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Le Mali en crise a voté sans incidents au second tour de la présidentielle
Publié le dimanche 11 aout 2013  |  AFP


© AFP
Les candidats Ibrahim Boubacar Keita et Soumaila Cissé


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BAMAKO - Les Maliens ont voté dimanche dans le calme au
second tour de la présidentielle, mais moins nombreux qu’au premier tour du 28
juillet, pour élire un nouveau chef de l’Etat qui devra sortir leur pays de
dix-huit mois de chaos.
Le vote, qui opposait deux vétérans de la vie politique malienne, Ibrahim
Boubacar Keïta dit IBK, 68 ans, donné favori, et Soumaïla Cissé surnommé
"Soumi", 63 ans, a été perturbé une partie de la journée par de fortes pluies
dans le sud du pays, en particulier dans la capitale, Bamako.
L’affluence dans les bureaux a été moins importante qu’au premier tour, qui
s’était également déroulé dans le calme, ont constaté des journalistes de
l’AFP.
Certains chefs de bureaux de vote à Bamako ont affirmé que la participation
n’atteignait pas la moitié de celle atteinte au premier tour, lors duquel le
taux d’affluence avait été exceptionnel pour le Mali avec 48,98%.
Les fortes pluies du matin ne sont pas la seule explication, selon certains
électeurs.
"Ce n’est pas à cause de la pluie seulement", a déclaré l’un d’eux, Ibrahim
Tounkara, restaurateur. Selon lui, "les Maliens ont compris que le jeu est
déjà fait et qu’IBK va gagner, que ce n’est plus la peine de sortir sous la
pluie pour voter, mais ça peut être préjudiciable à la qualité de l’élection".
"Il faut que la pluie nous laisse accomplir notre devoir civique, c’est
l’avenir du Mali qui est en jeu", déclarait dans la matinée une étudiante,
Mariam Kanté dans un bureau de vote du centre de Bamako.
Les deux candidats ont appelé au "calme et à la sérénité" après avoir voté
dans la capitale.
Selon des témoins interrogés par l’AFP depuis Bamako, dans les grandes
villes et régions administratives du nord du pays - Gao, Tombouctou et Kidal
-, le vote s’est également déroulé sans incidents, en dépit de la crainte
d’attentats de groupes jihadistes qui ont occupé et terrorisé ces régions
pendant neuf mois en 2012.
"Il y a un engouement pour ce second tour" à Gao, a déclaré Ousmane Maïga,
membre d’un collectif de jeunes de la ville.
A Tessalit, ville de la région de Kidal (extrême nord-est), berceau des
Touareg et de leur rébellion où la participation avait été très faible au
premier tour, la pluie a provoqué de fortes inondations il y a deux jours et
les opérations de vote ont commencé "timidement", selon une source
administrative dans la zone.
Un réseau de quelque 2.000 observateurs maliens indépendants s’est réjoui
dans un communiqué du bon déroulement du scrutin, notant cependant que moins
de bureaux avaient pu ouvrir à temps en raison des fortes pluies dans les
régions de Bamako, Koulikoro et Kayes (sud).

Retour à l’ordre constitutionnel

Le second tour de la présidentielle de dimanche doit rétablir l’ordre
constitutionnel interrompu par un coup d’Etat militaire le 22 mars 2012, qui a
précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes islamistes armés liés
à Al-Qaïda.
Le scrutin a été surveillé par plusieurs centaines d’observateurs nationaux
et internationaux et sa sécurité assurée par l’armée malienne, les Casques
bleus de la Minusma et l’armée française.
Ibrahim Boubacar Keïta, fort de son avance de 20 points (39,79% des voix au
premier tour, contre 19,70% pour Cissé), semble largement favori, d’autant
qu’il a reçu le soutien de 22 des 25 candidats éliminés au premier tour dont
la majorité a obtenu moins de 1% des suffrages.
Mais Soumaïla Cissé tablait sur une mobilisation plus forte qu’au premier
tour et sur un bon nombre de près de 400.000 bulletins déclarés nuls le 28
juillet.
La tâche du vainqueur sera rude, car le Mali vient de vivre la plus grave
crise de son histoire récente qui a laissé exsangue ce pays de quelque 14
millions d’habitants.
Cette sombre période avait commencé en janvier 2012 avec une offensive de
rebelles touareg dans le nord du pays, et suivie du putsch de mars 2012 puis
de l’occupation du Nord par des groupes criminels et des jihadistes qui ont


humilié l’armée et commis de nombreuses exactions avant d’en être chassés en
2013 par une intervention militaire internationale initiée par la France,
toujours en cours.
Le conflit a poussé 500.000 personnes à fuir leurs domiciles, il a accentué
la pauvreté et ravivé les haines entre les différentes communautés du pays,
Touareg et Arabes d’un côté assimilés aux rebelles et aux jihadistes, Noirs
majoritaires de l’autre.
Le nouveau président devra redresser l’économie du pays et entamer le
processus de réconciliation, en particulier avec la minorité Touareg.
Les quelques centaines de milliers de Touareg du Mali vivent
essentiellement dans le Nord désertique, qui a déjà connu plusieurs rébellions
depuis l’indépendance du Mali en 1960: une partie d’entre eux rêve
d’indépendance ou au moins d’autonomie.

bur-stb/cs/jpc

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