Au Mali, le métier des armes est demeuré longtemps l’apanage des hommes. En 1974, soit plus d’une décennie après la création de l’Armée malienne, deux femmes bousculent les habitudes : Kani Diabaté et feu Fatoumata Kanipo. Alors diplômées de l’École de médecine, elles sont incorporées comme médecins militaires au compte de la direction centrale des services de santé des armées (DCSSA). Aujourd’hui, le général Kani Diabaté est la femme la plus gradée dans les rangs des Forces de défense et de sécurité.
Onze ans plus tard, en 1985, les FAMa reçoivent le premier contingent de personnel féminin composé de 19 éléments. Un deuxième suivra, une année après, avec un effectif de 21 personnels féminins. Tout comme les hommes, ces femmes ont subi les angoisses de la formation militaire qui, initialement, dispense des enseignements sur les modes de comportement et les valeurs à acquérir pour un soldat.
Les armées (Armée de terre et Armée de l’air) ont, en effet, institutionnalisé la neutralité des sexes, faisant prévaloir le métier et la compétence. En devenant soldat, le genre est relégué au second plan. Et les critères d’accès aux grades des personnels féminins ne se différencient pas de ceux de leurs homologues masculins. S’il y a une différence, c’est bien dans l’engagement au combat. Aujourd’hui encore, bien que l’armée compte de plus en plus de femmes dans ses rangs, l’image type du combattant avec «le fusil sur le dos, prêt à partir au combat» se décline essentiellement au masculin. Seulement deux femmes ont, jusque-là, dérogé à ce principe.
Il s’agit du commandant Berthé Fatoumata Koné qui a été engagée, à sa propre demande, sur la ligne du front dans l’opération Faso de 1994 à 1996 au Nord. L’histoire retiendra également que cet officier, issu du deuxième contingent de l’Armée de terre, est la première femme opérateur de radio à la direction des transmissions. En 2013, le colonel-major Nèma Sagara est aussi engagée sur la ligne du front dans le cadre de l’opération de reconquête des régions du Nord. Sur le théâtre des opérations, elle s’est fait remarquer par sa bravoure.