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Rokia Traoré : ‘’Mépris de la souveraineté du Mali, des droits d’une Malienne et de sa fille’’ !
Publié le jeudi 2 avril 2020  |  Le challenger
Rokia
© AFP par VALERY HACHE
Rokia Traoré
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Dans un communiqué de presse en date du 31 mars 2020, l’artiste internationale, Rokia Traoré, s’exprime sur la situation qu’elle vit actuellement.
«Entre l’injustice et la violence de ce que je vis depuis plus d’un an, mon seul repère et source de force restaient mes enfants. Merci à tous de l’espoir que vous m’apportez à présent par votre soutien. Merci !

Il y a des unions bénies et sereines, malheureusement il y en a qui ne marchent pas. Des drames de vie, des mères qui se battent pour leurs enfants, il y en a, et bien évidemment, jamais je ne vous aurais tous importunés avec les problèmes de ma vie privée, les drames de ma seule vie à moi.

Ces problèmes-là, nous en avons tous et nous prenons sur nous et les gérons, nous souffrons, nous relevons et nous avançons encore ou pas…

Mais il est inadmissible qu’au mépris de dégâts injustes dans la vie de femmes et d’enfants, les systèmes de justice européens cautionnent la violation de toutes les règles de souveraineté d’États africains, en niant, entre autres, la validité de leurs décisions de justice.

Si la Belgique peut encore utiliser le mandat d’arrêt européen pour détruire une mère africaine afin uniquement de l’amener à leur livrer injustement son enfant métisse malienne-belge, possédant les deux nationalités et ayant toujours vécu au Mali, il faut alors nous avertir si nous devons retourner aux époques des chants et poèmes d’esclaves, de Martin Luther King, ou celles de Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Frantz Fanon, Nelson Mandela…. ces époques de combats pour rendre claire la notion d’égalité des races, des peuples du monde.

Parmi les 32 infractions pouvant justifier l’émission d’un mandat d’arrêt européen ne figure pas la «non représentation d’enfant» dont je suis accusée. Dans le mandat d’arrêt émis par la Belgique, ils ont donc requalifié en : «enlèvement, séquestration et prise d’otage». C’est un mensonge !

Le principe de l’interprétation stricte des infractions en droit pénal a été violé mais l’accusation «d’enlèvement, séquestration et prise d’otage» a permis de me classer dans la catégorie des grands criminels traqués par le mandat d’arrêt européen, interpellés en sortie d’avion par une équipe de six policiers, mis en garde à vue et extradés vers le pays émetteur européen dans les plus brefs délais.

Une telle loi, le mandat d’arrêt européen d’une si grande violence utilisé ainsi, permettant un tel irrespect des droits de l’Homme, souligne une inquiétante tendance à l’expression d’une suprématie et d’une toute puissance européenne à l’égard de l’Afrique qui mérite questionnement et demande de clarification.

Tous les grands drames d’oppression, d’asservissement, de maltraitance du monde : l’Esclavage, la Shoah, la Colonisation, l’Apartheid…..toutes ces grandes violations des droits de l’Homme ont commencé et se sont développées sur la base de lois absolument officielles, déclarées légitimes et de règles acceptées, respectées et appliquées sans égard aucun pour les peuples qui subissaient.

C’est ainsi que j’ai des craintes, au-delà de ma détresse personnelle, lorsque je constate qu’il est entendu et normal pour la justice française, dans le cadre du «grand mandat d’arrêt européen» qu’une mère de famille africaine, honnête travailleuse en charge seule de deux enfants, n’ayant jamais été auparavant impliquée dans des problèmes avec la justice, soit traquée, traitée comme une criminelle, extradée en Belgique.

Dans le traitement de ce dossier précis, l’attitude raciste de la justice belge est claire, elle est méprisante de la souveraineté d’un état africain, des droits d’une femme et d’une enfant africaines vivant en Afrique» !

Rokia Traoré

Auteure en Théâtre et Musique

Compositrice en Musique

Directrice de divers projets artistiques

Fondatrice de la fondation culturelle Fondation Passerelle au Mali

Paris, le 31 mars 2020


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