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Mali : à Kadji, des islamistes sous surveillance
Publié le dimanche 11 aout 2013  |  lejdd.fr




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A Kadji, le déroulement de l'élection présidentielle a été particulièrement surveillée. Selon l'armée malienne, la ville reste un bastion de l'islamisme radical.

Comme une volée de moineaux apeurés, les femmes toutes de noir vêtues se sont égaillées à la vue du véhicule étranger. Revenues des champs, que le début de la saison des pluies n'a pas encore totalement inondés, elles ont rabattu le voile pour recouvrir leur visage avant de se réfugier dans les vastes maisons de banco du village. Elles ne sont plus réapparues de la matinée. C'est la règle à Kadji, même depuis que les forces maliennes ont réinvesti l'endroit : les femmes ne se montrent pas en public et seuls les hommes s'adressent aux hommes. C'est donc au centre du quartier, adossé à l'école coranique, que les notables reçoivent. Tous ont peu ou prou le même profil : un keffieh rouge autour de la tête, une barbe fournie, le pantalon coupé au-dessus de la cheville.

Wahhabisme, la règle depuis quarante ans
Kadji est une localité située en face de Gao, la principale ville du Nord-Mali, à 1.200 km de Bamako, la capitale. Longtemps, son quartier de Dar Salam ne fut qu'une curiosité : un lieu où le wahhabisme, version rigoriste de l'islam importée des pays du Golfe, est la règle depuis quarante ans. En janvier 2012, quand les islamistes s'emparent de Gao, Dar Salam se lie au Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest). Les djihadistes y recrutent de nouveaux combattants. "C'est vrai que nous avons accueilli le Mujao, reconnaît le chef du quartier, Hafizou Almahadi. Nous partageons la même religion et nous n'étions pas d'accord avec ce qui se passait à Gao, l'alcool, les prostituées…" De nombreux enfants du village rejoignent le mouvement. Comme le fils de Souleyma Houda, 60 ans : "Il voulait gagner de l'argent. Il s'est vite rendu compte que les djihadistes ne le paieraient pas et est revenu au bout d'un mois." D'autres y sont restés et ont participé aux attaques contre Gao qui se sont déroulées après la reprise de la ville par les troupes françaises et maliennes.

L'imam fut, quant à lui, l'un des juges du tribunal islamique de Gao. Hafizou Almahadi tente pourtant de minimiser leur rôle : "Nous n'étions pas d'accord avec eux pour imposer la charia par les armes." Bocana Hamadou, le chef du village de Kadji, vénérable vieillard opposé depuis toujours aux wahhabites de Dar Salam, n'en croit pas un mot : "C'est faux. Des Afghans, des Pakistanais, des Mauritaniens vivaient chez eux. Certains se sont même mariés avec leurs femmes." Du côté des troupes françaises basées à Gao, on affirme que l'on continue à "surveiller" de près les habitants de Dar Salam.

Après l'opération Serval, le village a été ratissé par les soldats maliens. Bon nombre de ses habitants ont été arrêtés. Certains sont aujourd'hui revenus, à l'image de l'imam et du chef de quartier. Ce dernier jure qu'il a tiré un trait sur l'année écoulée. Il votera aujourd'hui, "parce qu'on veut le changement, que le Mali aille de l'avant".

La peur des représailles
Mais derrière les discours de bonnes intentions perce la peur des représailles et le peu de confiance dans les autorités. Kadji illustre, à sa manière, la difficulté pour le Mali de se réconcilier. Une commission nationale sur le sujet a bien été créée, mais elle reste une coquille vide. À Kadji, rien n'a été mis en place pour qu'un dialogue s'instaure. "Jusqu'à récemment, les gens de Gao nous regardaient mal et nous accusaient d'être des terroristes", affirme le chef du quartier. Le chef du village, lui, assure que les wahhabites le menacent encore en lui disant : "Vous verrez, quand les Français ne seront plus là, nous vous ferons payer!"

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