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Scrutin du 19 avril 2020 : Jour d’obsèques électorales au Mali
Publié le jeudi 16 avril 2020  |  L’aube
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© aBamako.com par AS
Premier tour des législatives: Ouverture des bureaux de vote
Bamako 29 mars 2020. A l`instar du couple présidentiel IBK, les Maliens ont voté ce jour leurs députés sur l`ensemble du territoire
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Face à la pandémie du coronavirus qui menace la nation malienne dans son existence même, le Président de la République IBK agit-il toujours en conformité avec l’article 37 de la Constitution relative à son serment où il jure de « remplir ses fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple » ? Rien n’est moins sûr, au regard de son entêtement à s’arc-bouter sur un scrutin législatif propice à la dissémination du coronavirus. L’intérêt supérieur du peuple malien incite-t-il à prendre le risque de l’exposer au coronavirus lors d’opérations électorales frauduleuses ou à plutôt assurer sa protection sanitaire par la mesure préventive de report des élections ? C’est toute la question !
En général quand un dirigeant politique énivré par son pouvoir personnel sombre dans la mauvaise foi et le mépris orgueilleux pour son propre peuple, il lui arrive bien souvent de se confesser. Sans probablement s’en rendre compte, le 10 avril 2020 lors de son discours télévisé, le Président IBK est passé aux aveux : « Le 17 mars dernier, quand nous tenions un Conseil national de défense extraordinaire avec pour seul ordre du jour, la terrible pandémie, notre pays n’enregistrait encore aucun cas. A la date d’aujourd’hui, nous comptons 87 patients infectés au Mali. Ce chiffre, malheureusement, irait crescendo dans les jours à venir… ». Au lendemain du discours du Président, le bilan officiel approximatif avait déjà grimpé à 105 ! Hier mercredi, il n’était pas loin des 200 contaminés. Au cœur de cette montée exponentielle des cas de contaminés au coronavirus, les élections législatives du 29 mars 2020 occupent une place de choix.



Les Maliens indignes d’une protection sanitaire suspensive d’une échéance électorale

En réalité, les vrais résultats de ces « coronalégislatives » étaient connus de tous avant même le 29 mars 2020. Le scrutin était à candidature unique. Les électeurs n’avaient à voter que pour un seul et unique candidat : le coronavirus ! Un seul et unique candidat avec son unique programme de Covid-19, présenté et parrainé par la goinfrerie politicienne du Président IBK et de son Premier ministre Boubou, pour qui les Maliens ne sont pas dignes d’un niveau de protection sanitaire qui soit suspensif d’une échéance électorale. Reporter un scrutin pour préserver la santé des Maliens ? Boubou CISSE avait rassuré : « Covid-19 ou pas au Mali, les élections législatives de mars et d’avril 2020 se dérouleront », avait-il lâché avec une arrogance et un dédain digne d’un autre âge !

IBK et son Premier ministre, comme à un Poker menteur, ont préféré miser gros sur l’exposition de millions de Maliens au coronavirus. Rien que pour permettre à une poignée de pseudos politiciens d’amortir l’argent sale de la corruption électorale des campagnes et surtout de se bâtir une immunité parlementaire et y planquer leurs crimes et délits divers. Comme pour dire que la vie des Maliens ne compte pas. Comme pour dire que seuls comptent, les votes massivement frauduleux de la mascarade électorale du 29 mars 2020. Ces votes ont effectivement compté le 29 mars dernier, avec leur cortège macabre de contaminations au coronavirus que le couvre-feu des mesures cosmétiques et folkloriques de prévention uniquement dédiées à la propagande, n’a pu empêcher de circuler entre les bureaux et centres de vote. A la même vitesse que l’argent sale de la corruption électorale, le coronavirus a effectivement circulé entre les électeurs dans la journée du 29 mars 2020.

Comme il fallait naturellement s’y attendre, la participation électorale sans danger sanitaire n’a été qu’une vaste escroquerie politique du même cynisme que cette autre illusion du taux de participation artificiellement gonflé à bloc à 35, 75%, par pur mensonge d’Etat. La blague absurde de l’alchimie du coronavirus et de l’insécurité faisant booster le taux de participation n’a été qu’une puérilité politicienne de la part du gouvernement.

Au total, c’est à coup d’arrogance, de manipulations et de mensonge d’Etat, que le Président IBK et son Premier ministre Boubou CISSE auront funestement réussi leur coup. Le premier tour des législatives s’est finalement tenu le 29 mars 2020, au prix le plus fort, hors de portée de santé humaine, de nombreux Maliens sans aucun doute contaminés au coronavirus lors des opérations de vote. Alors que les statistiques officielles vraisemblablement tronquées, commencent frileusement à lever le voile sur l’ampleur des dégâts qui se chiffrent en nombres de « cas positifs » naturellement chopés lors de ce premier tour, IBK et Boubou se projettent déjà sur le second tour prévu pour le dimanche 19 avril prochain. Encore une fois, ils promettent une seconde journée d’obsèques électorales aux Maliens.



Un Président aux engagements jamais tenus !

