Le peuple malien a été appelé à se sacrifier dimanche dernier pour la cause des partis politiques. En effet, alors que toutes les voix raisonnables se sont levées pour dénoncer le maintien absurde des élections législatives, le gouvernement, avec la complicité des candidats, ont encouragé le peuple à s’exposer à un danger dont nul ne peut mesurer l’ampleur. Ce que nous savons avec certitude, c’est que le Mali ne fait plus office d’exception. Deux morts et 25 cas confirmés, désormais le pays est touché.
Le gouvernement fait l’apologie du respect des mesures barrières pour tenter contenir l’expansion du mal qui sévit désormais. Il s’investit du mieux qu’il peut mais la contradiction entre les politiques menées ne rassure plus. On sait, en outre, que même les superpuissances mondiales peinent à contenir la pandémie et que toutes les craintes concernent désormais le Continent africain. Nul n’ignore, par ailleurs, que les moyens pour faire face à un tel fléau ne sont pas à notre portée.
Enfin, l’indiscipline collective, les mauvaises habitudes sanitaires et le manque de personnel médical compétent risqueront, que Dieu nous en préserve, de donner une ampleur extraordinaire au mal qui accule le monde entier. On est donc en droit de s’interroger sur les raisons véritables de ces élections. Les excuses avancées, en guise d’explication, ne nous ont pas convaincu. Ils ont en effet manqué l’occasion de montrer l’exemple. Mais le mal est fait! Il faut passer à autre chose.
Le peuple, sacrifié sur l’autel de la démocratie pour satisfaire les partis politiques en quête de légitimité, mérite désormais toute la considération des uns et des autres. Le gouvernement a tiré son épingle du jeu en respectant le calendrier électoral. Les partis, les vainqueurs du moins, en ont eu pour leur argent.
Nous, citoyens maliens, sommes donc en droit d’espérer que la prise de risque de contagion à grande échelle n’ait pas été faite en vain. Nous, citoyens maliens, osons espérer que désormais l’assemblée élue se montrera digne de l’ultime sacrifice consenti par un peuple affamé et en insécurité de toutes natures.
Nous, citoyens, osons espérer que le président de la république, à qui nous avons souverainement confié les rênes de l’Etat, prendra nos préoccupations à bras le corps. Nous attendons qu’il se mette au-dessus de la mêlée et surtout des querelles partisanes, pour enfin exercer, avec toute la clairvoyance et la fermeté requises, le pouvoir au nom du peuple et pour le peuple. C’est un souhait que le peuple ose réitérer. Oui, nous osons espérer et attendons tout cela… légitimement !