Les autorités ont pris des mesures restrictives de prévention contre la pandémie de coronavirus, mais la population peine à respecter ces directives. Si les établissements scolaires et universitaires et les aéroports, les complexes sportifs et culturels se sont pliés à la mesure, tel n’est pas le cas des bars, les cérémonies de mariage, baptêmes.
Le conseil supérieur de la défense nationale a pris des mesures pour prévenir le coronavirus, mais il apparaît que dans certaines communes de Bamako, celles-ci font l’objet d’un niveau de respect un peu satisfaisant.
Les mesures concernent, entre autres, la suspension des vols commerciaux en provenance des pays touchés, à l’exception des vols cargos, la fermeture des établissements scolaires, des bars et restaurants, l’interdiction de se regrouper en grand nombre dans les espace publics et les lieux de culte.
Sur la suspension jusqu’à nouvel ordre, des vols commerciaux en provenance des pays touchés, à l’exception des vols cargos, c’est le gouvernement si on peut s’exprimer ainsi n’a respecté la mesure à la date indiquée. L’application est rentrée en vigueur que le lendemain, c’est-à-dire vendredi 21 mars. En conférence de presse jeudi 19 mars, à la Primature, le ministre des Transports justifiait cette prorogation « afin de permettre aux voyageurs en cours de rejoindre leur destination ». Le ministre a-t-il eu quelle garantie que ses voyageurs dont il a fait allusion ne seraient pas les porteurs du virus ?
La fermeture des écoles publiques, privées y compris les medersas, la mesure a été respectée. Il ne pouvait pas être autrement, puisque les écoles publiques etaient fermées et les établissements publics et privés etaient à 48 heures des congés de Pâques.
Le jeudi 19 mars, d’ordinaire bondée d’élèves et de vendeurs, la devanture du lycée Zena Maïga n’avait rien à envié a d’un cimetière tant l’endroit était calme.
Venu pour récupérer l’acte de naissance de sa fille, Mamadou Diarra estime que la décision du gouvernement d’interdire les attroupements est une bonne chose. A ses dires, l’interdiction permet aussi de protéger les populations et d’éviter la propagation du virus. A peine qu’il s’est confié à notre équipe de reportage, il coïncide avec un cortège de jeunes devant la mairie de la Commun VI.
Beaucoup de ses jeunes ne savent pas qu’il y a eu des mesures de restriction. Cependant, ils ont tout de même salué l’initiative des autorités.
Dans les lieux habituels qui accueillent les séminaires ou autres ateliers : le Palais des congrès, le Palais de la Culture, la Maison des aînés, Maison du partenariat Anger-Bamako, ce n’était pas la chaude ambiance des jours précédents, marquée par des attroupements. Les responsables de ces établissements au moment de notre passage avaient respecté à la lettre la mesure du gouvernement.
Dans les hôtels qui sont des lieux de rencontres, le constat était le même. Aucune rencontre n’était programmée. « On nous a donné des consignes pour dire que les rencontres de plus de 50 personnes ne doivent plus se tenir », a confié un agent d’accueil d’un hôtel de la place.
Sur les lieux sportifs, les responsables des équipes nationales se sont conformés aux vœux des responsables. Aucun match du championnat n’est joué. Tout a été suspendu Pour ce qui est des baptêmes, difficile de faire comprendre aux femmes de ne pas se réunir. Dans de nombreuses familles de la capitale, les baptêmes ont lieu comme si rien n’était. Comme à l’accoutumée, elles etaient plusieurs dizaines de femmes dans une famille Doumbia à faire la fête. « Nous avons entendu qu’il y a une maladie dans certains pays et qui fait des morts », a affirmé F.D, une maman. Elle dit n’avoir pas eu échos des récentes mesures. F.D n’était pas la seule, plusieurs autres femmes etaient du même avis qu’elle.
Les amateurs des bars doivent aussi s’abstenir de fréquenter ces lieux pendant une période minimale de trois semaines. Ces lieux de plaisance et d’oisiveté sont également concernés par les mesures. Le bar « Vieux souvenir » à Faladié Socoro, en Commune V du district de Bamako refusait du monde à notre passage. Comme à ses habitudes quotidiennes, nous trouvons le portier à son poste, les clients fidèles parler de tout et de rien. Assis en train de regarder la télévision, le gérant fait savoir que contrairement à l’annonce du gouvernement, le bar reste ouvert jusqu’à ce qu’il reçoit les consignes du promoteur. Très déçu de l’annonce de fermeture, L. T craint que s’il ferme boutique, lui et les autres travailleurs seront en chômage technique. « Ils nous disent de fermer nos bars, est ce que le gouvernement a pensé à nous compenser ? », s’interroge t-il. A Torokorobougou, dans la soirée de jeudi 19 mars, il n’y avait plus de place dans le bar « Hit parade ». Les bouteilles de champagne et de bière coulaient à flots. « Coronavirus, ça peut pas tuer ?. Est-ce que j’ai l’air de quelqu’un qui a peur de coronavirus », s’interrogeait M. D, la bouteille de bière dans une main et la cigare dans l’autre. Autour de la même table, I.M dès qu’il a su le motif de notre presence, s’est empressé de nous demander : « Monsieur, ici ce n’est pas l’hôpital, allez y poser les questions aux malades de coco…coco…coco », et de finir à ricaner.
Les autorités doivent être regardant sur les transports en commun où il y a trop d’attroupements et de laisser aller.
Le moins que l’on puisse dire c’est que dans plusieurs quartiers de Bamako, les populations semblent fouler au pied les mesures arrêtées par le conseil de défense. Sur une cinquantaine de personnes rencontrées, environ dix seulement semblent avoir entendu les mesures éditées par les autorités. Parmi les personnes approchées, seulement quinze sont conscientes que les mesures d’hygiène corporelles et comportementales peuvent nous éloigner du coronavirus.