Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a publié, le dimanche 8 mars 2020, un communiqué via son canal officiel de communication «Az Zallaqa». Le groupe djihadiste dirigé par Iyad Ag Ghaly a, dans ce communiqué authentifié par plusieurs experts sécuritaires, exprimé sa disponibilité à dialoguer avec le gouvernement du Mali pour mettre fin à sept ans de conflit sanglant, selon l’agence mauritanienne al-Akhbar.
Le GSIM pose comme condition au dialogue, le départ des forces françaises et des soldats onusiens de la MINUSMA. Le groupe, rapporte al-Akhbar, «dit répondre à la demande des “populations opprimées” qui, à travers des manifestations et sit-in, “réclament la fin de l’occupation française” et le départ de l’armée française Barkhane et des forces onusiennes».
Le départ des forces étrangères n’est pas une nouvelle revendication du GSIM. La reformulation de cette exigence renforce davantage les plus sceptiques qui pensent que l’offre de dialogue formulée par les plus hautes autorités maliennes à travers le Président de la République et son Haut-représentant est une perte de temps. Et pourtant, la réponse du GSIM est un pas en avant.
Il y a de la marge à dialoguer avec Iyad Ag Ghaly et son lieutenant Amadou Kouffa. Des canaux existent encore pour atteindre les deux hommes, traqués jour et nuit par la force française Barkhane. A Kidal ou à Mopti, il existe encore des personnalités qui peuvent parler avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa afin qu’ils acceptent de s’engager sans condition dans la voie du dialogue.
Le Haut-représentant du président de la République pour les régions du centre, Pr Dioncounda Traoré, est un homme habile qui compte aller au-delà d’Iyad et de Kouffa, pour mettre au centre du jeu leurs éventuels parrains, c’est-à-dire ceux qui tirent les ficelles. «Au fait, que veulent négocier les Maliens ? Ceux qui ne savent pas ce que l’on peut négocier avec Iyad Ag Ali et Amadou Kouffa ne sont blâmables que lorsqu’ils se dressent contre toute volonté de régler les problèmes par le dialogue. Ils ne savent pas quoi négocier, ils sont pardonnables. Quel homme sensé peut en vouloir à celui qui ne sait pas ? Mais s’ils ne savent pas, qu’ils se taisent et laissent ceux qui savent et à qui on a confié la tâche de négocier de le faire», a souligné Pr Ali Nouhoun Diallo dans une récente contribution largement diffusée par les organes de la place.
Convaincre la France de donner une chance à ce processus de dialogue
Le plus grand défi pour le président Ibrahim Boubacar Kéïta et ses soutiens africains est de convaincre la France de donner une chance à ce processus de dialogue. Au-delà de l’Algérie, il faudra nécessairement plaider auprès des Etats du Moyen-Orient qui soutiennent, à travers d’importants moyens, les groupes djihadistes. Il faut mettre tout en œuvre pour récupérer Iyad et Amadou Kouffa afin d’isoler les leaders d’AQMI et de l’Etat islamique au grand Sahara. Une position défendue depuis plusieurs années par le Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA) de l’actuel ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé Dramé.
L’une des forces des chefs djihadistes d’origine étrangère réside dans les alliances qu’ils ont su tisser au niveau local pour faciliter leur intégration. Le jour où Iyad et Amadou Kouffa s’engageront dans un processus de dialogue, ces chefs djihadistes deviendront vulnérables, donc faciles à combattre. Déjà, Al-Qaïda au Maghreb islamique, né du changement de nom du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a subi plusieurs coups durs suite à l’élimination de certains de ses leaders par les militaires français. L’émir de l’Etat islamique au grand Sahara, El Sharaoui, ce mercenaire venu semble-t-il du territoire du Sahara occidental sous le contrôle du Maroc, est en train, selon plusieurs spécialistes, d’étendre son influence au centre du Mali, le terrain de prédilection d’Amadou Kouffa. Latente, la guerre de leadership qui pourrait éclater entre eux peut être une chance pour le dialogue.