Jusqu’ici sous le sceau de secret de défense, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune III du district de Bamako, chargé du Pôle économique et financier de Bamako, Mamoudou Kassogué, l’affaire relative à l’acquisition de l’avion présidentiel et à la fourniture des Forces armées maliennes a connu un rebondissement de taille.
En effet, l’ancien ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, non moins ancien directeur de cabinet du Président IBK, Mamadou Camara a été placé sous mandat de dépôt, le 27 mars 2020. Il lui est probablement reproché «une complicité de favoritisme» dans l’affaire des équipements militaires. Un rapport spécial du Bureau du vérificateur général mentionne des irrégularités financières s’élevant à 28,5 milliards FCFA.
Selon le procureur, c’est suivant les instructions écrites du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, que le Parquet a décidé de la réouverture des enquêtes dans l’affaire relative à l’acquisition d’un nouvel aéronef ( avion présidentiel) et à la fourniture aux Forces armées maliennes d’un important lot de matériels d’habillement, de couchage, de campement et d’alimentation (Hcca), ainsi que des véhicules et pièces de rechange. Laquelle affaire avait préalablement fait l’objet d’un classement sans suite. Selon le procureur anti-corruption, les investigations complémentaires menées par la Brigade économique et financière ont permis de conforter les graves manquements à l’orthodoxie financière et comptable, relevés par le Bureau du Vérificateur Général, avec des faits de détournements de deniers publics sur fond d’opérations frauduleuses pour un montant de 9 350 120 750F CFA et de surfacturation par faux et usage de faux pour un montant de 29 311 069 068F CFA.
Les personnes inculpées sont entre entres Sidi Mohamed Kagnassy, Amadou Kouma, Nouhoum Kouma, Soumala Diaby, Mahamadou Camara et Mare Gaffajoli. Comme chef d’inculpation, il leur est reproché de faux en écriture, usage de faux, complicité d’atteinte aux biens publics par usage de faux, autres malversations et complicité de favoritisme.
Par ailleurs, de graves présomptions de faux en écriture, d’usage de faux, d’atteinte aux biens publics, de corruption et de délit de favoritisme pèsent sur Soumeylou Boubèye Maïga, Mme Bouare Fily Sissoko et Moustapha Ben Barka, qui étaient tous ministres au moment des faits. Et pour ceux qui ont commis une violation de procédure, le procureur précise que le parquet a procédé à la transmission des éléments d’enquêtes au Procureur général de la Cour suprême pour saisine de l’Assemblée nationale, conformément aux dispositions pertinentes des articles 613 du code de procédure pénale et 15 de la Loi portant composition, organisation et fonctionnement de la Haute Cour de justice.
Par la même occasion, le Procureur a tenu à rappeler que les personnes citées sont présumées innocentes à ce stade de la procédure et que des investigations objectives, transparentes et diligentes seront menées pour faire toute la lumière dans cette affaire. Le procureur a également profité pour rassurer les Maliens sur l’affaire relative aux avions cloués au sol. En effet, selon lui, les investigations suivent normalement leur cours et feront l’objet d’une communication ultérieure.
Tout porte à croire, en définitive, que de grandes menaces se préparent au sommet de l’Etat même s’il faut pour ce faire défoncée une porte hermétiquement fermée. En plus d’avoir fait l’objet d’un classement sans suite, le dossier comporte de nombreux aspects sur lesquels les juridictions supérieures se sont prononcées.