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Crise au Mali : Le mois de mars le mois de tous les dangers pour regimes du Mali !
Publié le samedi 7 mars 2020  |  Carrefour
Moussa
© AFP par FRANCOIS ROJON
Moussa Traoré
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Souvenons-nous que la marche vers la révolution à partir de 1990 a fait naître le 15 octobre, l’Association des Jeunes pour la Démocratie et le Progrès (AJDP), ensuite le 18 octobre de la même année, l’Association du Congrès d’Initiative Démocratique (CNID) a été créée par Me Mountaga Tall et ses amis. Ce fut le tour de l’Alliance pour la Démocratie au Mali (ADEMA) constituée par des personnes venues du Parti Malien du Travail (PMT), PMDR, FDPM, et l’US-RDA d’être créer le 25 mai 1990.
Deux mots reliaient tous ces mouvements à savoir démocratie et pluralisme politique. Cette revendication était ancienne et lancinante au Mali, depuis l’avènement du Comité Militaire de Libération Nationale. Mais pour une fois, la France a entendu l’appel des africains à travers le fameux discours de la Baule de François Mitterrand lors de la 16 ème conférence des chefs d’état de France et d’Afrique. Simultanément, les peuples de l’Europe de l’est sous le joug de l’Union Soviétique ont commencé à se libérer. C’est dans une atmosphère de rejet de la démocratie et du pluralisme que c’est en trois vagues successives que les mouvements démocratiques s’en sont pris au pouvoir du général Moussa Traoré.

Les hostilités ont recommencé le 3 mars lorsque plusieurs milliers de personnes défilaient, à l’appel des « organisations démocratiques », avec toujours le même leitmotiv : « la liberté, la démocratie, le multipartisme ». La répression a été violente et déjà des morts ont été déplorés. Quinze jours plus tard, le 18 mars, ont commencé les journées les plus terribles dans les manifestations. Elles ont pour initiatrice principale l’AEEM qui entendait commémorer l’assassinat de son leader, Abdoul Karim Camara (Cabral) en mars 1980. Les autres mouvements et associations se sont joints à elle. La manifestation a été dispersée dans la violence ; les jeunes ont répondu aux harcèlements des militaires et autres forces de l’ordre par des jets de lance-pierres, des jets de cailloux, de cocktails Molotov ou tout autre projectile. Cette véritable guérilla urbaine a concerné non seulement la capitale, mais a touché aussi toutes les grandes villes régionales. Pour répliquer la police a usé de tous les moyens. Cette stratégie s’est poursuivie du 19 mars au 25 mars, en faisant de nombreux morts et blessés. Le 22 mars, le chef de l’Etat est sorti de son silence pour déplorer les morts, mais a promis la poursuite de la répression en cas de manifestations tout en annonçant des « innovations politiques » après le congrès de l’UDPM qui était prévu pour le 28 mars. Le lendemain, les manifestants n’en avaient cure et les combats, surtout avec les jeunes, se sont poursuivis jusqu’au 25 mars. Mais la vendetta a gagné tout le pays, les mécontentements s’étant agrégés les uns aux autres : les revendications des scolaires, celles des fonctionnaires, des jeunes diplômés chômeurs, des oisifs, des travailleurs, des femmes et mères de famille. L’UNTM a décrété une grève générale illimitée, les échauffourées et affrontements s’accompagnaient de saccages de bâtiments publics et parfois privés, d’entrepôts, d’installations industrielles, de pillages. Tout le monde a voué le président et son parti aux gémonies, et tout le monde réclamait sa démission et dans ce désordre, on continuait à tirer et à faire des morts.

C’est dans ce contexte que dans la nuit du 25 au 26 mars, un groupe d’officiers, ayant à leur tête le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré, arrêta Moussa Traoré et ses derniers fidèles. Ces soldats ont formé un conseil de réconciliation nationale (CNR), ils ont suspendu la constitution, prononcé la dissolution de l’UDPM et du gouvernement. Le régime militaro-civil de la 2ème République aura donc vécu. Il était clair que ceux qui le dirigeaient ont manqué de vision historique ; ce n’était pas tout : ils n’ont pas su répondre à l’aspiration du peuple malien à la démocratie, à l’égalité et à des conditions de vie décente. Et il était regrettable qu’ils aient oublié les promesses faites le 19 novembre 1968.

