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Quand le Danemark essaie de faire avaler la pilule amère du capitalisme au Mali
Publié le lundi 13 avril 2020  |  agoravox.fr
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© aBamako.com par A S
Signature des conventions à l`Agence nationale d`investissement des collectivités territoriales
Le Mali et le Danemark ont signé des conventions à l`Agence nationale d`investissement des collectivités territoriales (ANICT) en vue de soutenir certaines communes du Mali.
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Reprenons cette affaire de l’aide que le Danemark prétendait apporter au Mali à travers la mise en œuvre du PACEPEP, Programme d’Appui à la Croissance Économique et Promotion de l’Emploi stimulées par le Secteur Privé, qui était appelé à s’étendre sur cinq années (2014-2018), et soulignons aussitôt une nouvelle fois que, selon MM. Guay et Koné qui en analysaient les résultats en juillet 2018, il…
« est une contribution du Danemark à la mise en œuvre du Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté du Mali pour la période 2012 – 2017. » (page 1)

Il s’agissait de la pauvreté dénoncée par le Fonds monétaire international (FMI)… Vraiment ?… Est-ce ce qui passionne ces deux messieurs ?… dont nous ne savons pas encore vraiment qui ils sont…

Rappelons encore que nous ne considérons ici que la « composante 1 » du PACEPEP qui vise, nous a-t-on dit…
« le renforcement de la compétitivité des acteurs du secteur privé malien dans un environnement favorable ». (page i)

Ce n’est donc plus l’affaire de la « pauvreté » qui est en question : c’est celle du développement de la concurrence qui fonde tout simplement le mode capitaliste de production… c’est-à-dire l’exploitation de l’être humain par l’être humain dans le cadre de la liberté d’entreprise…

Quant à leur rôle dans toute cette affaire, MM. Guay et Koné l’ont défini avec toute la précision nécessaire :
« L’objectif principal de cette mission est de capitaliser et de partager l’expérience du PACEPEP sur les financements des PME et projets intégrateurs du secteur de l’agro business en général et dans les filières d’intervention ciblées en particulier. Les consultants ont examiné de près le cycle du projet mis en place, depuis la formulation de l’intérêt du promoteur jusqu’à la mise en place effective des investissements et le suivi post investissement. » (page i)

Il s’agit d’observer le cycle du capital, et de voir ce qu’il recrache en bout de course… Ici, il n’est certes pas question de gros capitaux. Il s’agit d’aller chercher la pauvreté là où elle se cache, et de pousser certains de ceux qui en partagent le malheur à rassembler leurs économies, à monter un projet d’entreprise, à obtenir une aide financière et un soutien technique, à se mettre eux-mêmes au travail, et à réaliser autre chose qu’une faillite…

Autrement dit, et c’est ce que MM. Guay et Koné ne tardent pas à nous redire, il s’agit de…
« permettre au secteur privé de prendre son envol » en s’appuyant bien fort sur la pauvreté environnante… qui pourrait ne pas tarder à se transformer en vagabondage pour les plus malheureux d’entre tous les pauvres… Nous y reviendrons.

Le véritable héros, dont MM. Guay et Koné se font les promoteurs, c’est donc le secteur privé (le capitalisme)…

Essayons de vérifier cela, en étudiant de près leur Rapport qui compte 63 pages, tandis que le terme de « secteur privé » y intervient 37 fois, c’est-à-dire un peu plus d’une page sur deux. Dès la présentation générale (page i), il n’est plus possible d’en douter…
« Le secteur privé est mis en avant. »

Mais la page 1 donne carrément le ton… Il s’agit effectivement de lancer la population pauvre dans les affaires… les bonnes affaires… et ceci sous l’égide du patronat malien…
« La Composante 1, dont la mise en œuvre est assurée par le CNPM, cible un appui au secteur privé pour renforcer sa compétitivité et développer un environnement favorable aux affaires. »

La page 2 se contente de nous répéter mot à mot ce que la page 1 nous avait déjà dit… et que nous commençons à connaître par cœur…
« Le secteur privé est mis en avant. »

Sautons à la page 19 pour y apprendre ceci :
« En terme de pérennisation des activités, l’appui au secteur privé demeure un gage de richesse pour tout pays. »

Comme nous le savons, pour avoir constaté cela dans un précédent article, au bout de deux années de mise en œuvre du PACEPEP par le Danemark au Mali, les projets qui, tout en dépassant 5 millions de chiffres d’affaires, n’atteignaient pas 30 millions ont été soudainement abandonnés… démontrant ce que valent les promesses de « pérennisation des activités » sitôt qu’il s’agit de compter sur « l’appui du secteur privé » !…

MM. Guay et Koné se moquent du monde !… Et de façon particulièrement ignoble… s’agissant de prétendre agir contre la… pauvreté !… qu’on abandonne ainsi au milieu du désert…

Que disent de tout cela les patrons maliens ? Est-ce que cette invasion, jusque dans l’extrême pauvreté malienne, du « secteur privé » dont ils sont eux-mêmes les plus beaux fleurons les enchante ? Qu’en dit, très discrètement, leur syndicat, le Conseil national du patronat malien ? MM. Guay et Koné ne peuvent manquer de le reconnaître :
« À l’heure actuelle, il est difficile de concilier le soutien du CNPM fait par les grandes entreprises et la cible des petites entreprises agricoles faite par le projet PACEPEP. En réalité, très peu de bénéficiaires du projet sont membres du CNPM. » (page 29)

Mais les deux spécialistes ne peuvent renoncer à enfoncer le clou de la montée en puissance du « secteur privé »… Si ce n’est pas du matraquage, cela y ressemble beaucoup :
« Il est cependant de l’intérêt national que le secteur privé, par la structure représentant les intérêts du secteur privé au Mali, le CNPM, accompagne les projets lorsqu’ils interviennent sur le secteur privé. Auparavant, le gouvernement du Mali n’avait pas d’interlocuteurs du secteur privé, sinon le Centre du Secteur Privé, appuyé initialement par l’AFD et la Banque Mondiale. Aujourd’hui, le CNPM se positionne comme un acteur majeur et crédible pour les activités du secteur privé, ayant monté en puissance et géré avec succès un grand projet comme le PACEPEP. » (page 29)

Qui sont-ils donc eux-mêmes ? De quoi, de qui, sont-ils les représentants ?

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