Lors d’une conférence de presse, tenue jeudi 19 mars 2020 à la Primature, le Premier ministre a levé toute équivoque quant à la tenue des élections législatives prévues pour le 29 mars et 19 avril prochains.
« Qu’il ait le Coronavirus ou non, nous maintenons la tenue des élections aux dates fixées » : cette déclaration du Chef du gouvernement n’est pas partagée par beaucoup de Maliens.
Certains trouvent que les élections doivent être reportées à cause de la menace et de la gravité de la pandémie. D’autres estiment que ces élections législatives, qui ont fait l’objet de plusieurs reports, doivent se tenir qu’il pleuve ou qu’il neige. Lisez plutôt ces différentes opinions !
Mamady Kaman Kanté, Président
de la jeunesse du parti MODEC
« Le monde entier est en train de vivre une crise sanitaire sans précédent. Le COVID-19 est déclaré comme étant une pandémie par l’OMS. C’est pourquoi des mesures sanitaires sévères sont imposées aux différentes populations du monde. A mon avis, les mesures préventives ne devraient pas être prises en ce moment. On aurait dû anticiper depuis longtemps. On n’a ni les moyens, ni la volonté, ni le plateau technique pour y faire face. Malgré ces mesures que je dirais impopulaires, nous devons coûte que coûte aller à ces élections. Le pays fait déjà face à la guerre contre le terrorisme, contre la mauvaise gouvernance et maintenant contre une pandémie mondiale. Quoi qu’on fasse, on ne peut pas faire grand-chose face à cette pandémie. Pour moi, il faut bien maintenir le scrutin du 29 mars et appliquer les mesures prises ».
Bouraima Traoré, Militant du RPM
« L’heure est très grave et la pandémie du Coronavirus est très dangereuse. Mais le Mali traverse aussi une situation très critique. Alors, à mon avis, ces élections législatives doivent se tenir sinon le Mali va se retrouver dans une autre situation plus grave que cette pandémie. Maintenant, c’est au gouvernement de prendre des mesures pour protéger la population contre la propagation de cette maladie dans notre pays. Il doit veiller et faire en sorte que ces élections se déroulent dans les conditions idoines et dans la transparence. Il doit aussi instruire des mesures exceptionnelles pour le retrait des cartes d’électeurs. Sinon le report serait une grande perte pour notre pays qui n’est pas encore stable à cause de la crise politico-sécuritaire. Ne dit-on pas que face à un pire et un mal, il faut choisir le mal. Donc faisons nos élections ».
Mohamed Sylla, Militant de l’URD
« Vous savez, la vie est plus importante que toute autre chose dans ce monde. Les élections législatives sont aussi, bien entendu, le soubassement de notre démocratie mais si on parle de la politique ou de la démocratie, c’est parce qu’on est en vie et en bonne santé. Cette pandémie a surpris l’humanité et les pays touchés ont pris dans l’immédiat des mesures exceptionnelles pour l’endiguer. Dans cette situation, notre pays ne fera pas exception surtout que nous n’avons pas le système sanitaire adéquat pour faire face à la pandémie. Donc le report des élections législatives face à ce danger n’est pas du tout mauvais. Pour le moment, on peut dire qu’heureusement notre pays n’en a pas connu de cas positif sinon les élections seraient reportées par les électeurs eux-mêmes parce que personne n’osera risquer sa santé en allant voter. Mais je dis que le gouvernement doit être très vigilant en mettant la santé du peuple au-dessus de toute autre chose ».
Dramane Siaka Coulibaly, Enseignant
« Il faut reporter ce scrutin ipso facto. Je pense que si l’autorité est consciente du mal de cette pandémie, le report ne devrait pas faire l’objet d’un débat. En dehors des campagnes électorales, le déroulement même du scrutin appelle à des attroupements considérables. Et à partir du moment où les masses ne doivent pas dépasser les 50 personnes sur place, aucune obséquiosité politique ne doit pousser les autorités à forcer cette organisation. Tout le monde est conscient du mal de cette pandémie. Et aucune Nation à elle seule ne peut y faire face. Alors nous devons veiller strictement à l’application des mesures sanitaires. L’Assemblée est la représentation du peuple. Et on ne doit prendre aucun risque, pour exposer ce peuple à ce virus qui peut tuer plus que les terroristes dans le sahel. Donc l’heure est à la responsabilité et au sens très élevé de patriotisme ».