Partout à travers le monde, les écoles sont fermées à cause de la pandémie du coronavirus. Pour mettre les écoliers dans leur droit à l’éducation, l’UNESCO a sollicité auprès des États des cours à distance pour la continuité pédagogique. Notre pays, le Mali, s’attèle à se lancer dans cette aventure.
La continuité pédagogique à travers les cours à distance est une bonne chose en soi. Cependant, sa faisabilité dans les pays comme le nôtre parait utopique. Oui très utopique !
Le premier point de faiblesse est que le taux d’accès à l’électricité au Mali est estimé à 20% et cela est très inégalement réparti. Ce qui rend d’emblée la question de cours assurés par la télévision très difficile, voire impossible. Aussi, dans les endroits où l’EDM n’est pas présente, les machines de l’Amader ne fonctionnent que 6 à 12 heures par jour. Dans certains coins du pays, il est même difficile de capter les radios.
Quant à la couverture téléphonique du territoire, elle reste faible, car la fibre optique et la 3G ne sont pas fonctionnelles dans la plupart des régions de l’intérieur. Ce qui pose la question même de l’accès au téléphone et la qualité de la connexion internet pour le partage de données.
Un autre problème est que même à Bamako, la capitale, socialement, nous n’avons pas encore intégré un apprentissage scolaire hors de l’école, car un enfant qui n’est pas en classe doit contribuer aux tâches de la famille. C’est le cas partout à travers le pays. Pire dans les campagnes d’ailleurs où les travaux champêtres vont bientôt commencer. Qu’en est-il des enfants dont ces villages ou du centre et du nord du pays qui ont été rasés et où il n’y a plus d’écoles depuis quelques années ? Impossible de parler des cours à distance dans ces zones.
À l’université, où il y a encore un peu de chance de sauver l’année, l’État doit, à notre avis, vite aller à l’opérationnalisation des Environnements numériques de travail (ENT), des plateformes permettant de dispenser ou de suivre et même d’interagir avec les professeurs. Et pour réussir cela , il faut une couverture internet de très haut débit pour tous les professeurs et les apprenants.
S’il est vrai que l’UNESCO a promis d’aider les pays , c’est certainement pour bénéficier de ces aides et les orienter vers d’autres secteurs. Notre État semble perdre les pédales. Il risque de sacrifier l’avenir des enfants sur l’autel des intérêts du seul gouvernement, qui semble être blessé dans son orgueil d’avoir échoué à gérer la crise scolaire.
Ce qui fait courir le gouvernement, c’est aussi cette fierté mal placée, un refus de reconnaître son échec dans la gestion de la grève au secondaire et au fondamental. Ils ont été pris de court. Les gouvernants veulent certainement se racheter en brodant une fin d’année impossible.
Non, on ne sauve pas une année de 9 mois avec un mois de cours en présentiel et deux mois de “cours en ligne” ou “par la radio ou la télé”.