Le Mali tournera-t?il aujourd'hui les pages sombres de son histoire récente? C'est ce qu'espère la grande majorité des sept millions d'électeurs appelés à voter dimanche pour le second tour de l'élection présidentielle. Pas sûr que les chiffres historiques de participation du premier tour (près de 50% le 28 juillet) soient cette fois-ci battus. La faute à une campagne terne et sans vraie confrontation entre les deux candidats, Soumaïla Cissé et Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK. Les deux hommes, vieux routiers de la politique malienne, ont, il est vrai, attendu jusqu'à mercredi dernier la proclamation officielle des résultats et la confirmation de l'organisation d'un second tour. Difficile, à quatre jours du scrutin, de lancer une campagne digne de ce nom. Qui plus est en pleine fête de l'Aïd, qui marque la fin du ramadan.
Un pays économiquement exsangue
Mais c'est surtout l'idée que les jeux semblent déjà faits qui a marqué ces dernières semaines. Difficile d'imaginer une défaite d'IBK au vu des résultats du premier tour (39,8% pour lui, contre 19,7% pour Cissé). D'autant que l'ancien Premier ministre a vu 22 des 27 candidats du 28 juillet le rallier pendant l'entre-deux-tours. Il a aussi reçu le soutien des autorités musulmanes, dont l'influence est grandissante. Le favori semble suffisamment sûr de sa victoire pour avoir dénié à son adversaire le droit à un débat télévisé.
Le vainqueur aura la lourde tâche de relever un pays politiquement divisé et économiquement exsangue. L'urgence sera notamment de conclure un accord pérenne avec les rebelles touareg du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad), qui souhaite obtenir une autonomie sur une partie du Nord-Mali. Plus largement, il s'agira pour le prochain président de réconcilier une population qui, après avoir connu en un an une occupation islamiste dans le nord et un coup d'État à Bamako, reste encore traumatisée.