La campagne électorale pour les législatives des 29 mars et 19 avril 2020 bat son plein. Depuis plus d’une semaine, les candidats sont à la ‘’chasse’ des électeurs. Pour les convaincre de voter pour eux afin de leur permettre d’accéder à ‘’Bagadadji’’, Place de la République. Dans leur sillage et autour d’eux, la ferveur n’est pas encore manifeste. Ce n’est pas non plus la ruée vers les centres de retrait des cartes d’électeurs. Ce qui fait planer le risque d’un faible taux de participation sur le scrutin.
Si à Sikasso, Kayes et Bamako, les prétendants peuvent se déplacer en toute sérénité, ceux des autres régions n’ont pas cette liberté de mouvement. Une candidate de l’Union pour la République et la démocratie (URD), Mme Kéïta Oumou Tounkara, voulant se rendre à Nara, sa circonscription électorale, a fait l’objet d’un braquage de la part d’individus armés non identifiés. Les candidats des régions de Tombouctou, Gao et Kidal ont besoin d’être aéroportés par la MINUSMA afin qu’ils puissent atteindre au moins les chefs-lieux de leurs circonscriptions électorales.
A la différence de 2013, les opérations de vote ne peuvent pas se dérouler dans plusieurs localités des régions de Mopti, Ségou et Koulikoro, occupées ou constamment sous la menace des groupes djihadistes, ou en proie aux affrontements intercommunautaires. Le gouvernement de la République du Mali et ses partenaires de la MINUSMA et de Barkhane ne sont pas en mesure de garantir le déroulement du vote dans ces localités où les habitants ont d’autres priorités que de se rendre aux urnes.
Pour éviter des contestations post-scrutin pouvant déboucher sur la violence ou des affrontements sanglants, le gouvernement à travers le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et les acteurs politiques devraient passer en revue les zones où les opérations de vote ne peuvent pas réellement se tenir. Et cela sous l’arbitrage de la société civile.
«Gouverner, c’est prévoir»
En outre, les autorités compétentes devraient éviter de confier le matériel électoral à des groupes dont la neutralité est sujette à caution. Car, des candidats et leurs soutiens viendraient crier à la fraude et au bourrage des urnes. Ils dénonceraient la partialité de l’administration et le silence de la Cour Constitutionnelle face à ce que certains n’hésiteraient pas à qualifier de cas avérés de fraudes électorales.
«Mieux vaut prévenir que guérir», dit-on. Dans un contexte caractérisé par des grèves à répétition dont la plus nuisible sur le climat social est celle des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, le gouvernement doit renforcer sa capacité d’anticipation. «Gouverner, c’est prévoir».
Le Front pour la Sauvegarde de la démocratie et la Plateforme “Anw ko Mali dron” ont déjà fait part de leurs inquiétudes quant à la tenue de ce scrutin sans pour autant appeler au boycott. La plateforme “Anw ko Mali dron” estime que la tenue des élections législatives à ces dates conduirait à l’exclusion des populations vivant dans les zones sous occupation des groupes et milices armés et des nouvelles circonscriptions. Grand, estime-t- elle, est le risque de raviver des tensions entre communautés et de créer des frustrations. «Il importe de ne pas occulter ou minimiser le risque de nombreuses contestations débouchant sur une autre crise postélectorale après celle de l’élection présidentielle de 2018 », a fait savoir la Plateforme “Anw ko Mali dron”.
Pour leur, part d’autres forces politiques, comme la SADI de Dr Oumar Mariko, ont demandé sans détour le report du scrutin.