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"Fiers" mais "découragés", les Maliens de France votent dans la confusion
Publié le dimanche 11 aout 2013  |  AFP


© AFP
Deux associations de Maliens en France reçues dimanche à l`Elysée
Deux associations représentant la communauté malienne en France seront reçues dimanche à 9H00 à l`Elysée pour un entretien, consacré à la situation au Mali, avec le cabinet de François Hollande, "qui passera les voir" ensuite, a indiqué samedi la présidence de la République.


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BAGNOLET (Seine-Saint-Denis) - "J’arrête, je ne vote plus, j’en ai marre", s’énerve Moussa. Deux semaines après un premier scrutin chaotique et malgré quelques améliorations, la confusion régnait toujours dimanche devant le consulat du Mali à Bagnolet pour le second tour de la présidentielle malienne.

"Je suis fier d’être Malien, mais là je vais rentrer chez moi", poursuit Moussa. Autour de lui, d’autres électeurs découragés acquiescent.

Il raconte: "je me suis levé à six heures pour aller voter à Villejuif. Arrivé là-bas, on me dit que je dois venir au consulat. Une fois à Bagnolet, on me dit de retourner à Villejuif". "Je ne vais pas courir toute la journée, ça suffit", dit-il, sa carte d’électeur en main.

Comme d’autres Maliens présents en ce dimanche matin devant le consulat général, il a l’impression que "c’est fait exprès". "On ne veut pas que les gens votent ?", s’interroge-t-il, au bord de la crise de nerfs.

Devant le consulat, deux agents quelque peu débordés orientent les électeurs vers le bon bureau de vote. Parfois le ton monte, lorsque certains, après une longue attente, sont envoyés ailleurs en région parisienne, tantôt à Créteil, tantôt à Aubervilliers ou à Champigny-sur-Marne.

Mais malgré quelques tensions et cafouillages, la situation semblait plus calme que lors du premier tour, où de nombreux bureaux de vote avaient fermé sans préavis, provoquant une pagaille générale.

"Il y a toujours quelques problèmes d’organisation", reconnaît tout de même Ramata Coulibaly, membre de la commission qui supervise les élections. "En une semaine, tout ne pouvait pas être résolu", ajoute-t-elle avant de filer en taxi vers l’ambassade.

Malgré un parcours du combattant semé d’embuches administratives, Lassina Togola lui n’a pas obtenu sa carte d’électeur à temps. "J’aurais voulu voter mais je ne peux pas. Je voulais voir comment ça se passait. C’est quand même plus calme qu’au premier tour", affirme ce partisan d’Ibrahim Boubacar Keïta, le favori du scrutin.

Bamako-sur-Seine
Dans la ville voisine de Montreuil, centre névralgique de la communauté malienne en France et parfois surnommée "Bamako-sur-Seine", l’organisation semble en revanche mieux rodée qu’il y a deux semaines.

Dans le bureau de vote installé à l’intérieur de la mairie, les listes électorales - classées dans l’ordre alphabétique cette fois-ci - sont affichées aux murs. Six isoloirs accueillent les votants qui arrivent dans le calme et au compte-gouttes. Une femme, enveloppée dans un drapeau malien, discute avec quelques compatriotes devant l’entrée.

Bouna Camara, 30 ans, vit en France depuis douze ans. "Il n’y a pas assez de monde par rapport au premier tour", regrette-t-il. "Les gens ont dû être découragés par la pagaille".
Pour lui, il était très important de venir voter, pour mettre fin aux longs mois de chaos qui ont traumatisé le Mali, depuis une offensive rebelle touareg dans le nord du pays, suivie d’un coup d’Etat, d’une occupation du nord par des groupes liés à Al-Qaïda et enfin une intervention armée étrangère initiée par la France.

"Il faut dégager les hommes politiques corrompus. Dans la justice, l’éducation, tout est corrompu. Il nous faut du changement, quelqu’un de sérieux et honnête", dit-il, juste après avoir trempé son doigt dans une encre indélébile, prouvant son vote. "C’est pour l’avenir du pays".

dif/at/bg

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