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Crash du super tucano à Sévaré : Encore deux innocents lâchement assassinés !
Publié le mercredi 8 avril 2020  |  Le Combat
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de réception d`avions militaires
Bamako, le 11 juillet 2018 à la Base Aérienne 101 de Sénou. Le président de la République a réceptionné 4 avions militaires Super Tucano de fabrication brésilienne destinés à renforcer les capacités de l`armée de l`air du Mali
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À peine a-t-on fini d’enterrer la vingtaine de soldats fauchés à Bamba suite à un assaut terroriste que deux jeunes braves officiers trouvent la mort dans la chute brutale de l’avion militaire qu’ils pilotaient. Dans le tragique accident, le Capitaine Moussa Maïga et le sous-lieutenant Amadou Boubacar Traoré ont choisi de sacrifier leurs vies en tombant sur le terrain plat de l’armée de terre, plutôt que de causer des dégâts autrement plus énormes.




Mourir nous-mêmes plutôt que de tuer un nombre incommensurable des populations, telle a été la difficile et ultime décision prise par les deux valeurs montantes connues pour avoir le respect du serment militaire et l’esprit de sacrifice vissés au coeur. En effet, tous les deux pilotaient des avions depuis 2010 et avaient acquis le rang d’experts en aéronautique parmi les meilleurs de l’armée de l’air nationale. Ce sont donc des professionnels aguerris que l’on ne puisse soupçonner de mauvais manoeuvrage. En regardant d’ailleurs sous tous les angles possibles les vidéos-amateurs réalisées sur le crash, l’on arrive à la conclusion que l’avion s’est retourné en moins de deux secondes, ce qui, de l’avis des experts, n’est pas normal, mais révèle incontestablement des défaillances dans l’appareil, lesquelles défaillances sont difficiles à corriger à partir du ciel. Ce énième accident qui ôta la vie à nos deux officiers rappelle dramatiquement à la mémoire collective la chute brutale, l’année dernière, d’un autre avion du même type sur la place d’armes du camp militaire Soundjata Keïta de Kita, lors d’un exercice banal préparatif du 20 janvier, fête de l’armée nationale. De ces deux tragiques évènements et de tant d’autres, notamment la dilapidation des 1330 milliards de francs CFA au titre de la scélérate loi dite de programmation militaire censée doter notre armée nationale de tous les moyens indispensables à sa mission de défense du territoire national et de sécurisation des populations, en passant par l’achat des blindés qui se révéleront n’être que des cartons, aucune leçon ni aucun enseignement n’ont jamais été tirés. Pile et face, l’enrichissement illicite effréné des tenants du pouvoir continua de partager avec la mort de nos soldats la sombre et désespérante médaille de la nation. Pendant que les proches du pouvoir, leurs femmes et leurs enfants s’en mettent plein les poches, crient et dansent, les militaires et les tiennes quasi font journalièrement le décompte macabre des soldats tombés au front. S’ensuivent des périodes de veuvage et des hordes d’enfants orphelins qui n’ont que Dieu comme tout espoir.Mais le crash du Super Ticano met désormais tous les Maliens dramatiquement face à leur conscience et à l’exigence inhérente à leur citoyenneté. Chacun doit désormais, hommes et femmes, enfants et plus âgés, civils comme militaires, refuser que le pouvoir continue d’assassiner- car il s’agit bien d’assassinats- nos braves soldats par des délinquances financières éhontées au sommet de l’État ou couvertes par lui. Le peuple dans son entièreté doit se mettre debout et exiger que tous les malfrats impliqués dans l’achat des avions militaires poubelles et des blindés cartons soient extirpés des rangs de la société pour être sévèrement châtiés. Est-il normal de laisser en paix des gouvernants, civils comme militaires, continuer à aller acheter des épaves d’engins, de la quincaillerie défectueuse militaire qui mettent quotidiennement en péril la vie de nos concitoyens? Dans le cas du Super Ticano crashé à Sévaré ce mardi, 7 avril, les choses sont suffisamment révélatrices. Le lot d’engins a été acheté au Brésil parce que le pouvoir et ses émissaires savent bien que la corruption est monnaie courante dans ce pays. Toutes les conséquences qui en découlent relèvent donc du fait exprès, voire du flagrant délit. Mais à quelque chose, malheur est souvent bon. Le drame tombe cette fois-ci comme une aubaine pour l’ensemble des Maliens. Le 27 mars, le Procureur chargé du Pôle Économique et Financier jette son filet qui prend dans ses mailles un très proche collaborateur de Ibrahim Boubacar Keïta, justement compromis dans le dossier de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Cette mise en accusation provoque la colère de celui qui fait office de président de la République, et qui cherche coûte que coûte à arracher son protégé des mailles de la justice. Preuve indicative éclatante que le premier magistrat nage aussi dans la fange.

Bakary Bathily

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