Cette question mérite d’être posée pour qui connait la volonté affichée du président d’honneur du parti ADP- Maliba de jouer un rôle privilégié sur l’échiquierpolitique national. Pour arriver à ses fins, le richissime homme d’affaires et son parti ADP devront marcher sur le chef de l’opposition en titre,Soumaila Cissé de l’URD. L’un des multiples enjeux des législatives prévues les 29 mars et 19 avril 2020 sera sans doute ce duel à distance puis qu’il sera presque impossible pour chacun de ces 2 partis de chiper la majorité au RPM dans l’hémicycle.
Promesse du président IBK, l’institutionnalisation du poste de chef de file de l’opposition est devenue une réalité dans notre pays. En effet, dans un souci d’ancrage démocratique, le président IBK avait promis de doter l’opposition d’un statut à travers son chef. La loi n° 2015- 07 du 4 mars 2015 qui institue un chef de file de l’opposition ayant pour vocation le suivi de l’action gouvernementale ainsi que les critiques objectives et constructives pour permettre le renforcement de la démocratie. Cette loi confère des avantages : mise à disposition du chef de file de l’opposition d’un cabinet de 4 assistants, 1 attachéde cabinet, 1 secrétaire particulier (qui auront les mêmes avantages que les chargés de mission et les secrétaires particuliers des cabinets ministériels). Aussi, un personnel d’appui sera à la disposition de celui qui sera désormais le patron de l’opposition politique malienne. Les avantages financiers s’élèvent en termes de budget à la somme de 500 millions Cfa selon la loi, même si Soumaïla Cissé a récemmentrévélé que finalement c’est 474 millions qui lui ont été destinés pour les besoins de la cause.
Depuis son retrait de la majorité présidentielle et son implantation progressive sur l’ensemble du territoire national, agrémenté par la 3e place obtenue par son candidat,Aliou Boubacar Diallo, à l’élection présidentielle de 2018 avec 250 167 voix soit 7, 95%, l’ADP- Maliba lorgne le fauteuil de chef de file de l’opposition et à juste raison. Mais comme on le rappelle souvent, entre vouloir et pouvoir, coule un océan. La pertinente question est de savoir si Aliou Boubacar Diallo a les moyens d’évincerSoumaïla Cissé de ce poste politico- institutionnel de luxe ? En attendant de connaitre cette réponse, il est bon de savoir ce que disent les textes : « l’opposition politique est représentée par un porte- parole qui prend le titre de chef de file de l’opposition politique». Comment est-ilchoisi ? Les textes sont encore explicites à ce niveau «le parti politique déclaré dans l’opposition, ayant obtenu le plus grand nombre de députés à l’Assemblée Nationale au cours des dernières élections législatives, désigne en son sein le chef de file de l’opposition politique». Sur des questions d’intérêt national ou de la politique étrangère, le président de la république ou son premier ministre peut consulter le chef de file de l’opposition.
En application de ces textes et en fonction des listes de candidatures des partis de ces 2 leaders, il est préférable d’attendre la fin des législatives avant de se prononcer. ADP- Maliba et l’URD ont respectivement 38 et 52listes de candidatures sur 55 circonscriptions électorales et sont en liste commune (ADP- URD) dans 5 circonscriptions : La Commune II à Bamako, les villes de Kayes et Keniéba dans la région de Kayes, Dioïla dans la région de Koulikoro puis Yanfolila dans la région de Sikasso. Les 2 mastodontes de l’opposition sont candidats dans leurfief respectifs :Aliou Boubacar Diallo à Kayes et Soumaïla Cissé à Niafunké.