On assiste à un phénomène jamais observé dans l’histoire syndicale du Mali, de l’indépendance à nos jours. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) tente de combattre l’octroi d’avantages aux enseignants grévistes. Selon un membre de la direction de l’UNTM qui s’exprimait lors de la présentation du bureau syndical d’une société de gardiennage, ce que les enseignants demandent est une erreur.
Pour ce membre de l’UNTM, les enseignants n’ont pas tort mais le gouvernement aurait dû leur expliquer les textes qui montrent que l’article 39 ne peut pas être accordé aux enseignants immédiatement. Plus loin, il ajoute que si on accordait ce que les enseignants demandent, ce corps sera le mieux doté de la fonction publique malienne comme si ceux qui éduquent nos enfants ne méritaient pas de s’enrichir.
Après cette déclaration anti confraternelle, on peut se demander si l’UNTM n’est pas en train de poser des actes qui pourraient se retourner contre elle. En effet, les enseignants qui constituent la majeure partie des fonctionnaires maliens représentent un poids non négligeable. Même si le bureau de l’UNTM est entre les mains de fonctionnaires venant d’autres corps professionnels, les déclarations tendancieuses de ses dirigeants portent le germe d’un conflit à venir.
Par ailleurs, l’attitude de certains responsables de l’UNTM qui tentent de saboter le combat des enseignants grévistes est du jamais vue. Comment comprendre que des responsables ayant toutes leurs facultés se permettent d’émettre des opinions visant à faire échec à la lutte de travailleurs réclamant l’amélioration de leurs conditions de vie.
On sait que les enseignants maliens représentent un corps professionnel mal rémunéré malgré l’importance de leur travail. Tout le monde est unanime sur la nécessité de rehausser le niveau de l’enseignement au Mali, ce qui implique que les enseignants doivent se hisser au niveau de leurs confrères de la sous-région. En effet, il est de notoriété publique que les enseignants maliens sont les moins payés de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Dans ces conditions, l’UNTM devrait au contraire se montrer plus solidaire des enseignants qui ne demandent que l’application d’une loi. Il nous revient que de personnalités hauts placés dans le directoire de l’UNTM sont en manœuvre pour nuire aux enseignants. De mémoire d’homme, on n’a jamais eu connaissance dans le monde de syndicalistes qui cherchent à mettre des bâtons dans les roues d’autres syndicalistes cherchant à vivre mieux. Il est donc impératif pour le premier responsable de la centrale syndicale de s’impliquer davantage pour une issue favorable. Les actions de l’UNTM doivent s’inscrire dans ce cadre, comme elle l’a tout fait depuis sa création. Le cas contraire pousserait beaucoup gens à penser que c’est une volonté inouïe de l’UNTM à faire du mal aux enseignants