Dans un communiqué publié le samedi 7 mars 2020, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) de l’honorable Soumaila Cissé a déploré plusieurs insuffisances dans l’organisation des législatives en cours. Ces manquements sont, entre autres : le maintien de la CENI dont le mandat a expiré depuis décembre 2018, des faiblesses au niveau du fichier électoral, l’insécurité, l’exclusion des 11 circonscriptions crées depuis 2012 dans les régions de Taoudeni et de Ménéka…
Point par point, le groupement politique d’opposition dirigé par le député de Niafunké fustige les manquements dans l’organisation des législatives.
D’abord au niveau de la CENI, le FSD dénonce le maintien de ce bureau dont le mandat a pris fin depuis 2018. Pis, certains membres de l’opposition dans cette structure ont changé de camp. C’est le cas des représentants du Parena , PRVM Fasoko et de l’ADP-Maliba. Le principe de nombre de membres équitables entre la majorité présidentielle, l’opposition et la société civile est violé. « Le maintien d’une CENI en charge de l’organisation de l’élection dont le mandat a expiré depuis décembre 2018, et sa composition, en principe paritaire entre la société civile (5 membres), la majorité (5 membres) et l’opposition (5 membres) est totalement penchée en faveur de la majorité qui y compte désormais 8 membres après le ralliement de l’ADP – Maliba, du Parena et du PRVM à cette majorité », déplore-t-on dans le communiqué. Selon le FSD, les représentants de ces trois nouveaux partis de la majorité présidentielle « doivent être impérativement remplacés par des membres de l’opposition ». Et le communiqué précise que des noms ont déjà été soumis au gouvernement par le Chef de file de l’opposition à cet effet.
À en croire le communiqué signé par le président de l’URD, cette violation de la loi a été signalée par la lettre N° 003/2020-CCFOP adressée au ministre de l’Administration territoriale avec une ampliation au Premier ministre. « Aucune réaction du gouvernement n’a été enregistrée à ce jour », déplorent les membres du Front pour la sauvegarde de la démocratie.
Parlant du fichier électoral, le FSD trouve « inacceptable » que les noms de 400.000 personnes décédées paraissent dans le document audité. « Le Fichier électoral nonobstant son récent audit contient toujours des « faiblesses » (dixit le président de la CENI) non encore corrigées, en l’occurrence, selon la CENI elle-même environ 400.000 noms de personnes décédées non expurgées sans compter l’absence de plusieurs autres centaines de milliers de nouveaux majeurs. Ces deux leviers, à eux seuls, permettent de fausser substantiellement les résultats du vote. Ce qui est inacceptable », lit-on dans le communiqué.
La dégradation de la situation sécuritaire est l’un des manquements dans l’organisation des législatives, selon le FSD. « Le contexte sécuritaire continue de se dégrader quotidiennement et, le gouvernement qui n’arrive à assurer ni la sécurité de ses propres agents (administrateurs, juges et enseignants qui se sont repliés vers des localités moins exposées, écoles, tribunaux et centre de santé fermés) ni même celles des camps auparavant disséminés entre différentes localités qui se sont regroupées n’est manifestement pas à même de protéger les candidats, leurs militants, les meetings, les électeurs, et les bureaux de vote », a indiqué le groupement politique du chef de file de l’opposition. Le FSD va loin en ajoutant : « Les récentes déclarations du ministre de l’Administration territoriale sur un éventuel regroupement des bureaux de vote par « secteur », celles du Premier ministre et de la Minusma demandant le redéploiement « des administrateurs, préfets et sous-préfets dans les différentes circonscriptions » sont autant de confirmation de nos réserves et craintes exprimées déjà dans notre précédente Déclaration sur ce sujet ».
À en croire cette force politique, il est incompréhensible que le régime se lance dans un processus électoral d’envergure nationale, alors qu’aucune mesure concrète de retour des Forces de défense et de sécurité nationales, de l’Administration et des services sociaux de base, n’est visible pour garantir la sécurisation du territoire national, des citoyens, des éventuels candidats (dont beaucoup ne pourraient effectuer le moindre séjour dans leur circonscription à fortiori battre campagne) et du processus électoral annoncé.
La question de la nécessité des réformes du système électoral a refait surface dans le communiqué du FSD. « Le FSD estime que la fin du mandat prorogé des députés au 2 mai 2020, n’empêche pas de discuter, de convenir et d’adopter, par voie d’ordonnance, des réformes en matière électorale discutées et convenues au sein du Cadre de concertation entre les partis politiques, les acteurs électoraux et les départements ministériels chargés des questions électorales, permettant ainsi de redonner confiance à tous les acteurs dans les réformes législatives et le processus électoral », a précisé le communiqué de l’ancien challenger d’IBK.
Ce front politique d’opposition s’insurge aussi contre l’exclusion de certaines circonscriptions électorales au nord du Mali. « Le Gouvernement organise enfin cette élection de façon non inclusive en excluant 11 circonscriptions créées depuis 2012 dans les régions de Taoudeni et de Ménéka. Ce faisant, le Gouvernement porte gravement atteinte à la Loi électorale qui oblige à tenir l’élection législative sur l’ensemble du territoire ou à ne pas la tenir et fragilise ainsi encore un peu plus la cohésion nationale », a précisé le communiqué du samedi.
Compte tenu de toutes ces insuffisances, le FSD doute même de la possibilité de la tenue du scrutin de mars. « À l’allure où vont les choses, le FSD constate l’impossibilité d’organiser des élections législatives dans des conditions optimales de réadaptation du cadre électoral, de garantie de l’intégrité, de transparence, de crédibilité du scrutin envisagé et surtout de sécurité », lit-on dans le communiqué de Soumaila Cissé qui tient le Gouvernement « responsable des conséquences fâcheuses de la mauvaise organisation des élections législatives » notamment sur l’intégrité physique, sur la vie des citoyens, candidats et agents électoraux, ainsi que sur la destruction de leurs biens.