Le nouveau régime s’est attelé à la mise en place de nouvelles institutions, celles de la 3ème République dont la marque essentielle se voulait être la démocratie.

Après une décennie de démocratie sous la conduite d’Alpha Oumar Konaré, l’acteur de l’arrestation du général Moussa Traoré en la personne d’ATT est devenu le 2ème président démocratiquement élu après avoir pris sa retraite de l’armée.

Il a fait un premier mandat bien rempli et même jusqu’à la fin de son deuxième mandat avec des multiples infrastructures réalisées, il fut détrôné le 22 mars 2012 à la suite d’une mutinerie des jeunes officiers non contents de la gestion de la rébellion de janvier 2012.

Les hommes politiques le soupçonnaient d’entretenir l’insécurité au nord pour éviter de quitter le pouvoir sous prétexte qu’il y a une grave crise dans les régions du nord. Pour la deuxième fois, le mois de mars est devenu fatal à deux régimes au Mali.

Après 18 mois à la tête de l’état, le président de la transition Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée Nationale, Ibrahim Boubacar Keïta est venu au pouvoir avec l’appui de la junte militaire à laquelle il avait promis de ne pas les envoyer à la Cour Pénale Internationale (CPI).

En effet les membres de cette junte étaient accusés d’avoir assassinés 21 bérets rouges du 33ème bataillon des parachutistes de Djicoroni-para. Ayant hérité d’un accord signé entre le Mali et les groupes armés du nord du Mali sous l’égide de la Communauté Internationale, IBK a commencé son mandat en refusant son application. C’est donc dans cette atmosphère de refus, qu’il a fait envoyer son premier ministre à Kidal et par la suite 1 500 militaires pour conquérir la ville de Kidal. Une défaite honteuse s’en est suivie de la part des FAMA, toute chose qui a fait perdre Kidal et le pays s’est divisé en deux territoires théoriquement dans un premier temps, ensuite par le fait de la signature de l’accord d’Alger signé le 20 mai 2015. Ce qu’il faut retenir en plus, c’est que la gestion d’IBK a commencé par la corruption, la délinquance financière, la surfacturation, le clientélisme, les promesses non tenues, la manque de projets, le meurtre du journaliste Birama Touré, les crises sociales à répétition, des voyages dépensiers, n’ayant aucune retombée sur le quotidien du peuple malien.

Les partis politiques ont vendu leurs âmes au président IBK, excepté quelques-uns qui tentent encore de vouloir sauver le Mali. Le vide laissé en termes de combats politiques, de rôle de gardiens de la démocratie par les partis politiques a été comblé par les religieux, en qui le peuple croit désormais. Les fers de lance de ses nouveaux sentinelles de la démocratie malienne sont le Cherif de Nioro et l’Imam et prêcheur intellectuel, Mahmoud Dicko. Il était ami d’IBK depuis 1994, jusqu’en mars 2018. Le manque de patriotisme, de nationalisme, de considération envers le peuple malien, la gouvernance exercée à travers ‘’ma famille d’abord’’ a fini de faire sortir l’Imam Dicko de son gong après plusieurs recadrages. La dernière en date est son meeting d’information du 29 février 2020 au palais de la culture sur l’enlisement de la gouvernance malienne. C’est au cours de ce meeting, qu’il a averti le président IBK, en ces termes : Si le Gouvernement ne fait rien, le peuple prendra sa responsabilité à partir du vendredi 6 mars 2020. Qu’il est inacceptable de négocier avec le Gouvernement pour faire appliquer les lois de la République. Pour ce faire, il a invité tout le peuple malien de Kayes à Kidal à sortir ce vendredi 6 mars 2020 pour dire non à la soumission, non au mensonge du pouvoir, non à la corruption. Ce vaste mouvement projeté en ce mois de mars, va-t-il être le vecteur de l’avènement de la quatrième République au Mali ?

En tout cas, il y a des signes annonciateurs dans le temps. Déjà deux fois les régimes sont tombés au mois de mars, pourquoi pas un troisième ?

Que Dieu nous en garde.

Seydou Diarra

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