye Maïga l’ont fait monter sur la branche de l’arbre et une fois au sommet, ils ont coupé le tronc d’arbre pour le faire tomber et l’humilié. IBK l’a même traité de relais des djihadistes à Bamako, tellement le feu couvait sous la cendre. C’est-à-dire qu’entre le diktat de la France et la volonté des maliens, IBK a choisi le camp de la France contre les intérêts du Mali. Cette mal gouvernance a été l’occasion trouvée par l’Imam et les maliens pour sortir leurs griffes lors de plusieurs marches et meetings dans la capitale du Mali. Chacune des marches a enregistré des dizaines de milliers de gens fâchés contre la gestion d’IBK. Par ces actes, l’Imam Dicko a supplanté tous les partis politiques dont aucun ne peut mobiliser une telle foule. Il a détrôné malgré lui-même, le chef de file de l’opposition, du coup. Il est devenu plus tranchant finalement que l’ensemble des partis de l’opposition par la force de son courage et de son engagement.

La dernière en date est son meeting au palais de la culture où 6000 personnes sont venues l’écouter. Au cours de ce meeting, il a non seulement décrié la gestion de l’achat des avions en épave et des faux blindés payés sur les ressources des populations, sans aucune conséquence pour les fauteurs. Aussi il a lancé lors de son meeting du samedi dernier, un appel aux chefs djihadistes Iyad Ag Ghally qu’il connait bien depuis 1992. Ils se rendaient réciproquement visite à l’époque et même ils priaient ensemble. A cause de leur amitié, Iyad a fait lâcher plus de 160 soldats maliens pris au piège du déclenchement de la rébellion de 2012. Cet exploit est à son seul compte. C’est important de le préciser.

Quant à Amadou Koufa, ils se connaissent très bien socialement car ils sont tous peuls et sur le plan religieux, ils sont tous des prêcheurs. L’Imam doit être pris au sérieux. Il ne fait rien au hasard. De nos jours ses militants, sympathisants et co-religionnaires sont plus nombreux que tous les membres unis des partis politiques. Il semble être plus politique que tous ces hommes qui portent le nom ‘’d’homme politique’’ y compris IBK. L’Imam n’a jamais été novice en politique. On peut même dire que l’Imam Dicko s’est marié à la politique avant 1992.

La question que l’on se pose est de savoir si la quatrième République viendra-t-elle grâce à l’Imam Mahmoud Dicko ?

Seydou Diarra


Commentaires