Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Education
Article
Education

L’Ecole Malienne en question: La faillite d’une gouvernance !
Publié le jeudi 12 mars 2020  |  L’aube
Marche
© aBamako.com par Sissoko
Marche des syndicats de l`éducation signataires
Le Mercredi 11 mars 2020. Bamako. Les syndicats de l`éducation signataires ont marché pour exiger l`application de l`article 39 de la loi 007 du 16 janvier 2018
Comment



L’école malienne se meurt. Entre grèves à répétition et manifestations d’enseignants et des scolaires, le sort de l’école se joue désormais dans les rues à Bamako et dans certaines grandes agglomérations du pays. Pendant ce temps, plus de 750 écoles ont été fermé dans le Centre du pays, sous la pression des groupes terroristes qui y règnent en maîtres. Grèves, manifestations, pressions de groupes armés… l’école malienne est aujourd’hui menacée dans son existence à cause de l’incapacité notoire du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta.

La crise actuelle déclenchée depuis la rentrée d’octobre a connu ces dernières semaines une montée d’adrénaline avec des manifestations de rue à Bamako et à l’intérieur du pays. Un mouvement de protestation que soutiennent plusieurs couches sociales. En effet, le collectif des syndicats des enseignants signataires du 15 octobre 2016, après plusieurs grèves dont une en cours, ont battu le pavé, le jeudi, 24 janvier 2020, à Bamako et dans plusieurs localités(les capitales régionales, les cercles et arrondissements). Les manifestants exigent l’application immédiate de l’article 39 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018 portant Statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale.
Le bras de fer continue ainsi entre les enseignants grévistes et le gouvernement. Déjà en 2019, l’année scolaire avait été longtemps perturbé par une grève des enseignants. Ce mouvement avait fait planer le spectre d’une année blanche. Finalement, en mai, un accord avait été trouvé entre le gouvernement et les syndicats de l’éduction du 15 octobre 2016. 8 points d’accord, 1 point d’accord partiel, 1 point concédé par les syndicats. Sur les dix points de revendication des enseignants, les 8 points d’accord sont : l’octroi d’une prime de documentation, l’octroi d’une prime de logement, l’adoption immédiate du projet de décret portant plan de carrière du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale en Conseil des ministres ; la finalisation du processus de régularisation administrative et financière des sortants de l’ENSup (nouvelle formule) au même titre que ceux de l’ENI et IPR¬IFRA (ainsi que toutes les grandes écoles : ENI, IPR-IFRA, ENETP, conservatoire Balla Fasseké,…) ; l’application effective et immédiate du Décret N°2016-0001/P-RM du 15 janvier 2016, fixant les conditions et les modalités d’octroi de l’indemnité de déplacement et de mission ; la relecture immédiate du Décret N°529/P-RM du 21 juin 2013, portant allocation d’indemnités au personnel chargé des examens et concours professionnels en ses articles 1,2 et 3 ; l’intégration dans le corps des enseignants du personnel non enseignant en classe ; l’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux de l’Etat. Le point concédé est l’organisation sans délai de l’élection professionnelle du secteur de l’Education et la création des organes prévus par le décret N°2018-0067 P-RM du 26 janvier 2018,fixant les modalités d’application du statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale. L’accord partiel est relatif l’annulation des Décrets n°2018-0800/P-RM du 19 octobre 2018, fixant les attributions spécifiques des membres du Gouvernement et n°2018-0801/P-RM du 19 octobre 2018, portant répartition des services publics entre la primature et les départements ministériels.

Cet accord avait permis la reprise des cours. Mais 4 mois plus tard, les enseignants grévistes accusent le gouvernement de ne pas tenir ses engagements. Les enseignants en colère dénoncent : « le mépris de la part du Premier ministre, Chef du Gouvernement et ministre de l’Economie et des Finances pour les enseignants du Mali ; la légèreté et le laxisme du Gouvernement lors des négociations visant nos préavis de grève ; le refus manifeste du Gouvernement du Mali d’appliquer une loi de la République du Mali; le non-respect des engagements pris par le Premier ministre, le 04 octobre 2019 et des instructions du Président de la République, le 05 octobre 2019 à l’occasion de la célébration de la journée Mondiale des enseignants au palais de Koulouba, la menace du Premier ministre, de remplacer les enseignants de la Fonction publique et de procéder à un nouveau recrutement d’enseignants ». Au-delà de cette dénonciation, les syndicalistes maintiennent le mot d’ordre de grève. Et ils affichent leur détermination à poursuivre le mouvement.

L’incapacité de l’Etat
L’école malienne est prise en tenaille entre les feux croisés des revendications estudiantines – les plus virulentes – et celles de plusieurs groupes syndicaux tels que les syndicats enseignants, les collectifs de vacataires et le regroupement des promoteurs d’écoles privées. En plus, l’Etat brille par son laxisme. En effet, l’Etat fait preuve non seulement d’un manque o d’imagination, mais de fermeté pour gérer la crise.

