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Couvre-feu à Bamako : Tout se passe bien
Publié le lundi 6 avril 2020  |  L’Essor
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Globalement, le couvre-feu est bien respecté. Mais certains compatriotes pris dans la nasse se font embarquer dans les commissariats avant d’être relâchés le lendemain




Ce vendredi, une demi-heure avant le couvre-feu, les automobilistes appuient sur le champignon pour regagner leurs domiciles. Idem pour les motocyclistes et autres usagers de la voie publique. Tous sont pressés de rentrer pour ne pas avoir affaire aux équipes de patrouille déployées sur le terrain. C’était la course contre la montre.
Les images humiliantes des citoyens malmenés par les agents de patrouille partagées sur les réseaux sociaux, notamment sur WhatsApp et Facebook, en rajoutent à la peur de nos compatriotes. Ces vidéos tournées dans des pays voisins et ailleurs ont même suscité un tollé au sein de l’opinion.
Les échanges glissent régulièrement sur le couvre-feu et sur les rumeurs d’une brutalité policière à l’égard de ceux qui se seraient laissés prendre dans la nasse. Information vérifiée ou pas, on sent une peur diffuse chez nos compatriotes.
Ceux-ci, en tout cas certains, vivent un dilemme parce qu’ils n’apprécient guère d’être contraints à rester à la maison, mais ils appréhendent aussi une éventuelle propagation du coronavirus qui défie tous les systèmes de santé. L’horloge tourne et affiche 21 heures. C’est l’heure du couvre-feu. Les rues sont désertes et les commerces fermés, y compris les stations-services… Les couche-tard sont mis au pas et renoncent à leurs virées nocturnes. L’atmosphère bon enfant qui sévit d’habitude dans la capitale a laissé place à un silence de cathédrale.
Les agents de force de l’ordre sont déployés sur les grandes artères de la ville et même à l’intérieur des quartiers. Au niveau du monument de la Paix, nous avons rejoint les équipes après leur traditionnel briefing. Elles reçoivent de nouvelles instructions leur interdisant d’avoir des écarts de langage ou de comportement pour ne pas écorner l’image des forces de sécurité. Ces instructions sont consécutives à la plainte d’un usager comme le précisera le superviseur général du jour, le commissaire Santigui Kamissoko.
Le temps est à l’action. Les policiers posent des barrières des deux côtés du pont Fahd. Un chauffeur de taxi tombe dans le filet. Il se voit retirer les documents de son véhicule de transport avec des explications claires sur la possibilité de retirer le lendemain sa carte grise au niveau du Groupement mobile de sécurité (GMS). Il obtempère et passe chemin.

LAISSEZ-PASSER-D’autres automobilistes arrivent après lui et subissent la même rigueur. Tous se confondaient en excuse avec des explications qui ne semblaient pas tenir la route aux yeux des éléments des forces de sécurité. «On ne sanctionne pas sur place. On leur retire les documents des véhiculent qu’ils pourront retirer au niveau du GMS», explique le major du check-point. Les seuls documents autorisés après l’heure sont les laissez-passer délivrés aux journalistes, agents de santé et autres corps.
Des équipes mixtes de policiers et gardes étaient déployées sur divers endroits stratégiques, notamment au niveau des trois ponts qui relient les deux rives. Quelque temps après, notre équipe de reportage chemine avec la patrouille du superviseur général. Celle-ci passe devant certains coins huppés des secteurs de Djélibougou et de l’Hippodrome.
Les night-clubs «Biblos» et «Ibiza» sur la route de Koulikoro renvoyaient un calme inhabituel. Les rues étaient complètement vides. Par endroits, quelques curieux regardaient au loin la patrouille traverser leurs localités. D’autres contrevenants prenaient leurs jambes à leur cou à la vue des véhicules de patrouille. Les motocyclistes, les plus malheureux étaient pris au piège et embarqués avec leurs engins dans les commissariats. À une heure avancée de la nuit, la ville s’est enveloppée de son manteau calme. Sur ces entrefaites, la patrouille arrive à Djicoroni Para. Dans les rues quasi désertes de ce quartier, des jeunes étaient regroupés dans un «grin». Pourchassés, ils donnèrent aux éléments des forces de sécurité un aperçu de leur talent d’athlète. Au niveau du quartier de Bolibana, en Commune III, même constat. Les automobilistes et motocyclistes brillaient par leur absence. Dans son communiqué de presse, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile instruit ses hommes à sensibiliser sans réprimer. Les contrevenants interpellés, après avoir passé la nuit dans les commissariats, auraient été sensibilisés puis relâchés. Mais de source policière, cela va dépendre de l’agent verbalisateur.

Tamba CAMARA

Source : L’ESSOR
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