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Opérations de paix: double défi pour l’ONU, Covid-19 et maintien des Casques bleus
Publié le mercredi 8 avril 2020  |  AFP
Patrouille
© aBamako.com par Momo
Patrouille de la MINUSMA à Tombouctou
Tombouctou, le 11 Mai 2015, la MINUSMA a procédé aux patrouilles à Tombouctou
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L’ONU est confrontée pour ses 110 000 Casques bleus déployés dans une quinzaine d’opérations de paix dans le monde à un double défi: les protéger de la pandémie du Covid-19 mais surtout éviter que des pays ne retirent leurs contingents.
L’une des craintes est «un effet de débandade» car des pays «peuvent avoir l’inquiétude légitime de dire je ne reste pas dans cet endroit ou je ne laisse pas mes hommes sur place car s’ils sont contaminés, il ne pourront pas être bien pris en charge», résume pour l’AFP un diplomate sous couvert d’anonymat.

En anticipation de l’arrivée du virus dans les pays où une opération de paix est en cours et pour ne pas contribuer à sa propagation, l’ONU a gelé depuis le 6 mars des rotations de Casques bleus dans certains pays, une décision étendue lundi jusqu’au 30 juin et qui s’applique désormais à tous les contingents.
À travers le monde, des mises en quarantaine pour toutes les personnes identifiées positives ont aussi été engagées depuis plusieurs semaines dans les camps abritant des Casques bleus.
Des mesures de précaution ont aussi été prises pour les patrouilles, pour que «les militaires ne se contaminent pas entre eux et ne contaminent pas non plus les populations», indique-t-on au siège de l’ONU où le souvenir de la contamination au choléra de la population haïtienne (quelque 10 000 morts à partir de 2010) par des militaires népalais reste ancré dans les mémoires.
Au-delà de la lutte contre le Covid-19, et alors que l’Afrique où sont concentrées nombre de missions de paix - Mali, Centrafrique, Soudan du Sud, Darfour, République démocratique du Congo... - attend dans les semaines à venir d’être réellement frappée par la pandémie, l’enjeu pour l’ONU est surtout de maintenir la paix.
Les mesures contre la maladie «ont un impact sur les opérations», admet un diplomate sous couvert d’anonymat. Or il faut absolument les poursuivre sauf à devoir affronter «une catastrophe totale si les opérations s’effondrent avec le départ de Casques bleus», renchérit un autre diplomate, aussi sous anonymat.
«Sens de l’éphémère»
Dans cette logique, le secrétaire général de l’ONU appelle depuis le 23 mars à un «cessez-le-feu mondial et immédiat» dans les pays en conflit mais la concrétisation sur le terrain tarde à venir. Sa supplique est aussi un encouragement implicite aux pays contributeurs de troupes à ne pas faire leurs valises.

Mardi, l’Union européenne, important pourvoyeur de policiers et militaires, est venue appuyer ce maintien des troupes dans les missions de paix, en promettant de ne pas rapatrier les siennes.
«Nous voudrions souligner qu’en dépit de la pression que fait peser la pandémie sur nos systèmes, nous restons engagés plus que jamais dans l’action des Casques bleus à travers le monde», souligne ainsi un message adressé au chef de l’ONU.
«Les missions de paix des Nations Unies (...) doivent être en mesure de poursuivre leurs activités en soutien des pays hôtes dans cette période particulièrement difficile», estime également l’UE.
Certains diplomates à l’ONU veulent croire à une réponse africaine à la pandémie qui pourrait «surprendre» l’Occident et faciliter un maintien des Casques bleus.
«Les pays africains sont beaucoup plus préparés psychologiquement et en termes de systèmes sanitaires à des épidémies», note une source diplomatique européenne, en évoquant Ebola et l’épidémie de rougeole massive qui frappe actuellement la RDcongo.
En Occident, «l’homme est devenu suffisant, prétentieux», ce qui explique «son désarroi encore plus grand quand il est confronté à une crise comme celle d’aujourd’hui», abonde un diplomate africain.
«Les Africains sont plus forts en termes de résilience mentale, ont le sens de l’éphémère, la foi en Dieu, le dieu musulman, le dieu chrétien, et cela va être leur force», prédit-il, en se félicitant aussi d’une «solidarité beaucoup plus développée» sur le continent africain que dans le monde occidental.
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