Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a publié, le 20 mars 2020, son rapport trimestriel sur la situation au Mali. Ce rapport de 21 pages met l’accent sur la situation sécuritaire, humanitaire, politique et juridique qui prévaut au Mali. Le rapport évoque également le processus de paix au Mali à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. Le rapport de Antonio Guterres révèle que les civils ont continué d’être victimes d’attaques de groupes terroristes, de violences intercommunautaires, d’engins explosifs improvisés et de banditisme. « Au cours de la période examinée, 266 incidents ont été signalés, au cours desquels 247 civils ont été tués, 119 blessés et 72 enlevés. Plus de 60 % des attaques meurtrières contre les civils ont eu lieu dans la région de Mopti. Au total, 218 personnes ont été tuées dans le centre du Mali entre le 1er janvier et le 4 mars », précise Antonio Guterres dans son rapport.
Les observations faites par le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Antonio Guterres font état du calvaire des civils au centre du Mali dû à l’insécurité. Dans le centre du Mali, Antonio Guterres a fait savoir que les civils continuent de subir les conséquences de l’intensification de la violence au sein des communautés, exacerbée par la présence de groupes terroristes.
« Les civils ont continué d’être victimes d’attaques de groupes terroristes, de violences intercommunautaires, d’engins explosifs improvisés et de banditisme. Au cours de la période examinée, 266 incidents ont été signalés, au cours desquels 247 civils ont été tués, 119 blessés et 72 enlevés. Ce nombre représente une augmentation par rapport à la précédente période de référence au cours de laquelle 200 civils ont été tués dans 269 incidents. Plus de 60 % des attaques meurtrières contre les civils ont eu lieu dans la région de Mopti. Au total, 218 personnes ont été tuées dans le centre du Mali entre le 1er janvier et le 4 mars », a-t-il dit.
A cet effet, il a invité le Gouvernement à poursuivre ses mesures visant à démanteler les milices, tout en redoublant d’efforts pour rétablir l’autorité de l’État de façon à éviter de dangereux vides sécuritaires. A ses dires, le soutien de la Mission reste essentiel pour aider les Forces de sécurité maliennes à protéger les civils.
A l’en croire, l’attaque la plus meurtrière enregistrée a eu lieu le 14 février, lorsque des éléments armés ont attaqué Ogossogou, dans la région de Mopti, tuant au moins 37 civils, principalement des Peuls et brûlant des maisons et des greniers. Ces attaques, dit-il, contre les populations civiles ainsi que les violences intercommunautaires ont entraîné de nouveaux déplacements de populations, notamment vers la Mauritanie, et poussé les administrateurs civils à abandonner leurs postes.
515 anciens combattants vont intégrer au programme de désarmement, démobilisation et réinsertion
Parlant du processus de DDR, il a fait savoir que le 4 février dernier, la Commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion et la Commission d’intégration ont adopté leurs plans stratégiques respectifs pour la période 2019-2023. Conformément à un accord conclu entre les parties signataires, il dira que les commissions ont pour objectif d’intégrer 10 000 anciens combattants dans les services de sécurité. Antonio Guterres a précisé qu’au total, 16 000 anciens combattants seront réinsérés dans leurs communautés grâce au programme de désarmement, démobilisation, réintégration et intégration (DDR).
A l’en croire, il est prévu que les 48 000 combattants démobilisés restants bénéficieront du programme national de réadaptation communautaire. « Jusqu’ici, au total, 352 anciens combattants des groupes d’autodéfense et des milices ont intégré volontairement le programme, qui vise à faciliter la réinsertion dans la vie civile de 3 387 anciens combattants et jeunes vulnérables associés à des groupes d’autodéfense et des milices. Je me félicite de l’accord conclu par les parties signataires pour organiser une phase de « rattrapage » visant à intégrer 515 anciens combattants supplémentaires au titre du programme accéléré de désarmement, démobilisation, réintégration/réinsertion en vue de leur redéploiement dans le nord du Mali dans le cadre des unités reconstituées », a-t-il dit. Par ailleurs, il dira que la situation des droits de l’homme demeurait très préoccupante.
La MINUSMA a recensé 123 cas de violations des droits de la personne et d’atteintes à ces droits. « Les 123 cas portaient sur la mort de 222 civils, la disparition forcée de 20 personnes, 72 personnes blessées et l’enlèvement ou la disparition de 46 personnes. Un peu plus de la moitié de ces cas (62) ont été signalés dans la région de Mopti. Des incidents ont également été enregistrés dans les régions de Gao (20), Kidal (6), Ménaka (14), Ségou (6) et Tombouctou (15) », a-t-il dit. Aux dires de Antonio Guterres, l’impunité est l’un des facteurs aggravants de la violence actuelle au Mali et les auteurs de violence doivent être tenus responsables de leurs actes.
En outre, il a indiqué que la situation humanitaire au Mali reste désastreuse. « Au total, 3,2 millions de Maliens ont eu besoin d’une aide humanitaire en 2019 et ce nombre devrait encore augmenter en 2020. Quelque 1,1 million de personnes sont menacées d’insécurité alimentaire. Pour répondre à ces besoins humanitaires, il faut des ressources supplémentaires. Je demande aux partenaires de fournir toutes les ressources nécessaires au titre du plan d’intervention humanitaire. Un financement adéquat est nécessaire, en particulier avant la période de soudure, pour subvenir aux besoins des communautés les plus vulnérables », a déclaré Antonio Guterres.
Il a signalé que 1 151 écoles ne fonctionnent pas dans le nord et le centre, laissant plus de 330 000 enfants sans accès à l’éducation, et les grèves continues des enseignants empêchent beaucoup plus d’enfants d’aller à l’école pendant de longues périodes. Concernant les élections législatives, Antonio Guterres a indiqué que le 29 février dernier, la Cour constitutionnelle a publié la liste finale des candidats aux élections législatives.
Pour 147 sièges à pourvoir, dit-il, la Cour a reçu 560 listes pour un total de 1 447 candidats, dont 1 021 hommes et 426 femmes. Sur les 560 listes soumises, ajoute-t-il, 546 ont été validées. Le rapport du secrétaire général des Nations Unies met l’accent aussi sur les récentes visites du Premier ministre, Dr Boubou Cissé au nord du pays notamment à Kidal.
Aguibou Sogodogo