La réponse de nos chefs terroristes les plus nuisibles à l’offre de dialogue qui leur a été faite par les autorités en place est tombée dimanche dernier et le président IBK en est certainement le dernier surpris. Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa, les deux meneurs de Ançar dine, l’un pour le nord et l’autre pour le centre, ont fait savoir qu’ils ne s’assèyeront autour d’une table de discussion qu’à la condition sine quoi non du retrait du Mali de toutes les troupes «étrangères». Entendez la MINUSMA – même si elle ne les inquiète pas singulièrement – l’opération Barkhane et le G5 Sahel.
Une absurdité à front de bœuf.
Ces deux hommes, si grands soient leurs exploits dans les massacres des militaires maliens, des casques bleus (le Mali a la triste réputation d’être le pays au monde où ils meurent le plus) et des populations civiles, ne sont que les leaders de la composante malienne du » Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSM) « . Lequel comprend aussi une composante algérienne formée de l’Emirat du Sahara et de la katiba Al Mourabitoune. Le tout étant inféodé à AQMI, dirigé par Abdelmalek Droukdel, lui-même soupçonné d’entretenir des liens douteux avec les services spéciaux algériens.
C’est dire que Iyad et Koufa, lorsqu’ils réclament le retrait des forces » étrangères » ne le font pas en leur seul nom et pour leur seul compte, mais au nom et pour le compte de forces plus puissantes s’activant pour des enjeux qui les dépassent.
Leur exigence est inacceptable car elle signifierait livrer le Mali à des groupes terroristes algériens qui, tout en prétendant lutter pour la gloire de l’islam, servent en réalité les intérêts stratégiques de leur pays au détriment du nôtre. C’est un fait que depuis l’implantation d’AQMI au septentrion du Mali, la mise en valeur des gisements pétroliers de Taoudenni, confiée à une filiale de la société d’Etat algérienne Sonatrach, a été abandonnée. Faisant du coup du Mali l’unique Etat du Sahel non producteur de pétrole.
L’Etat islamique au grand Sahara (EIGS), comme son nom l’indique, est la branche sous-régionale de l’organisation de l’Etat islamique, autrement appelée » Daech » dont le but proclamé est de détruire la civilisation occidentale décrétée » haram » (interdite) et la remplacer par celle islamique à l’échelle mondiale. Son meneur est le Marocain des provinces du sud, Adnane Abou Walid Sahraoui. Un retrait des troupes « étrangères » ferait bien son affaire.
Autant Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa disposent d’une marge très étroite pour dialoguer avec Bamako (sauf à rompre avec AQMI et ouvrir la voie à une guerre sanglante entre terroristes à l’issue incertaine pour eux) autant les autorités maliennes ont dû réaliser la limite de leur initiative.
Le Mali n’est pas, en effet, seul concerné par le péril terroriste. Il appartient à un espace qui est tout aussi menacé. C’est la raison pour laquelle la CEDEAO, l’Union africaine (UA), la France, l’ONU se sont mobilisées pour mettre en place la MINUSMA, l’Opération Barkhane, la Force commune du G5 Sahel à l’effet de contrer l’hydre terroriste et l’éradiquer.
Dans cette entreprise des centaines de casques bleus africains, français, d’autres nationalités ont trouvé la mort. Il est donc déraisonnable que Bamako se lève un beau matin pour nouer un dialogue solitaire avec les assassins de ces Africains, de ces Français, de ces soldats d’autres nationalités.
Si dialogue il doit y avoir, il doit concerner d’un côté l’ensemble des terroristes opérant au Sahel et de l’autre l’entièreté des pays et organisations engagées dans la lutte contre eux.
Il faudrait désespérer d’un tel scénario dans un délai prévisible.