Ils se sont engagés à tenir à tout prix les législatives. Ils ont martelé à toutes les occasions de prendre toutes les dispositions pour sécuriser ces élections. Pourtant, savaient-ils mieux que tous les Maliens les enjeux sécuritaires de ces élections. Ils savaient aussi le patriotisme de leur opposant de charme Soumaïla Cissé qui n’hésiterait pas à sillonner Niafunké à la rencontre de ses électeurs. Pourquoi n’ont-ils pas pris le minimum de dispositions sécuritaires dans la circonscription électorale de Niafunké et dans toutes les zones reconnues d’insécurité au Mali ?
Depuis sept ans, le Mali vit sous le registre d’un mensonge politique qui ne dit pas son nom. C’est le pays qui s’enfonce le plus et de plus en plus dans l’insécurité que tous les autres de la sous-région. C’est pourtant les autorités de ce même pays qui montent toujours au créneau pour balayer toute idée tendant à relater la triste réalité que vivent les Maliens : l’insécurité. Le comble, c’est le soutien que leur apporte la Cour constitutionnelle dans cette haute trahison. Et nous en faisons aujourd’hui les frais avec l’enlèvement du Soumaïla Cissé, victime de son patriotisme et de l’esprit républicain qui le guident chaque fois à faire preuve d’humilité et de don de soi pour sauver ce pays.
Pour preuves, sachant le succès de son rival ATT lors d’un premier mandat, Soumaïla Cissé le challenger en 2002 a désisté en 2007 pour accompagner ATT dans sa campagne pour un second mandat que ATT a alors remporté dès le premier tour face à IBK qui ne faisait pas le poids. Soumaïla Cissé a ensuite surpris plus d’un Malien en allant féliciter IBK à domicile juste au terme de la présidentielle de 2013.
Depuis, il a assumé son rôle d’opposant sincère et de patriote convaincu. Il en donnera les preuves dans une interview (signée Christophe Boisbouvier, le 08/05/2019) qu’il a accordée en son temps à RFI.
Soumaïla Cissé, c’est cette forte personnalité politique qui symbolise l’intelligence et le sérieux dans tout ce qu’il fait. Grand homme d’Etat, il a tout donné à ce pays depuis qu’il a abandonné son service en France pour se consacrer à la Nation malienne. Mais nul n’est prophète chez soi. Et on n’est trahi que par les siens. Soumaïla l’a appris à ses dépens. En sa qualité de candidat de l’Adéma à la présidentielle de 2002, il est trahi par le mentor de l’Adéma Alpha Oumar Konaré et ses sbires dont Soumeylou Boubèye Maïga. Et pour la même occasion, celui qui lui devait son soutien au second tour suite à un deal concocté auprès de Bongo, n’a pas honoré sa promesse.
En 2018, également au second tour, il ne bénéficie pas du soutien effectif des nombreux recalés qui pouvaient nous épargner de ce second mandat de trop pour IBK. Ils n’ont aujourd’hui que leurs gros yeux pour pleurer à chaudes larmes. Ils ignoraient peut-être que si Soumaïla refusait d’aller au second tour comme beaucoup l’espéraient, le dernier ou la dernière des candidats sauterait sur l’occasion comme l’avait fait Feu Mamadou Maribatourou Diaby (Paix à son âme) le 11 mai 1997. Et nous entamerions une longue période conflictuelle de destruction de notre pays. Soumi a préféré sauver le Mali, il est parti au second tour, conscient qu’il ne gagnerait point sans le soutien effectif des autres opposants notamment ceux arrivés en troisième (A. B. Diallo) et quatrième positions (C. M. Diarra).
Aussi, lorsqu’il a été question d’ouvrir le gouvernement et de tenir le dialogue politique national, Soumaïla a fait preuve d’une clairvoyance remarquable, sans rancune (voir l’interview) malgré la dose de trahison dans cette affaire et qui a vu l’éclaboussement de la section URD de la commune VI du District de Bamako.
Bref, cet homme exceptionnel et de valeurs sûres vit aujourd’hui dans une situation des plus déplorables. Séparé des siens, éloigné de son monde, il ne mange ni ne boit comme il en a l’habitude. Il ne dort pas bien, il est partagé entre les nombreux soucis qui le hantent. Personne ne sait son état de santé mais sans doute il est déprimé comme tout le monde le serait à sa place.
Soumaïla Cissé ne mérite pas ça. C’est pourquoi la situation interpelle au plus haut degré IBK et Boubou Cissé qui ont poussé le ridicule jusqu’à tenir des élections dans la double insécurité qui prévaut : terrorisme et pandémie de coronavirus.
Alors chères autorités de tous les malheurs, rendez-nous sain et sauf notre opposant de valeur, car c’est l’opposition qui crédibilise la démocratie.
Mamadou DABO