A la faveur d’une rencontre CEDEAO-UA-ONU à Abidjan, la semaine dernière, l’intention a été émise de dissoudre le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE). Le niveau auquel l’idée est nourrie ne peut qu’inspirer de la défiance. Disons qu’en dessous des déclarations de la communauté internationale se trouvent cachées les manœuvres malsaines d’une bourgeoisie malienne en détresse.
L’élan n’est ni plus ni moins qu’un sentiment de mépris qu’on veut entretenir vis-à-vis des gens en uniforme. La tentative avait déjà été faite par la CEDEAO (seule) de casser cet organe ; mais, en vain.
Les raisons sont connues
Le CNRDRE est une inspiration de jeunes en uniforme (tous grades confondus) des corps de l’armée et de la sécurité, afin de tirer leur pays des griffes d’officiers généraux et de politiciens véreux de tous les bords. L’objectif de ces jeunes venus un 22 mars était : de sauvegarder l’intégrité territoriale ; lutter contre la corruption sous toutes ses formes.
Or, nous savons que depuis vingt ans le Mali est à l’école d’une démocratie qui, au lieu d’apporter le bien-être aux Maliens, a servi à justifier le vol, la prostitution, le blanchiment de l’argent sale, le népotisme, la gabegie…Nous ne sommes pas exhaustifs. Retenons que la chute d’ATT est le point de départ d’un processus qui est parsemé d’antagonisme et dans lequel le Mali est désormais engagé.
Il s’agit d’aller à un changement. Ce changement. Tout peut retarder l’échéance pour ce changement, mais rien ne pourra l’empêcher d’être une réalité. Le phénomène est scientifique (sociologiquement) et on ne peut s’en soustraire ni par l’or, ni par l’argent.
Nous savons que la bourgeoisie malienne ne baissera jamais aussi facilement la garde. C’est pourquoi nous pensons que la volonté de dissoudre la ‘’sentinelle’’ du Redressement est suspecte.
Mais, en quoi le CNRDRE gênerait-il la conduite de la transition ?
On ne le sait pas ! Après tant de concessions faites par le CNRDRE pour un climat politique apaisé. Le jeu est compréhensible dans un espace politique comme le nôtre. C’est une bourgeoisie qui est derrière… elle est composée de gros acteurs économiques et de grands fonctionnaires- milliardaires- qui étaient au sommet de l’Etat depuis dix, quinze, vingt années. Ils ne sont pas prêts d’abandonner leur pratique criminelle, or, le seul organe susceptible de les contrarier est ce Comité de jeunes militaires issus du peuple meurtri.
Ainsi, ce qui énerve le plus c’est de parler du capitaine Amadou Haya et de son équipe comme s’ils n’étaient pas, eux, maliens. On peut demander aux membres du CNRDRE de ne pas poser d’acte politique en tant que tel. Mais on ne peut ni ne doit les empêcher de donner leur avis sur la gestion des affaires de la Nation ; ils sont Maliens avant d’être militaires. Ils ne sont pas faits que pour aller en guerre. Du reste, parler de la dissolution du CNRDRE est une attitude d’exclusion, anti-démocratique.
Nous analysons la question au travers de ce qu’elle cache. Vouloir mépriser l’armée de cette façon est une lâcheté que Le capitaine Sanogo et les siens ne doivent pas accepter.