Si le crime d’engagements non tenus de dirigeants politiques existait, il y a belle lurette que notre Président de la République IBK serait condamné à la peine de prison à perpétuité. Depuis son accession au pouvoir en 2013, IBK a rarement tenu ses engagements face aux Maliens. C’est sans doute fort de cette impunité que le Président IBK peut persister dans le verbiage creux de ses promesses jamais tenues. Dans son discours du 10 avril 2020, il déclare sans rire : « Il est de la responsabilité du gouvernement de faire en sorte que lors du second tour des législatives, le 19 avril prochain, toutes les mesures sanitaires et sécuritaires requises soient rigoureusement appliquées. J’y engage le gouvernement ». Rien que des paroles en l’air. IBK aurait-il oublié le sort qui fut réservé lors du premier tour à ses instructions du 25 mars 2020 où il assénait que « les législatives se tiendront dans le respect scrupuleux des mesures-barrières et que le gouvernement fera tout pour que cela soit le cas » ? Dans les faits, on a tous constaté qu’au contraire, le gouvernement a tout fait pour que cela ne soit pas le cas. Si lui ne le réalise pas, car trop éloigné du pays vrai, les Maliens savent parfaitement que son gouvernement n’a rien fait pour que cela soit le cas, sauf bien entendu dans les bureaux de vote réservés à lui et sa famille et aux autres barons du régime. En dépit des innombrables manquements aux mesures-barrières qui ont émaillé le premier tour du 29 mars 2020 dont le discours du 10 avril n’a même pas fait cas, aucune sanction ou menace de sanction n’a été brandie par IBK. Dans ces conditions, quel Malien sera assez naïf et stupide pour croire, comme le dit IBK, que le 19 avril prochain, toutes les mesures sanitaires et sécuritaires requises seront rigoureusement appliquées par le gouvernement ?



IBK seul endossera la responsabilité politique et le fardeau moral face à l’histoire

Lorsque le Président IBK rappelle le zéro cas enregistré à la date du 17 mars 2020 et les 87 patients infectés le 10 avril 2020, il fait preuve de manœuvre dilatoire en se refusant d’en dire plus. IBK ne dit pas qu’entre le 17 mars 2020 et le 10 avril 2020, c’est lui qui a personnellement autorisé la tenue à la date du 29 mars 2020 du premier tour du scrutin législatif qui a favorisé la dissémination à grande échelle du coronavirus. Il est absolument certain, comme cela a été prouvé dans d’autres pays, que le scrutin du 29 mars 2020 a contribué à la contamination de nombreux Maliens au coronavirus. C’est lui IBK seul, et personne d’autre, qui endossera face à l’histoire, tout le fardeau moral de ce premier tour. L’histoire retiendra que c’est lui IBK en tant que Président de la République qui a décidé, en dépit du bon sens, de l’esprit de responsabilité, de la conscience politique et de l’humanisme tout court, d’envoyer comme du bétail électoral, l’électorat malien à l’abattoir du 29 mars 2020.

Les prétextes fallacieux par lesquels il tente de se défausser ne sont que des culs-de-sac. Ils ne le mènent nulle part.

C’est le cas du DNI. Encore une fois, IBK s’est camouflé sous le manteau du DNI qui reste toujours aussi grotesque comme déguisement politique. En aucun cas, l’envergure juridique du DNI n’a pu constituer une camisole de force ni pour IBK lui-même et son gouvernement, ni pour le peuple malien, ni pour personne. Si, comme le dit IBK lui-même, notre histoire « nous enseigne qu’en démocratie, rien ne vaut la pleine légalité constitutionnelle ainsi que le jeu normal des institutions », pourquoi lui en tant que Président constitutionnel se défausserait-il sur une instance informelle du comme le DNI n’ayant aucune « légalité constitutionnelle », ni juridique du reste ? La « pleine légalité constitutionnelle ainsi que le jeu normal des institutions » ne doivent pas être à géométrie variable selon les réflexes de conservation de son propre pouvoir de la part du Président IBK.

Quant à l’histoire de la « forte majorité des partis politiques favorables à la tenue du scrutin », c’est encore une moquerie de plus de la part d’un Président de la République que ses opposants ont qualifié d’autiste. C’est dire combien cet argument paraît léger !

Tout comme le premier tour mais en pire, le second tour du dimanche 19 avril 2020 dont IBK assure seul l’entière responsabilité face à l’histoire, promet une nouvelle vague de contaminations massive au coronavirus. Le second tour va se dérouler avec des matériels et des documents électoraux suffisamment souillés au coronavirus lors des manipulations du premier tour. Ce qui signifiera aussi bien pour les agents électoraux que les électeurs et autres observateurs ou superviseurs, des risques élevés évidents de contaminations massives au coronavirus. En paraphrasant le Premier ministre Boubou CISSE aux propos méprisants, on pourrait presque dire que le second tour des législatives va se tenir même si les cimetières devaient servir de centres de vote. L’essentiel, au premier comme au second tour, étant et demeurant au bout du compte, que la mascarade électorale se tienne. Pour que vive le pouvoir du Président IBK et de son clan familial. Dimanche 19 avril prochain, c’est jour d’obsèques électorales au Mali ! Une journée funéraire.

Dr Brahima FOMBA, Université des Sciences

Juridiques et Politiques de Bamako (USJP)
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