D’autre part, l’État n’a jamais donné l’impression de posséder une capacité réelle de gestion prévisionnelle de la crise. Il a le plus souvent été réduit à faire le « pompier ».
En outre, les problèmes d’administration sont légions : C’est l’une des conséquences de l’éducation de masse!!!!Le niveau de l’éducation malienne ne fait que régresser. N’importe qui est autorisé à ouvrir une école tant que les moyens financiers sont au rendez-vous. Si la responsabilité de la baisse du niveau des élèves maliens est partagée entre les acteurs de l’école, notamment les autorités, les enseignants et les élèves eux-mêmes, la démission des parents d’élèves de leur rôle de suivi est également souvent pointée du doigt.
« L’enseignement ne devrait pas se limiter aux salles de classes. Il y a des parents d’élèves qui ne veillent pas sur leurs activités à la maison, les travaux à domicile que les professeurs donnent, par exemple. La plupart des élèves ne sont pas du tout encadrés à domicile », souligne Mohamed Doumbia, un parent d’élève.
Un constat partagé par Ali Bah, enseignant, selon lequel certains parents d’élèves ont carrément abandonné leurs enfants dans les études.
« Un parent d’élève peut passer une année pleine sans mettre un pied dans l’école de son enfant pour s’enquérir de sa situation scolaire. C’est extrêmement grave, parce que l’enfant jouit d’un certain laisser-aller qui joue sur son rendement », déplore-t-il.
Pour lui, pour rehausser le niveau de l’élève malien, l’État doit carrément revoir le système éducatif. « Il faut une spécialisation des élèves très tôt. Cela ne sert pas à grand-chose d’encombrer l’élève avec beaucoup de matières pour qu’au final il soit dépassé et ne retienne rien », pense M. Bah.
Mémé Sanogo
(L'Aube 1117 du lundi 27 janvier 2020)

CENTRE ET NORD DU MALI
Plus de 750 écoles fermées : Les djihadistes règnent en maîtres
Pendant qu’à Bamako et certaines localités du pays, l’année scolaire est perturbée par des grèves, au Centre et au Nord, le constat est alarmant. En effet, plus de 900 écoles sont fermées au Centre et au Nord à cause de l’insécurité depuis l’éclatement de la crise de 2012. Les djihadistes livrent une chasse contre les écoles dites classiques. Profitant souvent de l’absence des forces armées, les groupes armés brulent les écoles, menacent le personnel enseignant, diffusent (dans les mosquées) des messages de propagande et réclament « la fermeture des ‘’ écoles classiques’’ au profit des écoles coraniques (Medersa).
La région de Mopti a le taux de scolarité le plus bas (24%). A cela, s’ajoute l’insécurité dans le Macina (Delta du Niger). Les écoles sont plus affectées dans les CAP de Djenné et de Ténenkou. De nos jours, plus de 142 écoles sont fermées, avec des centaines d’enseignants et élèves affectés en raison des menaces et de la psychose qui règne dans ces localités.
Au même moment dans la région de Tombouctou, des centaines d’enseignants communautaires attendent toujours leurs subventions de l’année dernière. Ils demandent également « la prise en charge de leur sécurité ». Cette requête intervient alors que la semaine dernière, des présumés djihadistes ont proféré des menaces dans certaines localités du cercle de Niafunké, pour interdire l’ouverture des écoles.
Entre temps, Suite à l’incursion des présumés djihadistes dans les Communes de Madina Sacko, Boron et Toubakoro la semaine dernière, l’inquiétude plane sur la rentrée scolaire. Selon des sources locales, les présumés djihadistes ont dit qu’ils sont prêts à croiser le fer avec les autorités nationales si les lois telle que définies dans le Coran ne sont pas appliquées. Les populations appellent les autorités à sécuriser les écoles pour une année scolaire apaisée.
La menace djihadiste touche aussi la région de Ségou où, le dernier cas remonte dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, à Néguébougou dans l’académie d’enseignement de Farako. Sur place les responsables scolaires tirent la sonnette d’alarme et lancent un appel pressant aux autorités à « prendre des dispositions ». Ils demandent la sécurisation de la localité et la réouverture des écoles fermées. Certains enseignants sont contraints de quitter les localités concernées.
Les écoles sont réparties ainsi qui suit : 17 à Farako, 11 à Niono et 2 Saro dans la région Ségou. Sur les 32 écoles fermées l’année dernière, 2 ont pu rouvrir cette année. Cette situation perdure depuis 2017. « Les présumés terroristes qui ont fermé ces écoles menacent la population et imposent leurs idéologies. Ils brûlent les manuels scolaires », nous explique le Directeur de l’académie d’enseignement de Ségou.
Selon le responsable scolaire, les enseignants dans ces localités sont redéployés dans d’autres zones où la sécurité est moins tendue. Il ajoute : « les assaillants imposent l’arabe comme langue d’étude. Cette situation nuirait gravement au fonctionnement normal de l’école », regrette-t-il.
« Aucune patrouille, ni dispositions sont prises au niveau de ces localités. Et les assaillants se promènent impunément dans la localité », dénonce le responsable.
La commune de Farako, située à 40 Km de Ségou, enregistre le plus grand nombre d’écoles fermées. Le Syndicat des enseignants de la localité se dit « inquiet ». Les enseignants sont victimes de menace à tout moment. Cette situation les empêche d’exercer en toute quiétude. Certains sont obligés de quitter les lieux par peur de représailles.


Commentaires