Capitaine de l’équipe des Amazones de la commune V, Zeinabou Sidibé est une passionnée du ballon rond depuis son jeune âge. Elle joue au football par passion et n’a jamais voulu l’abandonner, malgré de multiples contraintes auxquelles elle a été confrontée, notamment à ses débuts. Actuellement en Sierra Leone avec les Aigles Dames du Mali dans le cadre du tournoi Ufoa Dames, SeySey, comme on la surnomme, est en train de subjuguer les observateurs du ballon rond pour sa toute première sélection sous les couleurs de la sélection nationale, à travers des performances tonitruantes. Portrait !
Elles sont nombreuses les jeunes filles passionnées de football à avoir abandonné leur passion suite au refus de leurs parents de les voir sur un terrain de foot. Cependant, il y en a qui, malgré ce refus parental, ont su rester et maintenir le cap et y tracer leur chemin dans ce sport. Zeinabou Sidibé fait partie de celles qui, par amour, ont su tracer leur chemin dans le football. “Pourtant, je n’ai jamais pratiqué le football pour de gros contrats professionnels. Je trouve du plaisir dans ce sport et c’est une source de paix pour moi”, précise-telle.
Détenteur d’un DUT en gestion de commerce, un certificat en anglais comme seconde langue, une licence en marketing et communication et un master en logistique et management des opérations, SeySey ne pratique le football que par passion car elle travaille depuis des années à l’aéroport international de Bamako dans une société d’assistance. Pour sa toute première sélection en équipe nationale féminine du Mali, dans le cadre du tournoi Ufoa Dames qui se déroule depuis le 25 février dernier sur sol Siéra-léonais, SeySey fait exploser son talent avec des performances incroyables. En quatre matches, la jeune attaquante a fait trembler les filets adverses à 5 reprises. Ce qui fait d’elle la 2e meilleure marqueuse de ce tournoi derrière sa coéquipière Agueicha Diarra (7 buts). Son équipe s’est brillamment qualifiée pour la finale après 4 victoires en autant de sorties dans cette compétition zonale.
Cependant, pour arriver à ce stade, Zeinabou Sidibé a dû faire beaucoup de sacrifices pour pouvoir vivre sa passion du football, un sport qu’elle aime depuis son âge. “Je suis une passionnée du football et je ne saurais vous dire comment je suis devenue footballeuse. Je dirai plutôt que c’est inné”, nous explique SeySey qui, comme de nombreuses filles, a commencé à taper dans le cuir dans la rue en compagnie des garçons. “Au fur et à mesure, j’ai développé un intérêt particulier pour cette discipline”, nous explique SeySey dont les parents n’ont pas été d’accord avec son choix de devenir footballeuse. Les études sont plus importantes pour eux. De plus, ils se disent que le football féminin n’a pas vraiment d’avenir pour une femme. “Ils ont essayé de me décourager, mais avec le temps, ils ont compris que c’était plus qu’une passion pour moi. Ce qui fait qu’ils m’ont laissée jouer vu que c’est la chose qui m’épanouit le plus au monde” ajoute-t-elle.
Aujourd’hui capitaine de l’équipe des Amazones de la commune V, leaders du championnat national féminin du Mali avec 10 points après quatre journées disputées, le parcours de SeySey est inspirant pour les jeunes filles qui veulent pratiquer le sport roi au Mali. “J’avais l’habitude de jouer avec les garçons dans la rue, à l’école aussi lorsqu’il y avait des compétitions interclasses, notamment au second-cycle. Souvent, d’autres écoles venaient me chercher pour aller jouer avec elles”.
C’est à travers ces matches interscolaires qu’elle a été repérée en 2008 par les Amazones de la commune V. Mais elle n’y restera pas longtemps car après son baccalauréat, en 2010, ses parents l’envoient au Canada pour des études. “Au Canada, j’ai continué à jouer car je jouais pour mon école et aussi pour d’autres équipes de la ville de Montréal. J’ai eu davantage confiance en moi quand je suis partie au Canada car j’ai été plusieurs fois meilleure joueuse, meilleure buteuse et j’étais sollicitée d’un peu partout”, nous raconte SeySey qui a dû même refuser, au Canada, une opportunité en or de devenir footballeuse professionnelle : “J’ai refusé car mes parents n’ont envoyée au Canada pour les études, pas pour le football. Je me sentais dans l’obligation d’honorer ma part du contrat envers mes parents qui ont déboursé beaucoup d’argent pour ces études”, ajoute-t-elle.
SeySey encourage les jeunes filles, qu’elles soient sportives ou évoluant dans d’autres domaines, à poursuivre leur passion car c’est la clé de toute réussite. Cependant, elle invite d’ailleurs les parents à accepter le choix de leurs filles car si on se sent soutenue dans ce qu’on fait, on peut réussir facilement.
Aussi, elle lance un appel aux dirigeants sportifs maliens de gérer le football féminin de la même manière que le football masculin. Car le foot féminin n’est pas très pris en compte au Mali alors qu’il regorge de talents. “Avec l’arrivée de cette nouvelle commission, j’espère qu’il y’aura des améliorations au niveau du football féminin”, espère-t-elle.
Pour le moment, l’objectif de SeySey est d’aider le Mali à remporter son premier trophée international chez les Dames, ce samedi, contre le Sénégal en finale.