L’un des foyers de propagation de la maladie à coronavirus, très contagieuse, pourrait être le secteur du transport. Pour la simple raison que ce secteur regroupe et met en contact des personnes de différentes localités. Il lie les quartiers, les villes voire les pays. Pour diminuer le risque de propagation de ce foyer, le ministère des Transports et de la Mobilité Urbaine a imposé certaines mesures aux transporteurs et chauffeurs. Mais, force est de constater que l’application de ces mesures pose d’énormes problèmes.
Le coronavirus est une maladie contagieuse qui se transmet entre humain à travers divers moyens dont le contact ou à une distance de moins d’un mètre. Or, le secteur du transport est un lieu de rassemblement, de regroupement, de contact. Donc très favorable à la propagation du virus. En plus, il peut même transporter la maladie d’une localité à une autre. Alors, pour éviter le pire, le ministère des Transports et de la Mobilité Urbaine a pris des mesures restrictives concernant le secteur. Il s’agit entre autres de l’arrêt du trafic international ; la fermeture des Gares internationale ; l’adoption des mesures sanitaires par les chauffeurs ; la limitation à moitié du nombre de passagers indiqué sur la carte grise des véhicules (bus, minibus) ; la limitation du nombre de passagers à trois y compris le chauffeur (taxis, particuliers).
Ainsi prises, quand est-il de l’application de ces mesures ? Pour le savoir, nous sommes partis sur le terrain. Suivez !
Tout d’abord, nous nous sommes rendus au Conseil Malien des Transporteurs Routiers (CMTR). C’est le 1er vice-président Yaya Koïta qui nous a accueillis. Pour lui, l’arrêt du trafic international ; la fermeture des Gares internationales ; l’adoption des mesures sanitaires par les chauffeurs sont exécutés à 100%. Mais, ce qui est la limitation à moitié du nombre de passagers indiqué sur la carte grise des véhicules, il a souligné que son application pose des problèmes et nécessite, selon lui, des mesures d’accompagnement de la part du gouvernement. « Nous ne sommes pas contre la réduction du nombre des passagers mais, il faut des mesures d’accompagnement », a indiqué M. Koïta.
Ensuite, nous nous sommes dirigés aux gares des compagnies Ghana Transport et Africa Star. Le constat est amer. La pandémie semble gravement affectée ces compagnies. Avec un dispositif de lavage de mains au milieu de la cour, la gare de Ghana Transport est presque vide. Le guichetier est seul sans client. L’on voit seulement quelques personnels de la compagnie. Selon Martin Touré, ex contrôleur général de Ghana Transport, la situation est désastreuse à leur niveau. « Avant cette pandémie, nous transportions 55 passagers à bord d’un car. Mais, aujourd’hui, nous avons la peine d’avoir 20 passagers », a-t-il déploré. Par contre, il a demandé un accompagnement de l’Etat. A quelques mètres de là, à la compagnie Africa Star, c’est le même scénario. Gare presque vide, guichets sans client, véhicules garés. Contrairement à Ghana Transport, nous n’avons pas vu de dispositifs de lavage de mains à la gare d’Africa Star.
Autre localité, autre réalité. Nous sommes à railda, bastion des Sotrama, minibus dédié au transport urbain. Si les compagnies Ghana et Africa Star manquent de passagers, ce n’est pas le cas ici à railda. Tour à tour, les Sotrama se remplissent comme d’habitude et prennent leurs destinations. Chacun vaque à ses préoccupations en ignorance totale des gestes barrières.
En face des Sotrama, de l’autre côté de la route, se trouve le bureau des syndicats des chauffeurs des Sotrama où nous avons échangé avec Amadou Koné, Secrétaire général comité Banconi, Secrétaire administratif de la coordination nationale des syndicats et associations des chauffeurs et conducteurs routiers du Mali. Voici la quintessence de ce qu’il nous a confié : « nous n’avons pas été impliqués dans le processus de prise de ces mesures. La réduction du nombre de passagers dans les Sotrama nous cause beaucoup de problèmes. Dans la mesure où nous sommes déjà confrontés à la circulation alternée, au couvre-feu. En plus, les recettes n’ont pas diminué, les tracasseries policières continuent et les routes sont dégradées. Dans ces conditions, comment les chauffeurs peuvent avoir les recettes à plus forte raison de se prendre en charge. Nous avons peur de la maladie mais, si nous ne prenons pas garde, la faim risque de tuer plus que la pandémie. Dans les pays voisins, beaucoup de gouvernements ont pris des mesures d’accompagnement. Mais, ici, le gouvernement se contente de prendre des mesures. Un ventre creux n’a point d’oreille. Nous ne voyons pas ces mesures du gouvernement. Ce que nous voyons, c’est comment nourrir nos familles. Alors, il est nécessaire que le gouvernement engage directement une concertation avec nous et non le CMTR qui ne nous dit rien ».
Comme le secteur du transport, d’autres secteurs se plaignent d’un manque de mesure d’accompagnement du gouvernement. Il n’y a pas longtemps, les médecins demandaient des kits de protections pour faire face à la pandémie. Or, le Président de la république a débloqué 6.300.000.000 FCFA pour faire face au Covid-19. En plus, des opérateurs économiques et d’autres bonnes volontés sont en train de faire des dons. Alors, l’on se demande à quoi ces fonds servent ou vont servir ?