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«Si vous n’étudiez pas, nos enfants viendront vous gouverner» IBK serait-il toujours dans cette logique ?
Publié le mercredi 18 mars 2020  |  L’express de Bamako
Interview
© aBamako.com par A.S
Interview du président IBK
Koulouba, le 8 août 2017. Le Président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubakar KEITA a accordé à la presse une interview sur le sujet du projet de la révision constitutionnelle.
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Tous fort Premier ministre à l’époque, l’actuel président de la République, suite aux incessantes manifestations estudiantines de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), en 1998, avait laissé entendre une petite bête qui avait suscité colère et indignation dans l’opinion nationale: «Si vous n’étudiez pas, nos enfants vont étudier et ils viendront vous gouverner ici…». Plus de vingt (20) ans après, avec le recul, le président Ibrahim Boubacar Kéita serait encore dans cette logique ? La question se pose avec acuité, car cela fait des mois qu’un bras de fer oppose le gouvernement et les syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016, avec comme victimes expiatoire, de pauvres enfants maliens condamnés à fréquenter les rues en lieu et place des salles de classe.

En cause, la non-application de l’article 39 de la Loi portant statut du personnel enseignant qui stipule que «Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général des fonctionnaires s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’enseignement fondamental, secondaire, de l’éducation préscolaire et spéciale».

Une revendication qui fait suite à la majoration de 20% octroyée au
fonctionnaires régis par le statut général et autres contractuels de l’État. Le statut en question émane d’une loi votée à l’Assemblée Nationale et promulguée par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita.

Tout étant question de droit, peut-on vraiment en vouloir aux enseignants ? N’est-ce pas que c’est bien un engagement auquel le gouvernement a souscrit ? Dès lors, comment peut-on exiger aux enseignants de faire face à leur devoir, quand on n’est pas soi-même capable de faire face à ses devoirs ? Voici en effet autant de questions que se posent les maliens ! Des questions qui, nous l’avons maintes fois souligné ici, mettent à nu un paradoxe qui confond le gouvernement de Dr Boubou Cissé et légitime l’action des enseignants au sein de l’opinion !
En effet, le gouvernement, bien que les principes républicains lui imposant le devoir de s’assumer, jase dans des argumentaires selon lesquels l’application de l’article 39 du statut de l’enseignant engendrerait une incidence financière de près de 60 milliards de FCFA. Une somme pourtant pas assez pour les enseignants qui sont loin d’être des citoyens de second zone, pas assez pour la restauration de la crédibilité de l’État du Mali, qui passe désormais pour être un «État qui ne respecte ses engagements», et pas assez pour l’avenir de millions d’enfants maliens qui se voient ainsi spolier d’un de leur droit constitutionnel, le droit à l’Éducation !

Le comble à un si haut niveau aura été la volonté du gouvernement de recruter 15.000 enseignants volontaires sortants des Instituts de formation des Maîtres (IFM) pour suppléer les enseignants grévistes, le temps de pouvoir parvenir à un compromis avec ces derniers !
À vrai dire, il s’agit là d’un stratagème visant à mettre de côté les enseignants grévistes durant le reste de l’année, sinon les contraindre par l’usure et par la diète à reprendre la craie, histoire de gagner du temps. Une solution de rechange pour le gouvernement qui peine à faire son chemin, les volontaires en question étant empêchés à intégrer les classes, et par les enseignants grévistes, et les élèves eux-mêmes !


À l’intransigeance des syndicalistes et à l’irresponsabilité du gouvernement, vienne se greffer l’indifférence des Maliens… Ainsi, peut-on schématiser la situation qui prévaut actuellement sur l’espace scolaire malien ? En personne ne semble s’indigner de cette situation, car à ce jour encore, aucune organisation de la société civile, aucun parti politique, aucun parent d’élève n’a en réalité pris à bras-le-corps la situation des millions d’enfants maliens privés de l’école !
À part quelques actions isolées, somme toute des déclarations sommaires du bout de lèvres venant de quelques responsables politiques de l’opposition, tout le monde semble être complètement désintéressé de l’avenir des enfants du Mali !

Quelques actions courageuses, il y en a aussi, comme celle venant de Moussa Diarra, un élu du parti présidentiel, disons un ancien élu du parti présidentiel, qui s’indigne de la situation qu’il qualifie de «faux débat»: «Le problème opposant les enseignants au gouvernement est un faux débat. Pour moi, on ne doit même pas parler de cette affaire. Tout le monde sait comment une loi est prise à l’Assemblée nationale. Soit le gouvernement fait un projet de loi, soit l’Assemblée fait une proposition de loi. C’est le gouvernement qui a amené le projet de loi du statut particulier des enseignants à l’Assemblée Nationale.

Au moment où les députés votaient la loi à l’Assemblée Nationale, le gouvernement a défendu le dossier, montrant que cela serait une bonne chose pour la revalorisation du corps enseignant. Maintenant que la loi est votée, et que le statut est en vigueur, il faudra l’appliquer… Tout le monde sait que le gouvernement n’a pas raison».

Quid donc des leaders religieux, somme toute des «faiseurs de roi» qui peuvent, en un claquement de doigt, faire ce que nul ne peut imaginer ! La preuve : il aura suffit qu’ils toussent pour que la République éternue, et que le président Ibrahim Boubacar Kéita consente à se défaire de son Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maiga, s’entend, celui-là même qu’il croit encore tout devoir ! De quoi devons être fiers encore, si l’avenir de nos enfants, et partant celui de notre pays, devient un simple fait banal digne de mépris ? Les maliens doivent se lever et exiger la reprise des cours, à défaut, la religion du président sur la question est connue de tous !
K.S
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